Cette année entrera probablement dans les annales comme une année extrêmement faste pour les investisseurs – surtout pour ceux ayant investi dans la technologie. Dans d’autres secteurs, en revanche, les performances se sont inscrites en rouge. C’est le cas notamment des télécoms, du pétrole et du dollar.
Bien que l’année ne soit pas encore terminée et qu’en théorie, tout peut encore arriver, il semble acquis que 2017 laissera de bons souvenirs aux investisseurs. Cette année, la star a été le secteur technologique. Ce secteur, qui représente le quart du S&P 500, a attiré l’attention en affichant un rendement de plus de 35 pour cent.
Dans d’autres secteurs, par contre, les investisseurs ont été malmenés. C’est le cas notamment des secteurs pétrolier et télécom, qui ont enregistré des rendements négatifs.
Hausse des prix pétroliers
En dépit d’une légère hausse du prix du pétrole, le secteur énergétique affichait chez Morningstar -14 pour cent à fin novembre. La hausse du prix du pétrole a engendré une hausse des bénéfices, mais les chiffres d’affaires sont mis sous pression. « Ce sont surtout les perspectives qui inquiètent les investisseurs », explique Vincent Juvyns, stratège de marché chez JPMorgan Asset Management.
Ces préoccupations concernent aussi bien le court que le long terme. « L’agence énergétique prévoit une demande pétrolière stable, au plus affichera-t-elle une légère hausse. » Par ailleurs, la question est de savoir comment les réserves actuelles des compagnies pétrolières doivent être valorisées à la lumière de la transition énergétique souhaitée. « Le CEO de Shell a annoncé que sa prochaine voiture sera électrique, cela en dit long… », constate Juvyns.
Fin novembre, plusieurs fonds énergétiques nettement engagés dans l’industrie pétrolière avaient perdu un cinquième de leur valeur par rapport à la fin de l’année dernière. Les fonds Global Energy d’Invesco, Lombard Odier et Schroders ont même vu s’évaporer le quart de leur valeur. « Notre fonds énergétique est “unconstrained” et réagit fortement au prix du pétrole », explique Matthew Michael, gestionnaire de fonds chez Schroders.
« Le fonds est destiné en particulier aux investisseurs qui s’attendent à une hausse du prix pétrolier, il ne s’agit pas d’un fonds énergétique général. En cas de hausse, ce fonds est la meilleure option. Nous le précisons d’entrée de jeu. »
Selon Michael, un benchmark énergétique n’est pas une référence utilisable. « Un tel benchmark est dominé par Exxon et Chevron, qui totalisent quelque 30 pour cent de l’indice. Un fonds bien diversifié n’investirait jamais un tel pourcentage dans deux entreprises. »
Le fonds de Schroders, qui investit dans une trentaine d’entreprises, a pour participations principales Shell et Schlumberger. Cette année, l’entreprise américaine de services au secteur pétrolier et gazier Schlumberger, dans laquelle le fonds a investi 6,5 pour cent de ses actifs, a été l’un des grands perdants en lâchant près de 35 pour cent de sa valeur.
Malgré la dépréciation du fonds d’investissement, un nombre suffisant d’investisseurs tablent sur un redressement du prix du pétrole. Le fonds, déficitaire depuis des années, gère un demi-milliard d’euros. « Nous prévoyons un redressement du cours du pétrole suite à une pénurie », précise Michael. « L’investisseur dans ce fonds en cueillera alors les fruits. »
Télécoms
Les télécoms sont l’autre secteur boursier à avoir dégusté. Les entreprises télécoms fortement engagées dans la téléphonie fixe voient leurs prix mis sous pression et sont affectées par les doutes quant à la viabilité de leur modèle d’entreprise. Ainsi, BT Group a perdu plus de 30 pour cent.
