‘« Nous maintenons notre positionnement neutre car le marché boursier continue de surprendre. En ce qui concerne les actions, nous gardons notre préférence pour les États-Unis. Quant aux pays émergents, nous restons peu convaincus », déclare Steven Vandepitte, stratège chez ING Belgique.
Alors que l’année boursière 2023 touche à sa fin, les investisseurs sont prêts pour une rétrospective. Lorsque nous lui demandons ce qui le marque le plus concernant l’année boursière écoulée, Steven Vandepitte évoque la grande différence de performances entre les indices. « Une divergence frappante peut être observée entre les différentes Bourses. Selon l’indice considéré, l’année boursière a été bonne, extrêmement moyenne, voire légèrement négative. Le fait que les Sept Magnifiques aient tiré la Bourse contribue à la perception que les marchés se sont bien comportés. En effet, le S&P500 a gagné entre 10 et 12 %, mais un indice à pondération égale n’a affiché qu’un rendement nul. »
ABC : easy as one, two, three
Au niveau du portefeuille, ING Belgique maintient un positionnement neutre. « C’est à notre avis la meilleure position de départ, car la Bourse ne cesse de nous surprendre. Dans le volet actions, les États-Unis sont surpondérés par rapport à l’Europe. Les Bidenomics contrebalancent la politique de la Fed et expliquent la poursuite de la croissance économique. En résumé, les États-Unis donnent toujours le la. »
Lors d’un entretien précédent avec Investment Officer, le stratège s’était déjà déclaré « peu convaincu » par les marchés émergents. Il ne voit toujours aucune raison d’être structurellement positif sur la région à long terme. « La Chine pèse lourdement sur les marchés émergents et les performances y ont souvent été décevantes ces dernières années. Nous avons fréquemment observé un schéma de rebonds intenses mais de courte durée, suivis d’une baisse de plus en plus importante. Le sentiment à l’égard de la région est également très négatif. Ce n’est pas pour rien que Wall Street parle d’ABC, Anywhere But China (tout sauf la Chine). Nous continuons à recommander d’investir indirectement dans la région, par exemple via des entreprises des marchés développés qui y sont exposées. »
En ce qui concerne les obligations, Steven Vandepitte souligne que cette classe d’actifs redevient une option valable. Les obligations retrouvent leur place traditionnelle après l’anomalie de cette dernière décennie. « Nous avons traversé un processus de normalisation extrêmement douloureux. Certains investisseurs ont atteint leur seuil de tolérance et ne veulent donc plus entendre parler des obligations, alors que c’est justement le moment de les conserver ou d’y investir davantage. Nous avons réduit notre exposition aux obligations d’entreprises de qualité et ramené les obligations à haut rendement à neutre, ce qui nous amène à acheter de nouveau davantage d’obligations d’État. En ce qui concerne les titres investment grade, nous restons surpondérés, mais y réduisons également notre exposition. »
Cash is king
OSur le plan des matières premières, le stratège préfère les métaux précieux aux métaux industriels. « C’est notre postulat depuis un certain temps déjà et nous n’en changerons pas. » La situation tumultueuse au Moyen-Orient incite également de nombreux investisseurs à surveiller de près les prix du pétrole. « Bien entendu, compte tenu des tensions actuelles, nous le suivons de près en tant que couverture, mais il s’agit d’une approche tactique. Si le prix du pétrole devait d’abord baisser un peu, nous pourrions envisager une position, mais à des niveaux supérieurs à 90 dollars, nous hésitons. »
L’exposition à l’immobilier coté a également été revue. « Nous sommes désormais neutres sur cet actif et avons pris des bénéfices sur notre position courte. En même temps, nous ne voyons aucune raison d’être positifs à court terme. Avant d’envisager la prise d’une position, nous devons d’abord être certains que le plancher a été atteint. »
Compte tenu de la situation actuelle, sommes-nous en train d’embrasser le sempiternel « cash is king » ? « Les liquidités méritent effectivement une place dans l’allocation d’actifs aujourd’hui. Cela implique toutefois une condition importante, à savoir que les investisseurs doivent être prêts à passer à une position avec duration. Il n’est évidemment pas facile pour un investisseur de timer le marché », conclut Steven Vandepitte.