Stefan Duchateau, chargé de cours dans différentes universités et consultant auprès du groupe Argenta, a profité d’une présentation en ligne pour éclairer la lanterne de B-Sure, un planificateur patrimonial basé à Hasselt, sur les récents événements. Il se veut optimiste et est convaincu que nous allons surmonter cette crise.
Recadrage
Avant d’exposer sa vision des marchés, l’expert financier préfère recadrer plusieurs événements récents. Primo, il ne voit aucune raison qui expliquerait que nous ne parvenions pas à maîtriser la pandémie actuelle. « Si les modèles antérieurs se poursuivent, et il ne voit pas pourquoi un changement se produirait, après un grand pic initial tous les pays finiront par réussir à stabiliser le virus. En Italie, cela devrait se produire la dernière semaine d’avril, en Belgique 9 jours plus tard et aux États-Unis fin mai. D’ici-là nous devrions savoir clairement si le problème est gérable. »
Deuxièmement, la dégringolade récente des marchés boursiers n’est pas encore catastrophique. « Nous sommes revenus au niveau de décembre 2018 et avons perdu tous les bénéfices acquis depuis lors. Nous nous rattraperons rapidement si ce virus est maîtrisé d’ici fin mai et si les mesures politiques et monétaires sont appliquées. Entre début 2010 et fin 2019, le MSCI World index affichait un rendement moyen annuel particulièrement optimal de 11,5 %. Si l’on évalue cette moyenne sur les 200 dernières années, ce rendement annuel se limite à 8 %. Après la récente baisse, nous sommes revenus à 8,5 %. Nous restons donc au-dessus de la moyenne calculée à plus long terme et il n’y a par conséquent pas lieu de s’inquiéter outre mesure. »
Perspectives
Globalement, Stefan Duchateau n’est pas pessimiste. « Si l’on parvient à réfréner le virus d’ici fin mai, le second semestre s’annonce optimal. Si au contraire le COVID-19 s’attarde et si les mesures actuelles s’avèrent insuffisantes, nous pourrions assister à une baisse supplémentaire de 15 %. Je table entièrement sur le premier scénario, mais il faudra encore faire preuve de patience pour trouver le moment adéquat pour acheter. »
Bon nombre d’investisseurs se demandent toutefois s’il est déjà temps de s’adonner à la pêche de fond et si le fond est déjà atteint. « En effet, car nous avons déjà touché le fond depuis longtemps », plaisante-t-il. « Et c’est ce qui explique précisément que nous avons perdu notre boussole pour déterminer le moment optimal pour acheter. Je pense qu’une approche progressive constitue une bonne stratégie et que l’expression « la pêche est bonne en eaux troubles » est on ne peut plus d’actualité. Il est quand même exclu que nous ne parvenions pas à surmonter cela ? Une économie complètement éteinte peut être réactivée. Il va bien entendu de soi que nous ne récupérerons pas toutes les pertes d’un coup de baguette magique. Nous ne sommes pas près de revoir les records de hauteur du mois de février. »
Selon Stefan Duchateau, la crainte d’assister à une crise bancaire telle que celle de 2008 est infondée, car il s’agissait alors de tout autre chose. « Nous savons maintenant ce qui a provoqué cette crise bancaire et ce qu’il convient de faire. Si l’on injecte une grande quantité de liquidités dans le système, il n’y aura pas de crise bancaire. Il est assez simple de reconstituer le capital de ces banques. Je n’ai aucune crainte à ce niveau, mais il ne fait aucun doute que le secteur bancaire ne constitue pas un bon terrain d’investissement pour l’instant. »
Quels secteurs ?
Quels sont dans ce cas les bons investissements ? « Les secteurs intéressants sont la robotique, l’automatisation, la protection et l’assainissement des eaux. La technologie et les soins de santé restent en règle générale de loin les meilleurs secteurs sur lesquels miser », d’après le professeur. « Il faut éviter le secteur des croisières, le plus gros pollueur au monde, ainsi que l’énergie. Le secteur automobile va encore rencontrer de grosses difficultés et aura probablement besoin de soutien. Idem pour les banques. Les institutions financières ne pourront pas afficher un bon rendement avec des taux d’intérêt aussi bas. Enfin, mieux vaut laisser de côté tout ce qui est synonyme de masse, comme les chaînes de cinémas et le tourisme de masse. »