
Les turbulences qui ont frappé les marchés financiers au cours des six premiers mois de 2020 ont eu des retombées sur les rentrées d’argents dans les fonds d’investissement. Si la pandémie de coronavirus a induit une vague de ventes historique, la vitesse à laquelle les investisseurs ont perdu leur appétence au risque au cours du deuxième trimestre de 2020 est également impressionnante.
C’est ce qu’écrit Jeffrey Schumacher (Morningstar) dans sa contribution à Fondsnieuws cette semaine. En ce qui concerne les flux des fonds, c’est le mois de mars qui a dominé au premier trimestre, révèle son analyse.
En janvier et février, les flux au sein des fonds d’investissement européens – actifs et passifs confondus – sont positifs. Le total des rentrées nettes s’élevait ainsi à plus de 100 milliards d’euros. En mars, alors que les marchés boursiers touchaient le fond, les investisseurs ont paniqué et revendu leurs fonds en masse, engendrant une sortie record de 253,8 milliards d’euros en un mois seulement.
Jeffrey Schumacher : « Il en a résulté une sortie nette de 150,2 milliards d’euros pour les fonds d’investissements européens au premier trimestre : le pire trimestre pour le secteur des fonds depuis que Morningstar a commencé à recueillir des données sur les flux de fonds pour le marché européen en 2007. »
La majeure partie de ces sorties, 146 milliards d’euros, a principalement touché les fonds actifs dont les investisseurs se sont défaits en masse. Les ventes concernaient principalement des fonds obligataires, mais les stratégies alternatives ont elles aussi perdu leur popularité.
Les ETF n’ont pas non plus échappé au malaise : avec une sortie de 21,9 milliards d’euros, un nouveau creux s’est confirmé, battant à plates coutures le précédent record négatif de 8,3 milliards d’euros de sorties en août 2019, alors que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine menaçait d’éclater.
Deuxième trimestre
Malgré ce fameux revers subi au premier trimestre, les bourses ont rapidement repris du poil de la bête, après que les banques centrales aient mobilisé tous leurs efforts pour aider l’économie mondiale à se remettre de la pandémie. Jeffrey Schumacher : “Ce soulagement s’est aussi clairement traduit dans les flux des fonds au deuxième trimestre. Près de 165 milliards d’euros ont été injectés dans des fonds d’investissement européens au trimestre passé, qui se classe ainsi parmi les 10 trimestres affichant les plus gros afflux de capitaux depuis 2007. »
Les rentrées massives impliquent également un solde positif de 14,7 milliards d’euros pour les flux de fonds nets sur le premier semestre.
Au deuxième trimestre, ce sont surtout les fonds actifs qui ont profité du regain de confiance des investisseurs. Jeffrey Schumacher : « Ils ont souscrit pour 118 milliards d’euros en fonds actifs, contre 47 milliards dans des fonds passifs. Les catégories les plus prisées au trimestre dernier ne sont pas les secteurs qui ont le plus souffert au premier trimestre. Les investisseurs ont certes privilégié les fonds fixed-income, mais les catégories qui ont profité des plus grosses rentrées parmi les fonds actifs sont les segments qui ont été relativement performants pendant la crise du coronavirus : les actions de croissances internationales large-cap et les secteurs technologique et des soins de santé.”
En examinant la situation au niveau des gestionnaires de fonds, l’analyste constate qu’iShares tire clairement son épingle du jeu au premier semestre. « Si le fournisseur de fonds passifs enregistrait encore une sortie de 1,3 milliards d’euros durant le premier trimestre, les fonds d’iShares ont été de loin les plus populaires auprès des investisseurs au cours du trimestre suivant », précise-t-il. « Avec un afflux net de 19,6 milliards d’euros durant les trois derniers mois, le PIMCO (13 milliards) et BlackRock (10,4 milliards) conservent largement la tête. Le gestionnaire de fonds alimente ainsi le top 5 avec un afflux net de 18,3 milliards d’euros sur le premier semestre de 2020. »
Les produits fixed income d’iShares, en particulier, ont eu le vent en poupe, estime Jeffrey Schumacher. « Ces instruments ont représenté la moitié des rentrées nettes, tandis que les fonds d’actions et les matières premières représentaient chacun un quart du total. Les investisseurs ont alloué la plupart de leurs avoirs dans des ETF corporate bond. En ce qui concerte les stratégies d’actions, les ETF ont décroché la meilleure cote de popularité sur les indices NASDAQ 100, FTSE 100 et USA SRI. »
JP Morgan se classe à la deuxième place. Le gestionnaire de fonds a su réaliser des rentrées durant les deux trimestres mais, relève Jeffrey Schumacher, les 9,6 milliards d’euros engrangés au deuxième trimestre sont les principaux responsables de l’afflux net de plus de 10 milliards d’euros du premier semestre. « La majeure partie des rentrées était ici aussi représentée par des fonds fixed income, alors que le gestionnaire de fonds a pu clôturer le premier semestre, tant pour les fonds actifs que passifs, avec des rentrées. JPM Income, JPM Global High Yield Bond et JPM Global Corporate Bond ont rapporté ensemble 7,5 milliards d’euros et constituent de ce fait les fonds les plus fructueux. Du côté des actions, les flux des fonds ont été bien moins importants, avec 653 millions en entrées pour JPM US Technology, 631 millions pour JPM Asia Growth et 595 millions pour JPM US Growth. »
À la troisième place on trouve UBS qui, avec un afflux net de 5,2 milliards d’euros au premier trimestre et de 4 milliards d’euros au deuxième trimestre, affiche un schéma très uniforme de flux de fonds. Jeffrey Schumacher : « Les bons résultats sont en grande partie dus aux produits fixed income du gestionnaire de fonds. Les 12 milliards d’euros générés par cette classe d’actifs ont compensé les sorties nettes de 2,6 milliards dans les fonds d’actions. Les investisseurs ont privilégié divers fonds obligataires, allant des obligations d’État américaines aux high yield et aux fonds d’obligations durables. »
Le top 5 sur base des rentrées nettes pour les fonds d’investissement européens sur le premier semestre de 2020, actifs et passifs confondus :
|
Estimated Net Flow (€Mil) |
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Name |
YTD |
QTD |
1-Yr |
iShares |
18,333 |
19,646 |
51,574 |
JPMorgan |
10,097 |
9,600 |
19,828 |
UBS |
9,249 |
4,056 |
19,317 |
Vanguard |
8,957 |
2,002 |
24,197 |
Fidelity |
6,576 |
5,087 |
14,836 |