Sam Desimpel
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Pourquoi son père l’a-t-il dissuadé de devenir entrepreneur ? Quels défis rencontrent les jeunes générations de familles fortunées ? Et quelle est sa plus grande crainte ? Sam Desimpel, fondateur et Managing Director de Top Tier Access, répond à ces questions dans un nouvel épisode de notre série de podcasts Le Miroir.

 

Sam Desimpel, de la célèbre famille de briquetiers de Flandre-Occidentale, a fondé Princip.al en 2013. Ce réseau international mettait en relation plus de 1 500 family offices, investisseurs privés, acteurs du capital-investissement et capital-risqueurs issus de 48 pays. Aujourd’hui, cette plateforme a évolué pour donner naissance à Top Tier Access, un véhicule d’investissement spécialisé dans les fonds de capital-investissement et les sociétés de capital-risque.

Bien que Sam Desimpel soit marié à une Anglaise et que ses enfants soient scolarisés dans une école internationale, il reste attaché à ses racines flamandes. « J’ai passé la majeure partie de ma vie à Bruxelles, mais mes racines se trouvent en Flandre-Occidentale. Je voyage dans tout le pays, des quartiers résidentiels de Roulers et Courtrai à ceux de Laethem-Saint-Martin et Brasschaat. Je dis souvent en plaisantant que je vais partout où il y a un garage de voitures de collection dans les parages. »

Top Tier Access

Top Tier Access, qui existe depuis maintenant quatre ans, est un fonds de fonds de capital-investissement. « Nous levons des capitaux auprès de Belges fortunés et les investissons dans dix des meilleurs fonds de capital-investissement d’Europe et d’Amérique du Nord. Ces fonds ciblent des entreprises plus matures, qui génèrent déjà un chiffre d’affaires et des flux de trésorerie. Nous déléguons aux fonds le travail le plus lourd », explique Sam Desimpel. « Les premiers clients de Top Tier Access étaient principalement des family offices qui souhaitaient intégrer le capital-investissement au sein des portefeuilles de leurs clients, mais considéraient que l’offre des grandes banques privées en Belgique ne répondait pas pleinement à leurs attentes. »

Aujourd’hui, l’équipe de Top Tier Access compte sept collaborateurs, qui se consacrent exclusivement au screening des fonds de capital-investissement et entretiennent des contacts étroits avec des gestionnaires de fonds. Les décisions d’investissement sont prises par un comité composé de douze membres. La société investit aussi bien dans de grands fonds renommés pesant plusieurs milliards de dollars, tels que Clayton, Dubilier & Rice, CVC et BC Partners, que dans des fonds plus modestes et moins connus, mais affichant de solides performances.

« Tous les fonds dans lesquels nous investissons partagent une caractéristique commune », explique Sam Desimpel. « Ils appliquent une méthode reproductible pour générer la croissance des entreprises. À cet égard, la cohérence est essentielle. Nous ne sommes pas attirés par les fonds typiques de Wall Street, qui se limitent à analyser des feuilles Excel. Ce sont souvent ces fonds qui subissent les plus gros revers en période de crise. »

Chez Top Tier Access, il est possible d’investir à partir de 250 000 euros, avec un ticket moyen d’un million d’euros. La société est actuellement en pleine levée de fonds pour son troisième fonds de fonds, et prévoit de franchir la barre des 300 millions d’euros de capital levé d’ici la fin de l’année.

eBay

Dans une vie antérieure, Sam Desimpel a occupé le poste de Community Manager pour le site de vente aux enchères eBay. « Mon rôle consistait à écouter les ressentis et les opinions des utilisateurs pour les transmettre à la direction. Inversement, je devais également traduire les messages du management dans un langage compréhensible pour les utilisateurs. En réalité, mon travail actuel n’est pas si différent : il s’agit toujours de mettre des personnes en relation et de garantir une compréhension mutuelle entre les deux parties. »

Avant de lancer son activité, Sam Desimpel connaissait déjà bien le monde des family offices. En 1990, son père et son oncle, Luc et Aimé Desimpel, avaient introduit en Bourse l’entreprise familiale (le groupe briquetier éponyme), qu’ils ont cédée en 1996 au groupe britannique Hanson. « Après cette vente, la famille a commencé à investir, ce qui m’a naturellement conduit dans l’univers des family offices », explique-t-il.

