Les actions de croissance battent les records. Amazon à 1300 dollars, Alphabet au-dessus des 1500 dollars, Livongo Health qui a grimpé de 50 pourcent en un mois, et Tesla qui a une valorisation excessive. L’or qui cote au-dessus des 1800 dollars… Mais Tina existe-t-elle vraiment Maya Bhandari de Columbia Threadneedle fait le point.
«L’expression « appétit pour le risque » peut être lourde de sens. Dans son acception la plus simple, elle fait écho au rendement potentiel que l’on peut attendre des actifs volatils, un appétit pour le risque accru s’accompagnant de rendements escomptés par unité de risque élevés, et vice versa.
En mars, alors que les économies étaient ébranlées par les coups de frein soudains de l’activité à mesure que les pays entraient en confinement les uns après les autres dans le but d’endiguer la propagation du Covid-19, les craintes ambiantes ont infiltré les valorisations de toutes les classes d’actifs. Les obligations d’entreprises investment grade compensaient par exemple les investisseurs à hauteur de 50 fois le taux de défaut historique, tandis que plusieurs indices actions s’établissaient à ou autour de leur valeur comptable, ramenés à la valeur de réalisation des actifs en liquidation. Dans le même temps toutefois, des mesures de relance sans précédent ont été mises en place sur les marchés du crédit et du travail un peu partout dans le monde. Selon nous, si des récessions profondes étaient probables, bien plus graves que celles subies depuis la guerre, le choc s’avérerait temporaire. Nous pensions par exemple que l’économie américaine regagnerait les niveaux du T4 2019 d’ici la fin de 2022.
Ainsi, en mars et en avril, nous avons cherché à nous exposer aux perspectives de rendements supérieurs à la normale de certains marchés de risque qui semblaient bien positionnés pour profiter de la situation. En investissant dans des obligations d’entreprises bien notées et en renforçant et réallouant notre exposition aux actions en faveur des Etats-Unis et au détriment des segments cycliques au Japon et au Royaume-Uni, nous avons relevé tant la qualité que la quantité du risque au sein des portefeuilles multi-actifs à rendement total.
Aujourd’hui par contre, les choses semblent bien différentes : il nous apparaît prudent de restreindre les risques, d’où notre changement de position à neutre. Les marchés actions et les spreads de crédit ont récupéré une large part des pertes essuyées en mars, pénalisant les valorisations (figure 1). Les anticipations de rendements, ou de performance des actions, sont naturellement inférieures à leur niveau de mars. En parallèle, les incertitudes s’accumulent : deuxième vague potentielle du virus, tensions commerciales, enjeux géopolitiques en Chine, élections américaines et interrogations quant à l’état de santé du marché du travail après la fin du chômage technique et des programmes de soutien.»