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James Sym (Schroders) estime que le moment est venu de se détourner des secteurs qui ont largement profité de la faiblesse des taux obligataires. Il recommande un positionnement sur compagnies d’assurance, les télécoms et les majors pétrolières.

« Nous observons un changement important par rapport aux années précédente lors des contacts que nous avons avec les entreprises », souligne James Sym (gestionnaire en actions européennes chez Schroders). « De l’Irlande à l’Allemagne, les coûts du travail sont en train d’augmenter plus rapidement que le chiffre d’affaires, de l’ordre de 3 à 4% en rythme annuel ».  Et de souligner que cette constatation fait écho à une enquêté réalisée récemment par la Commission Européenne auprès de 38.000 entreprises. « En 2009, leur principal sujet d’inquiétude était la demande. En 2018, c’est le travail ». 

Point d’inflexion

Il estime dès lors que nous sommes à un point d’inflexion, avec une inflation qui devrait faire son retour de manière marquée durant les prochains trimestres. « La normalisation de la politique monétaire va devoir se poursuivre ». Et dans ce contexte, James Sym estime que l’environnement va devenir moins favorable pour les secteurs qui avaient été portés par le niveau faible des taux souverains. « Les vainqueurs d’hier seront les perdants de demain ; et les perdants d’hier seront les gagnants ». 

Pour les investisseurs en actions européennes, cela signifie que la stratégie d’investissement va désormais favoriser les secteurs qui vont profiter de la hausse de l’inflation et des taux obligataires. « Les valeurs financières, et plus particulièrement les compagnies d’assurances, seront les premiers bénéficiaires de cette tendance, de même que les télécoms ou les majors pétrolières. Ces trois secteurs sont bon marché, et la plupart des gestionnaires sont sous-pondérés. Chez nous, ils représentent actuellement 65% de notre allocation ».

Il est par contre neutre sur le secteur bancaire. « J’apprécie les banques dans des pays où le secteur est déjà fortement concentré, et où les groupes ont été en mesure de compenser la baisse des taux obligataires en augmentant le coût du financement, par exemple en Espagne, en Belgique ou en Suisse. Les risques restent toutefois bien présents, et je ne pense pas investir un jour sur les banques allemandes. Il est aujourd’hui discutable qu’une action comme Deutsche Bank présente un intérêt quelconque pour les investisseurs ». 

Pouvoir d’achat

Enfin, les perspectives du secteur postal sont également favorables. « D’ici deux ou trois ans, la croissance dans la livraison de colis postaux permettra de compenser la baisse du volume postal. Et si les rendements actuels peuvent être maintenus, cela se traduira par une forte performance boursière, avec par exemple pour un groupe comme KPN dont le rendement atteint désormais 10% ». 

James Sym souligne également que les secteurs  exposés à la hausse du pouvoir d’achat des ménages devraient également être bien orientés. « Nous sommes actuellement en train d’étudier certains distributeurs, ainsi que des valeurs de la consommation cyclique comme les producteurs automobiles. Avec un rapport cours/bénéfice de 5, ces sociétés sont très peu appréciées, et valorisation est devenue très attractive ». 

Pour autant, James Sym ne s’attend pas à une dégradation de la croissance européenne, notamment parce que les entreprises vont devoir investir davantage. « Pendant une décennie, elles n’ont pas assez investi, et vont être aujourd’hui obligée de faire plus d’efforts. C’est un besoin qui est aujourd’hui devenu structurel ». Enfin, il souligne que dans un contexte de pressions inflationnistes et de hausse des taux obligataires, il faudra se montrer particulièrement attentifs à l’endettement des entreprises, et ne pas hésiter à réduire ses investissements dans les sociétés à risque. 

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