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Pieter Tolk (photo), investisseur boursier expérimenté, attache une très grande importance à la sélection bottom-up des actions. Il se tient à l’écart des obligations et des investissements indiciels. L’Europe est clairement préférée aux États-Unis.

Le Néerlandais Pieter Tolk a commencé sa carrière d’investisseur en 1985 : « J’ai toujours travaillé du côté achats, pour différentes entreprises et family offices. En 2000, j’ai fondé Selectum à Anvers avec un co-associé. J’ai travaillé dans différents pays et je suis venu en Belgique dans les années 90. En principe, Selectum ne s’adresse pas aux petits investisseurs privés. Nous ne faisons pas non plus de marketing et travaillons principalement pour nos clients existants. »

Obligations

Les obligations ont disparu des portefeuilles de Selectum : « Les obligations sont devenues une proposition particulièrement peu intéressante. Vous ne pouvez pas expliquer à un client pourquoi il obtient un rendement négatif. Nous avons donc abandonné les portefeuilles obligataires il y a quelques années. » 

Top-down

Selon Tolk, l’approche top-down classique, qui consiste à examiner la répartition régionale du monde, est sérieusement dépassée. « Cela n’a plus aucun sens. Chez Selectum, nous avons l’autorisation d’investir sur tous les fronts. À mon avis, il est beaucoup plus logique d’investir de manière bottom-up dans des entreprises individuelles. J’investis dans des entreprises, pas dans des actions. Je veux connaître les modèles économiques des entreprises auxquelles je crois vraiment. J’évite également les investissements indiciels, que je trouve absurdes, parce qu’au bout du compte, vous ne savez pas ce que vous faites. »

« Nous attachons une grande importance à une faible rotation du portefeuille et donc, à de faibles coûts. Nous travaillons principalement avec des mandats discrétionnaires. Nous proposons également une SICAV luxembourgeoise à compartiments multiples, qui est fiscalement avantageuse pour les résidents belges. »
Tolk déclare avoir investi quelque 160 millions d’euros dans le fonds public Selectum Stock Picking Fund. Chaque compartiment contient une trentaine de noms. 

Valeur contre croissance

Tolk n’aime pas non plus la subdivision entre valeur et croissance : « Tout dépend de la façon dont vous comprenez ce concept. Je ne crois pas du tout aux styles. J’ai essayé d’analyser la question, mais il est rare qu’on puisse dire quel style suit un investisseur. C’est une subdivision complètement artificielle, qui relève davantage du slogan de marketing que d’autre chose. Le monde est beaucoup plus complexe que cela. De plus, cela n’a aucune importance pour le client, car en tant que gestionnaire, je dois constituer un portefeuille qui lui permette au bout du compte de dormir tranquille. »

États-Unis versus Europe

De manière frappante, Tolk n’investit qu’en Europe : « Aux États-Unis, il se passe en ce moment un certain nombre de choses très inquiétantes. J’essaie d’éviter autant que possible les risques de change. Prenez les entreprises allemandes, par exemple. Nombre d’entre elles réalisent jusqu’aux deux tiers de leur chiffre d’affaires hors d’Allemagne et profitent ainsi de l’ensemble de l’économie mondiale. Devrais-je alors commencer à investir aux États-Unis ? Là-bas, les ratios cours/bénéfices sont également 50 % plus élevés qu’en Europe. »

Innovation et technologie

Tolk réfute aussi totalement l’affirmation largement acceptée selon laquelle les États-Unis auraient des entreprises plus innovantes que l’Europe : « Absolument pas. Regardez les Allemands, par exemple. Vous ne trouverez pas de meilleurs constructeurs de machines. Aux États-Unis, ils n’ont pas cela. Une très grande partie des machines pour les semi-conducteurs sont également européennes. C’est une véritable technologie de pointe. Je me demande dans quelle mesure la partie retail d’Amazon est une entreprise technologique.

Il s’agit principalement de livrer des colis au prix le plus bas et le plus rapidement possible. Je pense aussi que la technologie de Tesla est largement surestimée. En effet, Elon Musk voulait être le premier à construire une voiture électrique, mais sa technologie est déjà dépassée. Les Allemands construisent toujours de bien meilleures voitures. En tant qu’investisseur, vous devez toujours rester critique. Chaque continent a des choses pour lesquelles il est meilleur que d’autres. En Europe, on trouve beaucoup de qualités d’engineering. »

Grand n’est pas toujours synonyme de mieux

Enfin, Tolk émet encore une réserve concernant l’augmentation d’échelle dans le secteur : « Grand n’est pas toujours synonyme de mieux. Les petites structures comme la nôtre ont aussi leurs avantages, ce qui ne veut pas dire non plus que petit est toujours mieux. Il faut être passionné par le métier et être prêt à travailler d’arrache-pied. »
 

 

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