2022 est pour l’instant une année difficile, tant pour les marchés d’actions que d’obligations. La vague inflationniste qui a déferlé sur la planète a mis un terme à la souplesse monétaire qui prévalait et les dirigeants n’ont pas eu d’autre choix que de relever les taux et de réduire leurs programmes de rachats d’emprunts.
Les banques centrales sont bien déterminées à faire de la lutte contre l’inflation leur priorité absolue, même si cela accroît la probabilité d’une récession. Par leurs tours de vis agressifs, elles essaient de brider les anticipations inflationnistes et semblent faire peu de cas de la réaction des marchés financiers. Que les investisseurs se le tiennent pour dit…
Plongeon simultané
Les fonds mixtes sont à la peine depuis le début de l’année, car la corrélation entre les actions et les obligations est devenue positive depuis 2021. Par conséquent, les actions et les obligations de ces portefeuilles ont connu des pertes importantes.
Il est intéressant de noter que tous les fonds ont connu des reculs comparables, indépendamment de leur niveau de risque. Les fonds défensifs mixtes internationaux de la catégorie Morningstar Allocation EUR prudente – International ont cédé en moyenne 8,5 %, contre un recul de 10 % pour l’équivalent neutre et de 10,8 % pour l’allocation offensive.
Cela a probablement surpris de nombreux investisseurs, qui estimaient que les fonds mixtes les moins exposés aux actions (et comportant une part plus importante de revenu fixe) seraient à même de mieux limiter les pertes en période de turbulences sur les marchés, comme cela avait été le cas pendant la vague de cessions du premier trimestre de 2020. Au cours de cette période, les différences avaient été plus marquées, avec une perte de 8,1 % pour les fonds de la catégorie défensive et une correction respective de 12,2 et 16,3 points de pourcentage pour les allocations neutres et agressives.
Duration moindre
Entre début janvier et fin août 2022, l’indice Morningstar Euro Cautious Global Target Allocation a abandonné 9,9 %, soit davantage que l’indice éponyme axé sur l’allocation neutre (-9 %) et agressive (-8,4 %). La différence avec les moyennes des différentes catégories (où les rapports sont donc inversés) s’explique en grande partie par le fait que de nombreux investisseurs actifs avaient, l’an dernier, anticipé les relèvements de taux en abaissant la duration. L’allocation défensive moyenne surpondère actuellement les échéances courtes, par rapport à l’indice, et ce biais général est favorable dans un contexte de forte correction des emprunts d’État.
Vents contraires pour les actions de croissance
Les gérants actifs se sont une nouvelle fois distingués en privilégiant la valeur à la croissance, ou en s’exposant au dollar ou aux matières premières. Le fonds mixte DWS Concept Kaldemorgen, par exemple, a ainsi tiré son épingle du jeu, avec un recul de 1,6 % seulement depuis le début de l’année, qui s’explique par la décision prise par Klaus Kaldemorgen d’abaisser l’exposition aux actions de croissance et cycliques et d’étoffer les positions dans les titres défensifs. L’or, la prédilection pour le dollar et la duration faible ont également porté la stratégie sur les huit premiers mois de l’année. (Le fonds appartenant à la catégorie Morningstar Allocation EUR flexible — International, il n’a pas été repris dans le classement ci-dessous.)
Le top 5
Le top 5 de la semaine est consacré à la catégorie Morningstar Allocation EUR prudente — International. Le classement liste les cinq fonds ayant affiché la meilleure performance sur les huit premiers mois de 2022.
La première place revient au fonds Fidelity SMART Global Defensive, avec une avancée de 0,8 % depuis début janvier pour la catégorie de parts Y Acc EUR. L’allocation entre les différentes catégories d’actifs s’effectue sur la base de la volatilité. Le fonds utilise un modèle quantitatif propre pour la déterminer, et cible une volatilité de 2 à 5 % par an. En outre, les gérants Eugene Philalithis et Rahul Srivatsa s’efforcent de créer de la valeur en investissant dans des stratégies conçues pour générer de bons résultats, tant dans les phases haussières que baissières du marché. Eugene Philalithis est bien connu des analystes de Morningstar, qui lui ont décerné, ainsi qu’à son équipe, une évaluation positive (notation Bronze) pour sa stratégie multi-actifs. Quant à Rahul Srivatsa, il se concentre sur la recherche et l’analyse quantitative, outre la gestion du portefeuille.
Le fonds peut investir jusqu’à 40 % de son actif en actions, et jusqu’à 100 % en obligations souveraines, d’entreprises, liées à l’inflation ou des marchés émergents. Au maximum 40 % de l’actif peut être investi en emprunts à haut rendement et 10 % en titres de dette hybrides (obligations convertibles, notamment). Fin mai 2022, 6,2 % des actifs seulement étaient investis en actions, tandis que les obligations indexées sur l’inflation, d’une part, et les emprunts souverains et produits dérivés liés, d’autre part, représentaient chacun un tiers du portefeuille. Environ 10 % du portefeuille est investi dans des fonds internes, mais surtout externes, et des ETF. Le fonds alterne années fastes et un peu moins fastes, mais a terminé, fin août 2022, dans le premier décile de la catégorie Morningstar Allocation EUR prudente — International sur les cinq et dix dernières années.
La deuxième place revient au fonds AXA World Funds – Global Income Generation, géré depuis 2015 par Andrew Etherington et Frédérique Maherault. Le premier peut se targuer de près de 10 années chez AXA ; jusqu’en 2012, il travaillait chez Natixis. La deuxième, spécialiste des obligations, gère des portefeuilles chez AXA depuis 1999. Les deux gérants sont basés à Paris.
À l’inverse de Fidelity, le portefeuille avait investi près de 29 % de son actif en actions fin août 2022. Il s’agissait principalement de grandes capitalisations, avec une surexposition à la finance et aux soins de santé, mais aussi à l’immobilier et aux matériaux de base. Le secteur technologique était en revanche sous-représenté. Au sein de la composante obligataire, 23 % du portefeuille est composé d’obligations d’entreprises investment grade et 26 % d’emprunts à haut rendement et des marchés émergents. Le fonds est largement sous-exposé aux obligations souveraines et affiche une notation de crédit moyenne de BBB —, et une duration modifiée de 3,2.
BE