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L’année 2021 n’a pas très bien commencé pour les obligations des marchés émergents en devise locale. Le classement établi par Morningstar pour les fonds de la catégorie, sur la base de leur performance depuis début janvier, montre que le numéro un n’a gagné qu’un peu moins de 3 %, tandis que le cinquième termine déjà dans le rouge.

Après un bel envol au quatrième trimestre 2020 (+5,1 %), l’indice JP Morgan GBI EM Global Diversified a cédé environ 2,9 % en euros sur le premier trimestre de l’année. Les obligations des marchés émergents en dollars ont aussi accusé des pertes, tandis que les emprunts internationaux à haut rendement ont affiché un beau rendement entre début janvier et fin mars. 

Les reculs de cours du premier trimestre se sont traduits par une hausse du rendement de l’indice GBI-EM. Ce dernier s’élevait à 5 % début avril, mais comme toujours, les disparités régionales étaient marquées. 

En Turquie, le rendement à 10 ans a atteint un sommet, à pas moins de 17 %, soit 5 points de pourcentage de plus que les quelque 13 % de fin 2020. Les investisseurs s’inquiètent de la situation dans le pays, alors que le président Recep Tayyip Erdogan a (une nouvelle fois) licencié le président de la banque centrale et que le déficit de la balance courante se creuse toujours. 

La Turquie ne représentant qu’un peu plus de 2 % de l’indice JP Morgan GBI-EM Global Diversified, le risque de contagion est limité. Les banques centrales russe et brésilienne ont aussi relevé leur taux directeur en réponse à la hausse des anticipations d’inflation dans leur pays, notamment du fait des nouvelles mesures de relance budgétaire et monétaire aux États-Unis. La rémunération de l’emprunt souverain à 10 ans s’élève à quelque 9,6 % au Brésil et 7,4 % en Russie. 

Les taux à long terme ont aussi augmenté dans d’autres pays émergents, mais il s’agissait souvent d’une hausse globale et non relative. Ainsi, le taux des titres du Trésor américain à 10 ans est passé de 0,92 % en début d’année à 1,75 % fin mars 2021. 

FMI

Chez certains investisseurs, mais aussi pour le FMI, cette hausse rappelle le taper tantrum – la fin de l’assouplissement quantitatif – d’il y a huit ans. Avec la hausse des taux américains, de nombreux investisseurs avaient alors retiré leurs fonds des marchés émergents, ce qui a pesé sur les taux et les devises locales. 

La reproduction d’un tel scénario est possible, mais peu vraisemblable, vu que Jerome Powell ne devrait pas modifier sa politique accommodante à court terme. En outre, les flux provenant des investisseurs étrangers ont été négatifs ces dernières années, si bien qu’il y a aujourd’hui moins de capitaux fébriles qu’en 2013. 

Quelques marchés émergents ont bénéficié de la hausse des cours des matières premières ; c’est notamment le cas de l’Afrique du Sud. Les taux sont restés bas dans de nombreux pays asiatiques tels que la Corée du Sud (2,1 %), la Thaïlande (1,7 %) et Taïwan (0,5 %) ; la politique monétaire y est toujours souple et les investisseurs s’inquiètent pour l’instant peu de l’inflation. 

Entre le 1er avril 2020 et le 31 mars 2021, l’indice JP Morgan GBI-EM Global Diversified a progressé de 5,5 % en euros, contre une hausse de 8,3 % pour l’indice JP Morgan EMBI Global Diversified, baromètre des obligations des marchés émergents en devise forte.

Entre mars 2020 et février 2021, les investisseurs européens ont retiré par moins de 7 milliards d’euros de la catégorie Morningstar des obligations internationales des marchés émergents en devise locale.

La décollecte atteignait plus de 10 milliards d’euros en mars et avril 2020 et il a fallu attendre le mois d’août pour un revirement. Entre août 2020 et janvier 2021, les flux ont été positifs à hauteur de 6,6 milliards d’euros.

Templeton

Pour le top 5 de cette semaine, Thomas De Fauw, analyste chez Morningstar, passe en revue les fonds investissant dans des obligations des marchés émergents en devise locale.

Le classement ci-dessous reprend uniquement des fonds actifs, ce qui paraît logique dans la mesure où les fonds passifs (tels que les ETF) axés sur la dette émergente ont souvent des possibilités d’investissement limitées.

« Des estimations récentes montrent que l’indice JP Morgan GBI EM Global Diversified ne couvre que 11 % de la totalité de la dette émise en devise locale, ce qui s’explique surtout par la pondération limitée des obligations chinoises et l’exclusion de différents pays classés depuis peu dans les marchés émergents. »

Le top 5 des fonds de la catégorie Morningstar des obligations internationales des marchés émergents en devise locale, sur la base de leur rendement au cours du premier trimestre 2021, inclut deux fonds de Templeton. Le deuxième, le Templeton Emerging Markets Bond, affiche un actif sous gestion de 4 milliards d’euros et est noté Neutral par les analystes de Morningstar. 

« Le fonds est piloté depuis juin 2002 par Michael Hasenstab, CIO de Templeton Global Macro, et donc, à ce titre, responsable notamment des analyses pays ; il a ensuite été rejoint par Calvin Ho. Les deux gérants peuvent aussi s’appuyer sur cinq analystes expérimentés. »

Si le processus d’investissement se base sur une analyse minutieuse visant à identifier les pays affichant des fondamentaux sains ou en amélioration, les fortes convictions de Michael Hasenstab et son style d’investissement à contre-courant sont, selon Thomas De Fauw, moins efficaces lorsqu’ils sont appliqués à un univers de placement plus réduit, tel que la dette émergente.

« Étant donné la grande concentration du portefeuille, les performances relatives peuvent grandement varier en peu de temps. Sur les trois années écoulées, le fonds a cédé 3,6 % en euros sur base annuelle, alors que l’indice JP Morgan GBI-EM Global Diversified parvenait à générer un rendement légèrement positif de 0,7 %. » 

La troisième place revient au fonds NN (L) Emerging Market Debt (Local Currency), géré actuellement par Marcin Adamczyk et Jaco Rouw. Le premier est le nouveau responsable de la dette émergente chez le gestionnaire basé à La Haye, qui a perdu, en 2019, Marcelo Assalin, Marco Ruijer et neuf autres membres de l’équipe en charge de l’univers, partis chez le concurrent américain William Blair Investment Management.

Entre 2013 et 2017, il avait déjà géré des portefeuilles chez NNIP.

Marcin Adamczyk a rapidement constitué une nouvelle équipe, notamment en embauchant quelques anciens collègues de MN. La stratégie se base sur l’indice JP Morgan ELMI + et investit principalement dans des emprunts d’Amérique latine, d’Asie et d’Europe centrale et de l’Ouest.

Le fonds achète également des titres de dette onshore chinois via le programme Bond Connect, qui permet aux investisseurs étrangers de se positionner sur le marché obligataire chinois local. » 

Belgique

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