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Cette année, les investisseurs européens ont cherché refuge dans les titres du Trésor américain à échéance courte et dans le dollar.

La Fed, toujours la Fed

Prévoir l’évolution des taux directeurs est le sport (inter)national des économistes et investisseurs du monde entier. À quatre reprises, la Réserve fédérale américaine a relevé son taux directeur de 75 points de base. Toutefois, elle se prépare désormais à limiter ses tours de vis à 50 points de base dans un avenir proche. Si certains voient là le début de la fin du cycle de relèvement de taux, Jerome Powell, le président de la Fed, a indiqué qu’il y avait encore beaucoup de pain sur la planche avant d’endiguer l’inflation.

Au fil des années, la banque centrale américaine a fait l’objet de nombreuses critiques, notamment de la part de Mohamed El-Erian. Pour cet éminent économiste, la Fed a commis deux grandes erreurs. La première a consisté à considérer, à tort, l’inflation comme phénomène temporaire, et la deuxième à ne pas agir immédiatement une fois qu’elle a reconnu son erreur. Mohamed El-Erian craint désormais que cette intervention musclée mais tardive ne nous plonge dans une récession. 

En plus de relever les taux directeurs, les banques centrales se sont aussi majoritairement retirées des marchés des capitaux, obligeant les investisseurs institutionnels tels que les fonds de pension et les assureurs à reprendre le flambeau. Or, et c’est logique, leurs anticipations de rendement sont bien plus élevées que celles des gendarmes monétaires. 

Nette correction

Le resserrement monétaire a fait corriger les marchés obligataires, ce que de nombreux investisseurs n’avaient pas vu venir. L’indice Bloomberg Aggregate Bond, l’un des principaux baromètres de l’exposition aux obligations internationales, a abandonné 8 % (en euros) entre début janvier et fin novembre. Toutefois, de fortes disparités sont constatées à l’échelle régionale. L’indice Bloomberg Euro Aggregate Bond a ainsi cédé 14,1 %, tandis que son équivalent américain ne reculait que de 3,5 %. 

De nombreux stratégistes estiment que le plongeon de 2022 pourrait offrir une fenêtre d’entrée intéressante pour les investisseurs qui ont boudé les obligations pendant des années, surtout si le scénario de récession se concrétise. Le rendement des titres du Trésor américain s’établissait, lundi 5 décembre, à 3,6 % pour l’échéance à 10 ans, 3,79 % pour l’échéance à 5 ans et 4,39 % pour l’échéance à 2 ans, tandis que les investisseurs obtenaient respectivement 0,75 %, 0,35 % et 0,15 % seulement pour ces titres il y a deux ans.

Cours de change

Pour les investisseurs européens, la dette souveraine américaine à échéance courte émise en USD était l’un des rares refuges cette année. Les rendements plus élevés (par rapport aux obligations en euros) associés à la vigueur du dollar ont rendu la catégorie d’actifs attrayante. Les économistes sont toutefois mitigés sur la poursuite de cette tendance l’an prochain. 

ABN AMRO table sur de nouveaux tours de vis au premier semestre 2023, mais estime que la Fed pourrait bien procéder à des baisses de taux plus marquées qu’escompté par le marché au second semestre de l’année, ce qui doperait la paire EUR/USD. Chez Rabobank, Jane Foley voit en revanche suffisamment de potentiel pour un marché haussier en USD. Car pour que le dollar reste faible, les investisseurs doivent se positionner sur les actifs plus risqués, ce que la stratégiste juge peu vraisemblable tant que la Fed continue à augmenter les taux, même de manière modérée.

Le top 5

Le top 5 de la semaine est consacré à la catégorie Morningstar des titres du Trésor américain libellés en USD ; le classement liste les cinq fonds ayant affiché la meilleure performance sur les onze premiers mois de 2022.

Sans surprise, tous ces fonds ciblent les obligations à taux variable ou à échéance courte, au vu de leur plus faible sensibilité aux taux d’intérêt. L’impact des effets de change saute aussi immédiatement aux yeux.

La première place revient à un fonds obligataire de WisdomTree ciblant les bons du Trésor américain à taux variable, un ETF qui a généré un beau rendement de 12,2 % en euros depuis le début de l’année. L’ETF WisdomTree USD Floating Rate Treasury Bond UCITS réplique l’indice Bloomberg Barclays U.S. Treasury Floating Rate Bond, qui mesure la performance des obligations à taux variable émises par le Trésor américain. Ces titres ne sont pas repris par les indices Bloomberg US et Global Aggregate, qui ne couvrent que les titres à revenu fixe.

À la différence de la dette souveraine américaine affichant un coupon fixe, ces titres ont un coupon ajusté chaque semaine sur la base des plus récentes adjudications pour les titres américains. Le rendement reflète donc plus fidèlement l’évolution des taux américains à court terme, puisque le coupon est lié à l’évolution des taux. 

L’ETF iShares USD Treasury Bond 1-3yr UCITS, proposé par Lyxor et UBS, permet aux investisseurs de s’exposer aux titres souverains américains à échéance courte. Son indice sous-jacent, le Bloomberg US Treasury 1-3 Year, affiche un rendement de 6 % depuis le début de l’année (en euros), tandis que le Bloomberg US Treasury 10+ Year a perdu 19,4 % sur la même période. 

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