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Sous Biden, le reflation trade va commencer, ou plutôt poursuivre son élan. À cet égard, les matières premières, les marchés émergents, les petites capitalisations et les valeurs cycliques constitueront un levier. Mais cela ne signifie pour autant pas qu’il faut se débarrasser des actions de croissance, bien au contraire. C’est ce que déclare Philippe Gijsels (photo), stratégiste en chef chez BNP Paribas Fortis.

Gijsels : « Le reflation trade avait déjà commencé sous Trump. Nous devons revenir à la Théorie monétaire moderne, qui est sur le radar depuis un certain temps déjà. Les banques centrales continueront à racheter des montants considérables en actifs. Biden a déployé un plan de relance de 2000 milliards de dollars. Sur le plan budgétaire, il va donc injecter encore plus d’argent dans le système. Nous pensons donc que le reflation trade va se poursuivre. »

Taux d’intérêt

Gijsels s’attend à ce que les taux d’intérêt augmentent quelque peu, mais certainement pas de manière spectaculaire. « Les banques centrales feront le nécessaire pour garder les taux d’intérêt nominaux sous contrôle. Dans l’intervalle, les taux d’intérêt réels restent profondément négatifs. Dans ce type d’environnement, il faut détenir des matières premières, des produits cycliques, des petites capitalisations et des marchés émergents. » Depuis un mois, cette dernière catégorie performe d’ailleurs nettement mieux que le S&P 500, ainsi que le montre le graphique ci-dessous.

EM equities vs US equities

« Le Blue Wave de Biden, qui est maintenant complète, renforce encore davantage ce processus. Je pense également qu’on peut prendre position dans les matières premières. Pour la première fois depuis très longtemps, toutes les étoiles sont maintenant alignées pour une bonne performance. La plupart des matières premières sont cotées en situation de contango, ce qui signifie que le prix à long terme est plus élevé que le prix à court terme. La courbe des prix est donc ascendante. En raison du contango, les traders doivent passer au future suivant tous les mois ou tous les trois mois, ce qui est particulièrement préjudiciable aux investisseurs dans toutes sortes de produits dérivés et d’ETF qui ont ces matières premières comme valeur sous-jacente. La meilleure façon d’investir dans les matières premières est, à mon avis, d’acheter un panier de grandes entreprises de matières premières connues. À des fins de diversification, on peut également le compléter avec de plus petits acteurs.

Depuis trop longtemps, les investissements dans les matières premières sont beaucoup trop faibles. Il devient également de plus en plus difficile d’obtenir des permis environnementaux et autres. Je pense qu’il y aura de graves pénuries de nickel, de cuivre et de tous les métaux qui entrent dans la composition d’une voiture électrique. Il suffit de penser à l’appel d’Elon Musk de Tesla, qui ferait n’importe quoi pour mettre la main sur du nickel.

En raison de la demande de la Chine, de la reprise de l’économie et de la durabilité, on obtient un important effet du côté de la demande. Pour la première fois depuis 1972-1973, on assiste également à des goulets d’étranglement du côté de l’offre, ce qui est à mon avis la recette d’un puissant marché haussier des matières premières. En outre, nous nous trouvons dans un monde bipolaire axé sur la Chine et les États-Unis, ce qui ne cesse d’accroître l’importance la sécurité de l’approvisionnement. Les matières premières locales facilement accessibles deviennent indispensables. Cela exerce une pression sur les chaînes d’approvisionnement, ce qui a également pour effet d’augmenter les prix. 

Je pense également que les entreprises d’extraction de l’or sont extrêmement bon marché par rapport au prix de l’or. Souvent, ces entreprises étaient peu rentables en raison d’acquisitions échouées et coûteuses et d’une gestion mégalomane, mais je pense que le marché sera positivement surpris par le potentiel de bénéfices. »

Barbell

En se concentrant sur des secteurs plus sensibles à la conjoncture, on pourrait penser que Gijsels évite les actions à duration longue, comme la technologie. Gijsels : « Ce n’est absolument pas le cas car, comme je l’ai déjà dit, je ne pense pas que les taux d’intérêt vont trop augmenter. Regardez par exemple Netflix, qui a connu récemment une solide hausse en raison d’une forte augmentation du nombre d’abonnés. Nous appliquons une stratégie Barbell, dans le cadre de laquelle les entreprises technologiques ont toujours leur place. Pour moi, un portefeuille sans technologie, c’est comme une voiture à trois roues. Cela hypothèque l’avenir. Même avec des taux d’intérêt légèrement plus élevés, le taux d’actualisation auquel ces flux de trésorerie futurs sont actualisés continue à jouer fortement en faveur de ces valeurs de croissance. »

Temporairement plus prudente

Il n’en reste pas moins que l’équipe de Gijsels est plus prudente à court terme. « La situation a évolué très rapidement ces derniers temps, et il est temps d’être plus prudent. L’enquête de la BoFa menée auprès de gestionnaires de fonds montre qu’ils sont extrêmement disposés à prendre des risques

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