Ces dernières années, les obligations à haut rendement ont été les grandes bénéficiaires de la quête de rendement. Mais un retournement de tendance s’est opéré sous l’effet d’une combinaison inédite de chocs externes, dont le plus important est sans conteste la pandémie de Covid-19. Le top 5 de cette semaine présente les fonds obligataires à haut rendement en euros affichant les moins bonnes performances depuis le début d’année.
Après l’annonce du programme de rachat d’obligations par la Banque centrale européenne, les investisseurs obligataires, davantage enclins à prendre des risques, s’étaient lancés dans une véritable quête de rendement. Mais cette tendance vient de prendre fin : la pandémie de Covid-19, la dégringolade du pétrole, l’aversion croissante pour le risque partout dans le monde et la perspective d’une récession planétaire ont fait plonger les obligations à haut rendement en euros. Au premier trimestre 2020, la catégorie a abandonné près de 14 % – contre une hausse de plus de 4 % au premier trimestre 2019.
« Si l’on compare l’évolution des spreads fin mars 2020 (quelque 800 pb) à celle de l’année précédente (près de 300 pb), le facteur de hausse est de 2,7 – même si l’on est encore bien loin du record précédent de 2008, lorsque le spread avait atteint quelque 2000 points de base », écrit Jeroen Siecker, analyste chez Morningstar.
« En termes de secteurs les plus touchés au premier trimestre 2020, l’on constate que les prêts subordonnés, comme le capital hybride d’une banque (très lié aux capitaux propres), ont subi des dégagements massifs – un phénomène surtout lié à la recommandation pressante de la BCE de reporter le versement de dividendes. »
Le secteur aérien a aussi été particulièrement touché. Les mesures prises pour limiter la propagation du virus ont cloué la plupart des avions au sol et les recettes des compagnies aériennes ont nettement diminué. « Au vu du risque de défaut qui plane, la dette des compagnies aériennes se négocie avec une prime de risque dépassant souvent les 1000 points de base. Le secteur automobile, fournisseurs compris, a été la lanterne rouge de mars, puisque de nombreux constructeurs automobiles ont totalement interrompu leur activité », explique Jeroen Siecker.
Les gérants d’actifs qui avaient surpondéré le secteur énergétique dans leur portefeuille d’obligations à haut rendement en euros ont quant à eux subi le dévissage de l’or noir après l’absence d’accord à l’OPEP. La volatilité va rester élevée, car les marchés tablent sur une révision à la baisse de la note de crédit de nombreuses obligations BBB. À titre de comparaison, le marché mondial des emprunts notés BBB a augmenté cinq fois plus vite que celui du haut rendement mondial depuis 2008.
En outre, les investisseurs risquent de s’inquiéter de l’illiquidité suscitée par l’incapacité des entreprises à verser un coupon. Or, si le coupon n’est pas versé après 30 jours, l’émetteur fait défaut et la prime de risque augmente, ce qui se traduit par un recul du cours de l’obligation. Un effet boule de neige peut apparaître, car les investisseurs peuvent se trouver contraints de vendre pour rester dans leur budget de risque.
Ces incertitudes les conduisent à privilégier la sécurité et à céder leurs positions sur la catégorie d’actifs. Ainsi, au premier trimestre 2020, la catégorie Morningstar des obligations à haut rendement en euros a affiché une décollecte de près de 5 milliards d’euros.
Le top 5 de cette semaine présente les fonds d’investissement affichant les moins bonnes performances de la catégorie des obligations à haut rendement en euros, sur la base de leur rendement depuis le début de l’année (de janvier à fin mars 2020).
Morgan Stanley INVF European HY Bond
La lanterne rouge du classement est le fonds Morgan Stanley INVF European HY Bond, assorti d’une notation Morningstar Analyst Rating Bronze. Fin mars 2020, le fonds était très exposé aux emprunts subordonnés des banques. Il affichait donc un bêta plus élevé (1,25) que l’indice de référence, si bien qu’il a été plus fortement touché. Les entreprises du secteur des jeux et loisirs sont en outre très affectées par la pandémie de Covid-19, car de nombreuses entreprises ne peuvent fonctionner normalement du fait des mesures prises.
Le gérant principal du portefeuille, Leon Grenyer, peut se targuer de plus de deux décennies d’expérience et s’appuie sur les compétences de la co-gérante, Sarah Harrison. Tous deux font partie d’une équipe internationale de 35 personnes affichant en moyenne plus de 15 années d’expérience. L’équipe de crédit compte 19 analystes répartis par secteur, avec pour chacun un pôle investment grade et un pôle haut rendement. Chaque analyste suit en moyenne 40 à 60 entreprises. Le fonds adopte une approche axée sur la valeur pour la sélection des obligations à haut rendement, et combine analyse macroéconomique top-down et analyse de crédit bottom-up.
Fund Standard Name | Morningstar Category | Total Ret YTD (Mo-End) EUR | Total Ret Annlzd 3 Yr (Mo-End) EUR | Std Dev 3 Yr (Mo-End) EUR | Morningstar Analyst Rating |
MS INVF European HY Bd Fd | EAA Fund EUR High Yield Bond | -19,13 | -4,13 | 10,67 | Bronze |
AB Euro High Yield Portfolio | EAA Fund EUR High Yield Bond | -18,44 | -3,93 | 10,43 | |
Nomura Fds European High Yield Bond Fund | EAA Fund EUR High Yield Bond | -18,32 | |||
GS Europe High Yield Bond Portfolio | EAA Fund EUR High Yield Bond | -17,82 | -3,49 | 10,40 | |
Schroder ISF EURO High Yield | EAA Fund EUR High Yield Bond | -17,51 | -4,20 | 10,49 |