
Sam Hollanders est rédacteur en chef de Smart Capital et fondateur du fonds d’investissement Chess Capital. Pourquoi Superclub et Colruyt ont-ils changé sa vie ? Quelle a été la conversation la plus difficile qu’il ait eue avec ses parents ? Et comment Nyrstar l’a-t-il incité à créer son propre fonds ?
M. Hollanders a grandi entouré d’esprits indépendants. Ses parents possédaient plusieurs magasins d’électronique et de photographie. « Je m’intéressais à tout ce qui pouvait se brancher. C’est tout naturellement que j’ai rejoint l’entreprise familiale. Je n’ai même pas pensé à explorer d’autres passions. J’ai découvert par hasard que j’aimais investir. »
Après ses études secondaires, il a suivi un cours de photographie – nécessaire pour gérer les magasins – et un cours de gestion financière. Dans ce cours, un des enseignants a présenté deux dossiers d’investissement : l’un concernant Superclub, la chaîne de vidéoclubs qui a fait frauduleusement faillite, et l’autre sur Colruyt, qui était alors encore une entreprise en croissance. « C’est ainsi que j’ai appris à distinguer les bonnes entreprises des mauvaises. Et que vous pouvez très facilement investir dans ces bonnes entreprises par le biais du marché boursier. À partir de ce jour-là, j’avais un nouveau passe-temps : investir. »
Entreprise familiale
Pendant 11 ans, Sam Hollanders a travaillé dans l’entreprise de ses parents. « La crise financière de 2008 a marqué un tournant. J’investissais constamment. Mon père m’a demandé si je ne voulais pas faire la même chose pour la famille. En 2008, j’ai décidé de me consacrer entièrement aux investissements. Nous avons gagné pas mal d’argent à cette époque, plus qu’avec les magasins. Ma sœur et moi avons réalisé que nous prenions beaucoup de risques pour un salaire ordinaire. Les adieux ont été difficiles. C’était l’œuvre de toute une vie de mes parents. »
De la lettre d’information au fonds
M. Hollanders a ensuite lancé sa propre lettre d’information sur l’investissement. « Je voulais avant tout avoir la liberté de faire des recherches sur les entreprises toute la journée. » Son travail a attiré l’attention de Smart Capital, qui lui a proposé de devenir rédacteur en chef.
Une nouvelle étape a suivi en 2020 : la création du fonds Chess Capital. L’élément déclencheur a été sa décision de retirer Nyrstar de la sélection des titres, à la suite de signaux inquiétants en Australie. « J’ai vite compris que ça ne tournait pas rond, bien avant que le marché ne s’en rende compte. Certains abonnés n’étaient pas d’accord, d’autres étaient en colère lorsque Nyrstar a dégringolé. Dans ma lettre d’information de l’époque, j’écrivais qu’il était peut-être temps de trouver mon propre Warren Buffett. Peu de temps après, mon partenaire commercial actuel m’a appelé. Nous avons mangé des pizzas ensemble, rencontré nos familles respectives et le courant est passé immédiatement. »
Aujourd’hui, Chess Capital gère quelque 20 millions d’euros. « Pour être vraiment rentables, nous voulons passer à 35-40 millions. Mais nous n’avons pas l’ambition de devenir l’un des plus grands fonds. Nous connaissons tous nos investisseurs en personne. Nous investissons du capital familial. Ne pas perdre d’argent est plus important que de chercher à faire de gros profits. »
Introverti
Pour continuer à se développer, M. Hollanders doit encore surmonter un obstacle. « Ce que personne ne voit, c’est que je suis en fait très introverti. Les grands événements de réseautage me demandent beaucoup d’efforts. Je dois m’y préparer mentalement et m’en remettre par la suite. Avec notre propre fonds, je constate à quel point il est important de disposer d’un bon réseau . Je veux encore m’améliorer sur ce point. »
Écoutez l’intégralité du podcast Le Miroir avec Sam Hollanders et découvrez :
• Ce que son père lui a appris sur l’argent
• Son point faible en tant qu’entrepreneur
• Les obstacles et les frustrations liés à la création d’un fonds
• Pourquoi il ne veut pas percevoir de frais de gestion
• Ce qui l’empêche de dormir
• Comment il parle d’argent à ses enfants