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Les indicateurs de l’activité économique européenne se sont stabilisés ces dernières semaines, selon Azad Zangana, économiste spécialiste de l’Europe chez Schroders, qui revoit pourtant à la baisse les prévisions de croissance de la zone euro pour cette année et l’année prochaine.

Cette baisse est la conséquence de la nouvelle escalade dans le conflit commercial qui oppose la Chine et les États-Unis. La demande extérieure va s’affaiblir encore davantage et la demande intérieure finira par être affectée elle aussi. La BCE va vraisemblablement proposer un assouplissement de la politique monétaire, mais celui-ci n’aura pas d’impact majeur sur la croissance. Un assouplissement budgétaire serait plus efficace, mais la volonté politique nécessaire à cet effet fait défaut à ce stade, explique Azad.

Faible croissance des exportations

La croissance globale de la zone euro s’est tassée à 0,2 % sur une base trimestrielle. Dans le groupe de tête, on retrouve l’Espagne, les Pays-Bas et le Portugal, tandis que le Royaume-Uni (-0,2 %) et l’Allemagne (-0,1 %) caracolent en queue de peloton. La demande extérieure anémique à cause du protectionnisme croissant plombe les exportations. La demande intérieure reste robuste pour l’instant.

Baisse des prévisions de croissance et d’inflation

Zangana a ramené de 1,2 % à 1,1 % ses prévisions de croissance de la zone euro pour cette année. ‹Pour l’année prochaine, la réduction est significative puisque la prévision de croissance passe de 1,4 % à 0,9 %. Azad Zangana explique cette adaptation par le fait que les échanges commerciaux mondiaux seront considérablement plus faibles dans le futur. L’Europe sera plus touchée par l’escalade du conflit commercial. La situation est particulièrement préoccupante en Allemagne. La croissance de la production industrielle de l’Allemagne a reculé de 4,2 % et se situe à présent 6,3 % en dessous de son pic de novembre 2017. Les chiffres de l’emploi dans le secteur manufacturier restent robustes, mais Azad Zangana s’attend à un revirement de situation. Et les pertes d’emplois finiront par affecter aussi les dépenses de consommation. La prévision d’inflation a également été revue à la baisse. Schroders estime que l’inflation tombera à 1,3 % en 2019 et 2020. Le tassement de l’inflation fait suite à la baisse récente des prix pétroliers.›

La BCE présente un train de nouvelles mesures

Zangana: ‹La détérioration des perspectives n’a pas échappé au Conseil des gouverneurs de la BCE. Ce dernier examine actuellement de nouvelles mesures de stimulation. L’on s’attend à ce que la banque centrale propose une nouvelle série de mesures d’assouplissement. Azad Zangana prévoit une baisse des taux d’intérêt créditeurs qui les fera passer de -0,4 % à -0,5 % en septembre et ensuite à -0,6 % en décembre. Le taux de refinancement reste fixé à zéro et la BCE instaurera un système visant à ce que les banques n’aient pas à payer d’intérêts négatifs sur leurs dépôts à la BCE. Le bas niveau des taux d’intérêt aura cependant une incidence sur la rentabilité des banques. Azad Zangana prévoit par ailleurs un redémarrage du programme de rachat en janvier, avec des achats mensuels de l’ordre de 15 milliards d’euros. L’on s’attend à ce que la BCE assouplisse aussi les règles strictes qu’elle s’était imposées et même le rachat d’actions est désormais une option envisagée.›

Stimulation monétaire peu efficace

La baisse des taux d’intérêt et l’assouplissement quantitatif auront peu d’impact sur l’économie. La faiblesse des taux d’intérêt risque même de faire plus de mal que de bien. Azad Zangana pense qu’un assouplissement budgétaire aurait plus d’effet. L’Europe souffre surtout de la faiblesse de la demande extérieure. La demande intérieure est robuste, mais n’offre pas un contrepoids suffisant. Les gouvernements pourraient envisager des programmes d’investissement, à condition d’avoir l’assurance qu’ils apporteront une contribution positive à l’économie. L’Europe est confrontée à une diminution attendue de la main-d’œuvre et au vieillissement de la population. Azad Zangana pense qu’il y aura une certaine stimulation en 2020, mais elle ne sera pas pilotée de manière centralisée par l’UE. C’est à chaque État membre qu’il appartiendra de prendre les choses en main.

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