Petits frères des marchés émergents, les marchés frontières recèlent d’opportunités. Y investir ne relève toutefois pas d’un long fleuve tranquille : la liquidité est réduite et les risques politiques et de gouvernance sont nombreux. Les investisseurs semblent surtout se focaliser sur les risques, et leur préfèrent les marchés émergents.
Les pays émergents tels que la Chine, l’Inde et le Brésil se sont fortement développés au cours de la décennie écoulée et prennent de plus en plus d’importance, tant sur le plan économique que géopolitique. Ils se rapprochent ainsi de plus en plus du niveau de prospérité des pays occidentaux. Leurs petits frères, les marchés frontières, n’en sont quant à eux qu’au début de leur développement. Dans de nombreux cas, ils sont eux aussi en plein essor économique, mais partent d’un niveau relativement bas. Pour les investisseurs, cette évolution offre des opportunités.
Mais investir dans les marchés frontières est loin d’être une sinécure. L’accès à leurs places boursières et le peu de liquidité de ces dernières forment autant d’obstacles avec lesquels les investisseurs doivent composer. Ces marchés comportent aussi des risques, notamment politiques, et les normes de gouvernance d’entreprise ne sont pas aussi strictes que celles prévalant sur les marchés développés.
Enfin, les marchés frontières sont en pleine évolution, si bien que le concept a un périmètre variable. Au moment où nous écrivons ces lignes, l’indice MSCI Frontier Markets compte 28 pays ; les cinq plus importants sont le Vietnam (28,4 % de l’indice), la Roumanie (11,2 %), le Maroc (11,1 %), le Kazakhstan (8,8 %) et l’Islande (8,1 %).
Mais ce groupe de pays change régulièrement, en fonction de l’évolution des pays concernés. Ainsi, MSCI, le promoteur de l’indice, a décidé en 2014 de classer le Qatar et les Émirats arabes unis parmi les marchés émergents. Ces deux pays pesaient alors, ensemble, entre 30 et 40 % de l’indice MSCI Frontier Markets. En 2017, ce fut au tour du Pakistan d’intégrer le groupe des pays émergents. Il affichait alors une pondération de 10 % du MSCI Frontier Markets. Depuis des années déjà, des rumeurs circulent sur une promotion du Vietnam. Son départ des marchés frontières réduirait toutefois considérablement la sphère d’investissement.
Aujourd’hui, l’allocation régionale du MSCI Frontier Markets est très différente de celle du MSCI Emerging Markets. En effet, le MSCI Frontier Markets ne compte que quatre pays asiatiques, mais grâce au poids du Vietnam, la région représente tout de même 42 % de l’allocation, contre plus de 50 % pour le MSCI Emerging Markets. En outre, aucun pays d’Amérique latine n’est repris dans le MSCI Frontier Markets, alors que la région représente près de 9 % du MSCI Emerging Markets. À l’inverse, le Moyen-Orient représente près de 30 % du MSCI Frontier Markets, soit trois fois plus que dans le MSCI Emerging Markets.
Si les marchés frontières offrent des opportunités aux investisseurs, ces derniers semblent de moins en moins s’y intéresser, au profit des marchés émergents. L’encours total des fonds ciblant les marchés frontières commercialisés en Europe représentait 100 à 200 millions d’euros en 2008 ; début 2018, il culminait à quelque 6 milliards d’euros. Exprimée en pourcentage, la croissance a été énorme. Pour la remettre en perspective, toutefois, mentionnons que les fonds des marchés émergents affichaient en 2018 un actif sous gestion supérieur à 300 milliards d’euros. Depuis, l’encours des fonds ciblant les marchés frontières a régulièrement diminué, tombant juste sous les 3 milliards d’euros fin août 2023. Sur la même période, l’actif des fonds des marchés émergents a quant à lui légèrement augmenté, dépassant les 330 milliards d’euros. Le nombre de fonds des marchés frontières disponibles en Belgique est aussi très limité, alors que les fonds ciblant des marchés émergents abondent.
Le top 4 de la semaine reprend les fonds de la catégorie Morningstar des actions des marchés frontières, sur la base de leurs performance sur les huit premiers mois de l’année 2023. Seuls ont été sélectionnés les fonds dont les données de portefeuille disponibles chez Morningstar ne sont pas antérieures à trois mois.
Le fonds Schroder ISF Frontier Markets Equity occupe cette année la première place du classement. Les analystes lui ont attribué une notation Morningstar Medalist Rating Bronze, dont le mérite revient en premier lieu au gérant principal, Rami Sidani, qui pilote le fonds depuis fin 2010. Ce dernier connait bien les marchés frontières et sélectionne les titres de manière judicieuse. Il peut s’appuyer sur quatre analystes ainsi que sur les 51 membres de l’équipe des marchés émergents de Schroders, et associe des perspectives top-down et bottom-up.
L’allocation géographique se fait sur la base d’un modèle top-down interne à Schroders. La sélection des titres est quant à elle axée sur les valorisations. Fin août 2023, Arabian Contracting Services affichait la meilleure performance (+93 %), suivie par United International Transportation, Arabian Drilling, Saudi Aramco Base Oil, Emaar Development et Taalem Holdings, qui ont tous gagné quelque 60 %.
BE
Beleggingsfonds | Morningstar Analyst Rating | Morningstar Rating Overall | Total Ret 2023 EUR | Total Ret Annlzd 3 Yr (Mo-End) EUR | Std Dev 3 Yr (Mo-End) EUR |
Schroder ISF Frntr Mkts Eq A Acc USD | Neutral | ÙÙÙÙ | 19,11 | 19,58 | 11,99 |
HSBC GIF Frontier Markets AC | Neutral | ÙÙÙÙ | 17,42 | 23,91 | 12,13 |
Templeton Frontier Markets A(acc)EUR | Neutral | ÙÙÙ | 12,75 | 13,71 | 13,05 |
T. Rowe Price Frontier Mkts Eq A USD | ÙÙÙÙ | 11,23 | 15,65 | 12,70 |