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Comment fait-on émerger en l’espace de quatre semaines une entreprise qui atteint une valorisation de 200 millions d’euros ? Guillaume Lample, Arthur Mensch et Timothée Lacroix vous l’expliquent. Ces trois trentenaires experts de l’intelligence artificielle (IA), anciens collaborateurs de Meta et Google, ont fondé une start-up prometteuse, Mistral AI. Leur premier tour de table leur a permis de lever 105 millions d’euros, un record européen, pour développer ce qui promet d’être le concurrent français d’OpenAI, le développeur de ChatGPT, dans lequel Microsoft a investi massivement. 

Cet exemple souligne le fort intérêt pour les solutions et outils qui s’appuient sur l’intelligence artificielle. Il était clair depuis quelque temps déjà que l’intelligence artificielle allait jouer un rôle important à l’avenir, qu’elle permettrait l’émergence d’innovations disruptives à plusieurs égards, mais le lancement de ChatGPT, en novembre 2022, est une véritable révolution qui a donné le signal d’une course à l’IA. En quelques semaines seulement, le chatbot révolutionnaire est passé de zéro à 100 millions d’utilisateurs ; c’est une évolution bien plus rapide que pour les autres applications. Il a ainsi fallu 50 mois à WhatsApp, et 2,5 années à Instagram, pour atteindre 100 millions d’utilisateurs.

Et les start-ups ne sont pas les seules à miser sur l’intelligence artificielle : de Google à Alibaba, les grands géants technologiques ont tous annoncé travailler sur leur propre version d’un chatbot basé sur l’IA. Les entreprises réalisent qu’elles se trouvent à un tournant en matière de technologie, où les solutions d’IA générative, le « big data » et le cloud vont jouer un rôle déterminant. Mais le développement de telles applications est loin d’être une sinécure et demande des années pour former le modèle, tout en nécessitant des ensembles de données de taille importante et de bonne qualité, ainsi qu’une énorme puissance de calcul.

Cette dernière suscite une demande irrassasiable pour des puces avancées dans les applications IA, qui profite particulièrement à l’industrie des semi-conducteurs, avec en figure de proue Nvidia. La demande de puces pour centres de données de Nvidia a explosé et l’entreprise confirme sa position de leader du marché avec les nouvelles versions de ses puces H100, extrêmement puissantes. Fin mai, elle a présenté ses résultats et ses prévisions, qui ont largement dépassé les attentes. Par conséquent, la valorisation a bondi de 200 milliards de dollars. Cet enthousiasme qui ne faiblit pas a propulsé Nvidia dans le club très fermé des sociétés dont la capitalisation boursière dépasse les 1000 milliards de dollars.

Si les possibilités de l’IA semblent infinies, l’usage de l’intelligence artificielle va toutefois bientôt être réglementé. Mercredi dernier, le Parlement européen a proposé une loi visant à assurer un usage responsable de l’IA, tout en garantissant la confidentialité des données. Ainsi, le recours à l’IA pour la reconnaissance biométrique a été interdite, tout comme les systèmes analysant le comportement des citoyens et permettant de les évaluer. ChatGPT avait déjà été temporairement suspendu en Italie, car la gestion des données personnelles par le chatbot n’avait pas été jugée assez claire. 

Faisant fi de ces questions de régulation, les investisseurs sont extrêmement enthousiastes concernant les opportunités offertes par l’intelligence artificielle, et se ruent sur les actions des entreprises susceptibles d’en profiter. L’action de l’américain C3.ai a ainsi gagné 280 % déjà depuis le début de l’année en euros, tandis que Nvidia, après son récent bond, vaut 177 % de plus que l’an dernier. Ces chiffres contrastent fortement avec les pertes respectives de 62 % et 47 % enregistrées par ces titres en 2022, sur fond d’inquiétudes relatives aux investissements dans les centres de données et au déclin du l’industrie du jeu.

L’intelligence artificielle entre dans le cadre de l’investissement thématique, une stratégie qui cible les évolutions à long terme, et a rapidement gagné en popularité. L’intérêt croissant pour l’investissement thématique, ces dernières années, s’est traduit par le lancement d’une multitude de fonds, dont des fonds technologiques qui ciblent l’IA, la robotique et d’autres technologies innovantes.

Toutefois, la subtilité des définitions thématiques, qui ne permet pas l’émergence d’un consensus, place l’investissement thématique devant un certain nombre de défis. En outre, les entreprises peuvent être exposées à différents thèmes du fait de leurs activités, ce qui accroît la complexité.

Pour surmonter ces défis, Morningstar a tout d’abord défini un cadre permettant de classer les fonds d’investissement thématiques en trois niveaux. La technologie, l’un des quatre mégathèmes, est divisée en 16 thèmes, dont « intelligence artificielle et big data ». Ce dernier est de nouveau scindé en sous-thèmes tels qu’intelligence artificielle, apprentissage profond et apprentissage automatisé. Le thème de chacun des fonds est déterminé sur la base de leur intentionnalité. Des techniques naturelles de traitement de la langue sont utilisées afin de déterminer cette intentionnalité, notamment sur la base du nom du fonds, mais aussi d’informations issues du prospectus, du support marketing et des données de Morningstar Direct.

Afin d’évaluer la pureté des portefeuilles thématiques par rapport au thème, Morningstar a développé une nouvelle méthodologie qui permet de décerner un Consensus Purity Score compris entre 0 et 1. Ce score est attribué au niveau des actions, en tenant compte de la fréquence de classement d’une action donnée dans un certain thème au sein des portefeuilles des fonds (avec une correction pour tenir compte des actions classées dans plusieurs thèmes) ainsi que des associations entre cette action et le thème. Pour cela, un organisme de PNL scanne des informations (investissements de capitaux réalisés, fusions et acquisitions ou encore développement de produits) de diverses sources, et notamment des publications d’entreprises, les descriptions de ces dernières, les actualités et les chiffres d’affaires par segment. Le Consensus Purity Score est agrégé au niveau du portefeuille, en fonction des positions de portefeuille et de leur pondération dans ce dernier.

Le top 5 de cette semaine est établi sur la base du Consensus Purity Score, au niveau du portefeuille, pour les fonds d’investissement appartenant à la catégorie Intelligence artificielle et big data. C’est le fonds Echiquier Artificial Intelligence qui présente l’exposition la plus pure au thème, avec un score de 0,93. Son portefeuille compte 33 actions et des positions dans les plus grandes entreprises technologiques, dont Amazon, Nvidia et Microsoft. Des acteurs plus petits, tels que Datadog, Palantir Technologies ou Alteryx, figurent aussi en portefeuille. Avec une progression de plus de 32 %, le portefeuille a déjà bien profité de l’intérêt pour les entreprises liées à l’IA.

Belgique (top 3, car l’offre au sein du thème est limitée)

Nom du fonds

Consensus Purity Score

Rendement total depuis le début d’année (fin de mois) EUR

Rendement total annualisé sur 3 ans (fin de mois) EUR

Écart-type sur 3 ans (fin de mois) EUR

Morningstar Medalist Rating

Morningstar Rating Overall

Code ISIN

Echiquier Artificial Intelligence

0,93

32,82

-2,73

32,16

Neutral

*

LU1819479939

DWS Invest Artificial Intelligence

0,87

28,04

8,87

19,64

Neutral

***

LU1863263429

ODDO BHF Artificial Intelligence

0,77

26,06

7,85

18,76

Bronze

***

LU1833933325

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