En moyenne, les fonds d’investissement ont lâché plus de 5 pour cent dans ce secteur. Global Telecommunications de Fidelity a encaissé une perte de plus de 6 pour cent. « Les tarifs télécoms sont mis sous pression aux États-Unis comme en Europe », explique Juvyns. « Cette tendance devrait se prolonger. C’est pourquoi les analystes s’interrogent sur la viabilité de certaines entreprises du secteur. »
Les rendements négatifs des entreprises pétrolières et de télécoms n’affectent pas trop les rendements des grands indices, où ces secteurs sont relativement peu représentés. L’énergie représente 6 pour cent du S&P 500 et les télécoms pas même 2 pour cent.
Dans certaines autres catégories d’investissement, le dollar a joué les trouble-fêtes. Les investisseurs qui avaient couvert ce risque de change s’en félicitent, tandis que ceux qui avaient opté pour des variantes non couvertes s’en mordent les doigts. Dans certains cas, la différence atteint 10 pour cent.
Les obligations souveraines des marchés émergents en sont un exemple. « La dette souveraine des marchés émergents a affiché en dollars des rendements de près de 10 pour cent », explique Niels Faassen de Morningstar.
« Pour les investisseurs européens engagés dans des fonds qui n’avaient pas couvert le risque de change, cette catégorie affiche toutefois une perte moyenne de 0,5 pour cent. Si le risque de change par rapport à l’euro était couvert, l’investisseur européen a gagné cette année environ 8,6 pour cent. »
C’est une mauvaise nouvelle pour de nombreux investisseurs européens. La plupart investissent dans des fonds qui ne couvrent pas le risque de change, comme le révèle une étude de Morningstar. Pour de nombreux analystes, la chute du dollar a été la surprise de 2017. « Nous n’avions pas prévu une telle évolution dans nos perspectives pour cette année », admet Vincent Juvyns de JPMorgan AM.
Pour la plupart des fonds investis en dollars, il existe une variante couvrant le risque de change. « La protection contre ce risque coûte environ 2,2 pour cent aux investisseurs en euros », précise Juvyns. « Cette année, cette option s’est révélée judicieuse. »
Dans la classe représentant la dette des marchés émergents, le Venezuela a attiré l’attention : « Ce pays ne représente que 1,5 pour cent de l’indice, mais dans certains fonds, il était nettement sous ou surpondéré. Il était surpondéré dans un fonds de T. Rowe Price, le gestionnaire estimant que tous les éléments négatifs le concernant étaient déjà escomptés », relate Faassen.
Il souligne par ailleurs que les fonds à faible duration ou à taux flexible (“floating rate”) ont affiché une performance médiocre. « Ces fonds sont moins sensibles aux baisses des taux et des spreads. Par conséquent, ils ont moins bien pu profiter du climat favorable et du revenu des différentiels de taux que les fonds ordinaires », explique Faassen.
Obligations catastrophe
La petite quantité de fonds qui investissent dans les “obligations catastrophe” ou titres assurantiels ont connu une année difficile. Les obligations catastrophe sont émises par des réassureurs. Lorsque le coût des dégâts causés par une catastrophe naturelle, comme un ouragan, franchit un certain seuil, les réassureurs puisent dans le capital levé.
La maison suisse Lombard Odier est l’une des rares à proposer un fonds investissant dans des obligations catastrophe. Ce fonds vise un rendement de 4 à 6 pour cent au-dessus du Libor. Suite notamment à l’ouragan Irma, ce fonds lancé en 2016 a lâché plus de 12 pour
cent. Plusieurs autres fonds assurantiels terminent l’année en perte.
En moyenne, les fonds d’investissement ont lâché plus de 5 pour cent dans ce secteur. Global Telecommunications de Fidelity a encaissé une perte de plus de 6 pour cent.
« Les tarifs télécoms sont mis sous pression aux États-Unis comme en Europe », explique Juvyns. « Cette tendance devrait se prolonger. C’est pourquoi les analystes s’interrogent sur la viabilité de certaines entreprises du secteur. »