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Après avoir été longtemps honni par les investisseurs, l’or noir s’est imposé comme le seul refuge en 2022, alors que le marché subissait une inflation galopante. Mais malgré les éclatants bénéfices des compagnies pétrolières et gazières, les opérateurs ne se risquent pas massivement à (ré)investir le secteur énergétique.

Dans un scénario qu’aucun investisseur n’aurait probablement jugé possible, les cours pétroliers étaient brièvement devenus négatifs le 20 avril 2020, lorsqu’il apparut que l’épidémie de coronavirus évoluait vers une pandémie susceptible de réduire quasiment à néant la demande de pétrole. Au premier trimestre 2020, le MSCI World/Energy avait ainsi cédé plus de 40 % sous l’effet des confinements. Il a terminé l’année sur une perte record de 37 %. Les perspectives de certaines compagnies pétrolières et gazières s’étaient fortement voilées, les dividendes royaux avait dû être abaissés ou supprimés et la révolution verte jetait de plus en plus l’opprobre sur la consommation de combustibles fossiles. Contraints d’appliquer des critères de durabilité plus stricts, les investisseurs se mirent de plus en plus à bouder le secteur. Ce dernier semblait condamné.

Mais la roue a tourné pour les géants pétroliers alors voués aux gémonies. Des sous-investissements structurels, les mesures coordonnées prises par les membres du cartel Opep+, le fort rebond de l’activité économique après les confinements et l’impact majeur de l’invasion russe en Ukraine sur le marché pétrolier et gazier ont propulsé les bénéfices des majors à des records.

Ainsi, au troisième trimestre 2022, ExxonMobil a généré un bénéfice de près de 20 milliards de dollars, le plus important de ses 152 années d’existence. Chevron a publié son deuxième plus important résultat net de l’histoire, Equinor a relevé son dividende spécial et BP a annoncé son intention de racheter davantage d’actions après le doublement de son bénéfice. 

Toutefois, la nette hausse des coûts énergétiques joue un rôle important dans l’inflation, qui atteint des niveaux inégalés depuis plusieurs décennies et les dirigeants politiques entendent bien s’attaquer au problème. Ainsi, Joe Biden, qui souhaitait notamment redorer son blason avant les élections de mi-mandat aux États-Unis, a tenté, lors de sa visite en Arabie saoudite, de faire reporter la réduction de production prévue par les membres de l’Opep+. Son rival Donald Trump avait adopté la même tactique en 2018, en tweetant avant les mid-terms : « Le monopole de l’Opep doit faire baisser les prix ! » Mais aucun des deux ne fut écouté.

Du fait des bénéfices record générés dans un contexte de troubles géopolitiques, le secteur est dans le viseur du monde politique. Joe Biden a qualifié les bénéfices d’excessifs et demandé une imposition plus importante pour les profiteurs de guerre, ce qui est déjà acté en Europe. Bruxelles a en effet introduit une « contribution de solidarité » de 33 % sur les surbénéfices. Le Royaume-Uni avait lancé un impôt similaire en mai, et la déclaration budgétaire d’automne l’a relevé de 25 à 35 % et prolongé de fin 2025 à mars 2028.

Mais ces pressions politiques n’ont pas encore réussi à ternir le sentiment pour les actions énergétiques. Entre début janvier et fin octobre, le MSCI World Energy a gagné pas moins de 68 %. Il s’était déjà fortement redressé en 2021, avec une progression de 50 %. Depuis son plancher d’octobre 2020, le rendement cumulé atteint près de 225 %. Malgré ces performances extraordinaires, les investisseurs ne se ruent pas vraiment sur les actions énergétiques. Seul le premier trimestre de 2022 a été marqué par une collecte nette, mais les flux sortants ont largement compensé au cours des six mois qui ont suivi et le secteur semble avoir définitivement perdu grâce aux yeux des investisseurs.

La première place du top 5 des fonds d’investissement actifs dans la catégorie Morningstar du secteur énergétique, sur la base du rendement entre début janvier et fin octobre 2022, revient au BGF World Energy, avec une avancée de 66,36 %. Le fonds, noté neutre par les analystes de Morningstar, est géré par Alastair Bishop et Mark Hume, qui travaillent ensemble depuis mars 2018.

Spécialisé dans les énergies renouvelables et propres, Alastair Bishop pilote le fonds depuis 2015.  Mark Hume apporte une expérience complémentaire, dans la mesure où il a consacré sa carrière aux grandes capitalisations du secteur énergétiques. Tao Ly, analyste qui a rejoint le duo en 2021, peut pour sa part se targuer de dix années d’expérience dans le secteur énergétique. Les gérants adoptent une approche flexible de la génération d’idées d’investissement, et associent analyses top-down et bottom-up. En raison de la forte concentration du secteur, dominé par une poignée d’acteurs, les gérants ont du mal à maintenir la part de gestion active, qui fluctue, depuis la création du fonds, autour de 40 %. Si l’équipe peut puiser dans toutes les capitalisations, les investissements dans des petites entreprises sont plus difficiles à mettre en œuvre du point de vue de la liquidité. Le fonds a pleinement tiré parti des hausses de cours en 2022, notamment grâce à son exposition à Hess Corp, Tourmaline Oil Corp, Kosmos Energy et Devon Energy, dont les cours ont plus que doublé.

Le fonds NN (L) Energy occupe la deuxième place. Il a lui aussi profité des envolées de cours spectaculaires des majors intégrées telles que ExxonMobil, Chevron et BP, mais aussi des positions dans les services parapétroliers tels que Schlumberger et Halliburton, dans l’exploration et la production, avec Magnolia Oil & Gas Corp ou encore EOG Resources, ainsi que le raffinage et la commercialisation (Valero Energy, Marathon Petroleum). 

BE

 

Name

Total Ret YTD (Mo-End) EUR

Total Ret Annlzd 3 Yr (Mo-End) EUR

Std Dev 3 Yr (Mo-End) EUR

Morningstar Analyst Rating

Morningstar Rating Overall

ISIN

BGF World Energy Fund

65,26

20,70

38,22

***

LU0122376428

NN (L) Energy

64,98

14,36

38,76

 

***

LU0332193696

GS NA Engy & Engy Infras Eq Port

62,03

22,41

37,70

 

*****

LU1070591646

PIMCO GIS MLP & Energy Infrastructure Fd

51,09

16,25

42,06

 

**

IE00BRS5SV26

Schroder ISF Global Energy

50,23

19,42

56,07

 

*

LU0374901568

 

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