Il y a quelques mois, Marc Stevens a quitté l’entreprise familiale Leo Stevens. Avec S(n)-Trackers, le banquier privé se consacre entièrement à l’investissement passif sous l’égide de Securities De Munter (SDM).
La société de Bourse luxembourgeoise SDM entretient des liens historiques avec la famille Stevens, et ceux-ci se révèlent plus vivants que jamais. En effet, les clients intéressés peuvent se rendre à l’agence SDM d’Anvers pour ouvrir un compte S(n)-Trackers.
« Je veux investir de manière rationnelle », explique Marc Stevens. « À partir de 100 000 euros, les clients peuvent s’attendre, via S(n)-Trackers, à un service de grande qualité, non sujet aux biais comportementaux. C’est ce que j’appelle les préjugés intuitifs. Il en existe beaucoup dans le monde de l’investissement. Toutes sortes de décisions d’investissement sont prises sur la base de « bruit ». En tant que banquier privé, vous n’êtes tout de même pas supposé réciter la gazette de la veille pour justifier vos décisions d’investissement ! »
« J’ai vu au fil des ans de nombreuses décisions basées sur les émotions qui n’étaient peut-être pas les plus rentables rétrospectivement. Lorsque quelqu’un a besoin de vendre une partie de son portefeuille pour une raison quelconque, il choisit souvent, presque par réflexe, de vendre ses positions bénéficiaires, alors que nous soutenons qu’il faut au contraire conserver les gagnants et vendre les positions déficitaires. »
Résolument passif
C’est pourquoi Marc Stevens opte résolument pour l’investissement passif avec son nouveau projet. Un choix qu’il n’aurait pas fait il y a 15 ans, déclare-t-il. « Plusieurs facteurs entrent en jeu. Mon expérience, bien sûr. Ma philosophie d’investissement a évolué au fil des ans, mais les circonstances extérieures ont également changé », explique-t-il.
« L’offre de trackers a connu une croissance spectaculaire ces dernières années. Aux États-Unis, par exemple, on assiste à un déplacement majeur des fonds d’investissement classiques vers les trackers. De plus, il existe aujourd’hui beaucoup plus de littérature démontrant que la gestion passive permet d’obtenir des rendements plus élevés, c’est pourquoi je parle volontiers d’investissement passif contemporain. »
Les frais de gestion élevés associés à la gestion active sont également une épine dans le pied pour Marc Stevens, bien que la situation mérite d’être nuancée. « Ces frais de gestion seraient encore justifiables s’il y avait un rendement nettement supérieur, mais c’est rarement le cas », explique-t-il. « Les banquiers privés classiques ont parfois tendance à présenter leur valeur ajoutée de manière inutilement complexe pour justifier ces frais élevés. »
Recherches soigneuses
L’investissement passif ne signifie pas que les investisseurs ne doivent pas faire leurs propres recherches. « Mais une bonne idée doit être facile à expliquer », affirme Marc Stevens. « C’est pourquoi nous effectuons au préalable des choix judicieux et clairs, bien entendu en fonction du profil du client. »
« De plus, nous choisissons soigneusement le constructeur de l’indice. Un tracker doit être suffisamment liquide. C’est évident pour les grands indices comme les trackers MSCI, mais pour les investissements plus thématiques, le choix du bon tracker est crucial. Nous devons être convaincus que le constructeur de l’indice capture le thème sur la base d’une méthodologie cohérente et fondée sur des règles. Nous avons par exemple déjà investi dans un tracker lié à la cybersécurité, mais avons rapidement constaté que les noms des positions les plus importantes changeaient complètement tous les quelques mois. De plus, cela n’a pas conduit à un rendement supplémentaire par rapport au S&P 500, si bien que cela n’en valait pas la peine. »
Avec son approche rationnelle, Marc Stevens vise à exclure autant d’incertitudes que possible. « Cela peut sembler contradictoire, mais je ne spécule pas. La liquidité et la construction d’indices basés sur des règles sont des exigences absolues. C’est pourquoi le fait que nous ne soyons pas présents sur certains marchés de niche ne constitue à mon avis pas un problème. »
Considéré comme insuffisant
Le thème de l’ESG figure également en bonne place sur le site Web de S(n)-Trackers. « C’est un sujet auquel je me consacre depuis longtemps, mais il faut dire que la réglementation n’est actuellement pas encore cohérente. Pour l’instant, les fonds Article 8 peuvent en réalité avoir un impact très limité. Une entreprise de combustibles fossiles qui promet de réduire ses émissions de CO2 peut obtenir une bonne notation ESG. Pour mes clients conscients de l’impact, c’est tout à fait insuffisant », explique Marc Stevens.
« C’est pourquoi nous commençons par les scores ESG de MSCI et Sustainalytics, mais nous y apportons nos propres corrections. Je suis convaincu que de cette manière, nous nous rapprochons davantage de l’esprit de la législation. »