Pour DWS, les stratégies excluant les États-Unis sont prometteuses, dans la mesure où elles permettent aux investisseurs de gérer distinctement leurs investissements dans ce pays. Le promoteur d’ETF a récemment lancé le premier indice mondial sans exposition aux États-Unis. Cependant, les gestionnaires d’actifs ayant recours aux ETF dans leurs stratégies ne manifestent pas encore beaucoup d’enthousiasme.
Du fait de la nette surperformance des actions américaines au cours de la dernière décennie, l’exposition aux États-Unis dans les portefeuilles d’investissement a considérablement augmenté. En conséquence, les investisseurs recherchent de plus en plus des investissements sur les marchés développés hors États-Unis, observe DWS, qui a donc décidé de lancer un tracker mondial excluant cette région. Le nouvel ETF est le plus exposé au Japon, avec environ 21 %, suivi du Royaume-Uni, du Canada et de la France. Les actions suisses, allemandes, australiennes et néerlandaises sont également bien représentées.
« Les investisseurs se concentrent de plus en plus sur les élections américaines, l’influence des Sept Magnifiques et la forte pondération des actions américaines dans les portefeuilles d’investissement, et concluent qu’ils doivent augmenter leur exposition au reste du monde », observe Olivier Souliac, chef de la plateforme de produits ETF Xtrackers de DWS. Il note que la part des États-Unis dans l’indice MSCI World est passée de 40 à 70 % au cours des 30 dernières années.
Sous-pondération des actions européennes
Dans le dernier rapport annuel de l’European Fund and Asset Management Association (EFAMA) fait état d’une tendance similaire : en l’espace de dix ans, l’exposition des fonds d’actions UCITS aux États-Unis est passée de 19 à pas moins de 42 %. Cette évolution s’est faite au détriment de l’exposition à l’Europe, qui a reculé de 51 à 35 % au cours de la même période. « En raison de la solidité de l’économie américaine et de la présence de nombreuses entreprises prospères dans le pays, notamment dans le secteur technologique, tant les investisseurs nationaux qu’internationaux reconnaissent l’attrait des actions américaines », indique l’organisation.
« Cependant, nous constatons de plus en plus que les investisseurs dont le portefeuille est déjà composé en grande partie d’actions américaines cherchent à compléter leur portefeuille avec un large éventail d’actions provenant d’autres régions développées », déclare Olivier Souliac à Investment Officer.
Allocation sectorielle
Outre une allocation régionale différente, les investisseurs dans le tracker sur l’indice mondial de DWS bénéficient également d’une allocation sectorielle différente. Dans l’indice MSCI World, c’est actuellement le secteur des technologies de l’information qui domine, avec une pondération de 23 %. Cependant, celle-ci tombe à 9,4 % lorsqu’on exclut les États-Unis, tandis que la pondération des valeurs financières passe d’environ 15 à 21 %. « Mais il s’agit là d’une conséquence logique de l’exclusion des actions américaines », déclare Olivier Souliac.
Les investisseurs élaborent-ils un portefeuille différent lorsqu’ils séparent leurs investissements américains du tracker sur l’indice mondial ? « Oui », répond l’expert de DWS. « L’idée d’investir séparément aux États-Unis est motivée par le désir des investisseurs de mieux contrôler leurs investissements, avec une allocation sectorielle différente et en s’écartant de l’indice de référence traditionnel. Le plus souvent, les investisseurs adoptent une approche factorielle. »
Olivier Souliac souligne que l’ETF mondial hors États-Unis n’est pas un produit autonome, mais plutôt un outil destiné aux investisseurs détenant une position importante en actions américaines afin de diversifier plus largement leur portefeuille. Dans de nombreux portefeuilles, cela entraînera probablement un rééquilibrage de la pondération des États-Unis par rapport à d’autres régions, ce qui pourrait ne pas plaire à tous les investisseurs. En effet, les actions américaines affichent une pondération importante dans de nombreux portefeuilles, en raison de leur nette surperformance. « Les investisseurs doivent donc être conscients des risques d’opportunités liés à l’équilibrage des allocations régionales. »
Les réactions du secteur
Le gestionnaire d’actifs Semmie, qui investit exclusivement dans des trackers indiciels, ne perçoit pas directement la nécessité d’un tracker mondial excluant les États-Unis. « Chez Semmie, nous n’adoptons pas ce type de stratégies. Elles ne correspondent pas à notre politique d’investissement », déclare le gestionnaire d’actifs basé à Amsterdam en réponse à Investment Officer.
Quant à Freddy Forger, le dirigeant de Stoic, il affirme que « c’est une bonne chose qu’un nouveau panier soit ajouté, mais comme il y en a déjà des dizaines de milliers, je ne pense pas qu’il s’agisse d’une nouveauté spéciale en soi ». Se décrivant comme un investisseur « sans vision », il préfère pouvoir acheter toutes les entreprises cotées en Bourse. L’indice MSCI All Country World IMI constitue la base de tous les portefeuilles du gestionnaire d’actifs.
« Si vous pensez qu’il est impossible de prévoir le cours des actions, vous acceptez les fluctuations de valeur de toutes les entreprises sur le marché boursier. Et s’il se révèle que les entreprises ayant leur siège aux États-Unis représentent, par exemple, 62 % de l’allocation mondiale totale, c’est tout simplement un fait, affirme Freddy Forger. Il est bon d’agir en conséquence en ramenant l’allocation à 50/50, par exemple, mais dans ce cas, vous faites des prévisions. »
Le dirigeant de Stoic considère donc cet ETF comme idéal pour un investisseur actif. « Si les coûts sont très bas, il peut également servir de pierre angulaire dans un portefeuille visant à détenir toutes les actions du monde classées selon leur valeur de marché. »