Dans cet environnement, Sam Desimpel a rapidement identifié une demande croissante pour un fonds de fonds. « Mon partenaire et moi sommes entrés presque par hasard dans le secteur du capital-investissement. Nous nous trouvions au bon endroit au bon moment. En écoutant attentivement les besoins du marché (en l’occurrence, les family offices), nous avons pu y répondre. C’est ainsi que nous avons développé le concept et l’avons déployé avec succès. »

Famille d’entrepreneurs

Sam Desimpel est un entrepreneur dans l’âme. « L’entrepreneuriat est ma passion, bien plus encore que le capital-investissement. Pour moi, entreprendre, c’est avant tout mettre des personnes en relation. » Pourtant, bien qu’il soit né dans une famille d’entrepreneurs prospères, il n’a pas été encouragé à suivre cette voie. « Mon père a failli avoir une crise cardiaque lorsque j’ai annoncé que je voulais travailler pour une start-up. Il aurait préféré que je devienne notaire, avocat, ou à la rigueur, banquier. »

Le père de Sam Desimpel connaissait par expérience les défis de l’entrepreneuriat. « Il avait dû faire face aux banques, gérer de lourdes dettes et assumer la pénible tâche de devoir licencier du personnel en période difficile. Le monde de la briqueterie était tout sauf glamour. Il s’agissait d’un secteur cyclique, avec de faibles marges et une forte pression financière. Pour lui, ce n’était pas une voie attrayante. Il me conseillait de privilégier la sécurité et souhaitait que j’étudie, que je mène une vie confortable et que je profite de la vie. L’entrepreneuriat n’entrait pas dans cette vision. »

Abondance d’options

Pour Sam Desimpel, trouver sa propre voie n’a pas toujours été évident. « Je suis loin d’être le seul dans ce cas. Au moins deux fois par mois, un membre de la jeune génération d’une famille fortunée me contacte pour discuter de son avenir, des choix qu’il doit faire. D’un côté, on attend d’eux qu’ils entreprennent ou prennent certaines décisions, mais de l’autre, ils ignorent souvent ce qu’ils veulent réellement eux-mêmes. Ils ont du mal à distinguer leurs propres aspirations des attentes des autres. »

Sam Desimpel tient à souligner qu’il n’exprime nullement une doléance. « Il est indéniablement plus confortable d’être issu d’une famille fortunée que l’inverse. Nous sommes tous pleinement conscients de la chance que nous avons dans la vie. Cependant, l’abondance d’options peut parfois être écrasante. J’en ai moi-même fait l’expérience. »

La plus grande crainte

Sam Desimpel a maintenant trouvé sa propre voie, mais il sent qu’il lui reste encore beaucoup à accomplir. « Ma plus grande crainte est de manquer de temps pour réaliser tout ce que j’ai en tête. J’aimerais écrire un livre, peut-être sur l’histoire. J’ai également de nombreux de voyages sur ma bucket list. Par exemple, je ne suis encore jamais allé au Japon, une des nombreuses destinations que je rêve de découvrir. Heureusement, je suis en bonne santé, mais on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve. »

Un événement récent a rendu cette réflexion encore plus concrète. « Je suis un grand fan du podcast The Rest is History, où je suis également Community Manager dans la chatroom. Au sein de cette communauté, certains membres jouent un rôle actif. Par exemple, une dame coordonnait notre club de lecture, organisait des discussions mensuelles autour d’un livre d’histoire et parvenait parfois même à en inviter l’auteur. Elle avait 50 ans et était mère de cinq enfants, dont plusieurs encore très jeunes. Récemment, j’ai appris qu’elle était décédée subitement. Elle était allée se coucher et son mari l’a retrouvée sans vie dans son lit. Elle avait simplement cessé de respirer. Cela fait vraiment réfléchir. La vie est courte, et il faut profiter au maximum du temps qui nous est donné. »

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