United States
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Le marché obligataire américain est le marché financier le plus important et le plus liquide au monde. Il est actuellement en pleine ébullition. Novembre a été l’un des meilleurs mois de la décennie, car les investisseurs font preuve d’un optimisme à toute épreuve.

Sur le marché, la phase baissière semble arrivée à son terme. Les titres du Trésor américain, surtout ceux aux échéances les plus longues, ont entamé un puissant rebond il y a quelques semaines. La semaine dernière, la Réserve fédérale américaine a semblé impliquer que les taux avaient déjà culminé. Son président, Jay Powell, a annoncé qu’il maintenait les taux directeurs dans une fourchette de 5,25 à 5,5 %, leur plus haut niveau depuis plus de vingt ans, mais aussi signalé clairement que la Fed commencerait à abaisser les taux en 2024. Les investisseurs ont salué cette annonce : le rendement des titres du Trésor à deux ans a diminué de 0,3 %, à 4,43 %, tandis que celui des titres du Trésor à 10 ans s’établit désormais sous la barre des 4 %, après avoir flirté avec les 5 % en octobre.

 Retour à la case départ, donc. Car si en  septembre, tous les opérateurs estimaient que les taux allaient rester élevés pendant longtemps, au début de l’année , le consensus pensait que les États-Unis allaient tomber en récession,  ce qui amènerait la Fed à abaisser ses taux. Les actions ont aussi pris de la hauteur la semaine dernière, ce qui montre que les marchés du risque escomptent désormais un abaissement des taux sans récession. Le scénario d’un atterrissage en douceur convainc de plus en plus, même si les économistes soulignent que ce cas de figure serait unique dans l’histoire. 

Perspectives

Dès lors, une chose est sûre : prévoir l’avenir est un exercice difficile. Cela n’empêche pas les gérants d’actifs de publier leurs perspectives pour 2024. 

Pimco estime que la croissance et l’inflation vont ralentir, et qu’une  récession modérée est probable. Erin Browne et Geraldine Sundstrom, deux gérants multi-actifs de la société, privilégient les obligations de qualité aux actions. Dan Ivascyn, le directeur des investissements, voit des opportunités, et un environnement favorable aux obligations en 2024, tout en mettant en garde les investisseurs sur le fait que la volatilité constatée cette année pourrait persister. Sans nier l’attrait des liquidités, il estime que les obligations sont plus aptes à générer un rendement régulier sur une longue période : le segment de 3 à 5 ans lui paraît le plus intéressant, avec des rendements de 6 à 8 % pour des obligations de haute qualité. Les titres du Trésor indexés sur l’inflation et les emprunts adossés à des crédits hypothécaires émis par des agences lui paraissent également dignes d’achat.

 Chez BlackRock, Rick Rieder estime que le marché présente des défis, mais surtout des opportunités. En 2023, le gérant a surtout mis l’accent sur l’extrémité courte de la courbe des taux, où les risques sont les moins élevés. En novembre, il précisait que le marché obligataire devait encore absorber un grand nombre de nouvelles émissions. Mais il partage la vision positive de Dan Ivascyn vis-à-vis des emprunts arrivant à échéance dans trois à cinq ans. Il ne s’inquiète pas outre mesure de la récession, étant donné la part élevée  (70 %) de la consommation dans l’économie  américaine, qui fait belle figure grâce au faible chômage et à l’absence de crise financière ou sanitaire. Il insiste toutefois sur l’importance du marché immobilier, dans lequel de nombreux Américains investissent une grande partie de leur fortune.  

Le top 5

Pour le top 5 de cette semaine, nous examinons les performances, sur les onze premiers mois de l’année, des fonds obligataires en USD pour lesquels des données de portefeuille récentes sont disponibles, dans la catégorie Morningstar Obligations USD Emprunts d’État. Une petite précision, toutefois : les rendements mentionnés dans le présent classement sont en euros ; or, la monnaie unique s’est appréciée de 2,9 % face au billet vert entre début janvier et fin novembre.

La première place revient au fonds BNY Mellon US Municipal Infrastructure Debt qui, comme son nom l’indique, investit principalement dans des obligations imposables ou non émises par des autorités locales aux États-Unis, pour financer les projets d’infrastructures. La catégorie Morningstar des Obligations USD Emprunts d’État est très diverse, et ne se limite pas aux fonds investissant exclusivement dans les titres du Trésor américain. Cette stratégie est pilotée par deux gérants très expérimentés,  Jeffrey Burger et Thomas Casey. Le premier travaille depuis septembre 2021 pour Insight, depuis que les stratégies de revenu fixe de Mellon Investments ont été confiées à la société. Avant 2009, il a travaillé chez Columbia Management et Fitch Ratings. Thomas Casey gère la stratégie depuis avril 2017, est actif dans le secteur de l’investissement depuis 1989. Il est entré chez Mellon Investments en 1993, comme analyste spécialisé dans les obligations émises par les autorités locales. 

Fin novembre 2023, près de la moitié de l’actif du fonds était investi en obligations notées AA-, et la qualité moyenne de crédit était de A+, un cran au-dessous de celle de l’indice de référence. Le fonds donne la préférence aux obligations-recettes, une catégorie d’obligations garantie par les revenus d’un projet spécifique qu’elles servent à financer (autoroute, pont à péage…). Il surpondère les hôpitaux, le transport, les établissements éducatifs et les aéroports. Les gérants sont convaincus que ces secteurs continueront à tirer profit de la vigueur de l’activité économique aux États-Unis. Les cinq principales expositions, des obligations émises par la Californie, New York, l’Illinois, la Pennsylvanie et le Massachusetts, représentent environ 54 % du portefeuille. Étant donné que les grands projets s’étendent souvent sur plusieurs décennies, les obligations imposables émises par les autorités locales ont souvent une échéance longue, ce qui les rend sensibles à la variation des taux.  
 

Thomas De Fauw est Manager Research Analyst chez Morningstar. Morningstar analyse et évalue les fonds d’investissement sur la base d’études quantitatives et qualitatives. Partenaire d’Investment Officer, Morningstar propose chaque semaine un classement des cinq meilleurs fonds ou prestataires d’un secteur ou thème donné.

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