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Les turbulences du premier semestre ont été sensibles au niveau des flux de fonds. Les six premiers mois de l’année ont surtout été marqués par un regain d’intérêt pour les fonds obligataires, un engouement pour les marchés émergents et une part de marché croissante des stratégies passives.

Pimco, l’un des plus grands gestionnaires américains d’obligations, titrait en janvier : Bonds are Back (« le retour des obligations »). Les tours de vis agressifs donnés par les banques centrales du monde entier ont entraîné une augmentation des rendements, qui a à son tour renforcé l’attrait des emprunts. Du fait de leur rémunération plus importante, mais aussi du spectre de la récession, les obligations sont ainsi devenues une alternative intéressante aux actions. Les rendements initiaux sont bien plus élevés qu’auparavant, alors que l’on pensait qu’aucun placement ne pouvait offrir un rendement similaire à celui des valeurs boursières.

Et les investisseurs semblent convaincus, à en juger par l’importante collecte des fonds obligataires sur les six premiers mois de 2023. Après une année 2022 compliquée, où les fonds obligataires actifs et passifs avaient enregistré des flux sortants de 89 milliards d’euros, les investisseurs ont semblé redécouvrir le revenu fixe, comme en témoigne la collecte nette de 102 milliards d’euros enregistrée dans la sphère. La catégorie Morningstar des obligations à échéance a été la plus en verve, avec plus de 30 milliards d’euros de flux entrants, dont ont profité de nombreux fonds espagnols. Les investisseurs se sont aussi intéressés aux fonds ciblant la dette souveraine et le crédit européens, avec des flux entrants respectifs de 14 et 13 milliards d’euros, soit une croissance organique de 20 % environ. Pour les emprunts d’État européens, le premier semestre de 2023 a été le plus fructueux depuis 15 ans.

De l’autre côté du spectre, les fonds d’actions, après avoir beaucoup fluctué, ont vu leur encours progresser de 17 milliards d’euros sur les six premiers mois de l’année. Les investisseurs étaient avides de placer leur capital dans des actifs risqués au premier trimestre, si bien que la collecte nette a atteint 32 milliards d’euros. Un revirement s’est toutefois opéré au deuxième trimestre, avec une décollecte avoisinant les 15 milliards d’euros. 

Une étude plus détaillée des catégories Morningstar sous-jacentes montre que les opérateurs ont anticipé un redressement des cours des marchés émergents. Malgré ses faibles valorisations et ses perspectives de croissance plus intéressantes, la région n’est parvenue à dépasser la sphère développée que quatre fois au cours des dix dernières années civiles. En 2023 aussi, les marchés émergents sont à la traîne, et l’avancée de 7,85 % du MSCI EM fait pâle figure comparé au bond de 15,15 % enregistré par le MSCI World.

Ces résultats décevants n’ont pas empêché les investisseurs de placer des milliards d’euros dans les fonds ciblant les marchés émergents, égalant le record de 2010 pour la catégorie. Les stratégies les plus prisées ont été celles d’iShares, Amundi et UBS. Et les fonds axés sur la sphère émergente en général n’ont pas été les seuls à séduire les investisseurs ; la collecte de certains fonds ciblant spécifiquement certains pays a également été notable. La plus importante croissance organique est imputable à la catégorie des actions brésiliennes (+45 %), suivie par celle du Vietnam (+30 %) et de l’Europe émergente (+24 %). Avec une croissance organique supérieure à 7 %, l’Inde a aussi sa place dans le top 10.

Enfin, une mention spéciale revient aux fonds d’actions japonaises de grande capitalisation, avec une collecte de près de trois milliards d’euros au deuxième trimestre grâce à l’envolée du Nikkei, qui atteint son plus haut niveau en 33 ans. Ces fonds ont donc leur place sur le podium des catégories Morningstar affichant la plus forte collecte du trimestre.

Regardons maintenant quels gestionnaires ont le mieux su tirer profit de ce revirement de tendance. Le top 5 de cette semaine se base sur la collecte nette, sur le premier semestre de 2023, à la fois pour les fonds actifs et passifs européens.

C’est, de loin, iShares qui prend la tête du classement ; ses ETF ont bénéficié d’une collecte totale de 33,8 milliards d’euros, avec 14,5 milliards pour les trackers sur actions et 18,6 milliards pour les ETF obligataires. Les investisseurs ont jeté leur dévolu sur l’ETF iShares Core MSCI World et l’ETF iShares Core MSCI EM IMI, mais aussi sur des fonds axés sur le revenu fixe. Ainsi, l’ETF iShares Core € Corporate Bond a profité d’une collecte de 3,8 milliards d’euros, soit une croissance organique de 73 %. Une vaste gamme de trackers à revenu fixe, couvrant aussi bien les obligations des marchés émergents que les emprunts à taux fixe, a été plébiscitée.

Vanguard prend la deuxième place du classement, avec une collecte nette de 14,5 milliards d’euros, bien plus réduite. Là aussi les fonds passifs ont rencontré plus de succès, mais ceux ciblant les actions ont affiché une collecte légèrement supérieure à celle du revenu fixe. Notons les flux importants dont a bénéficié l’ETF Vanguard U.S. Treasury 0-1 Year Bond. Resté dans l’ombre depuis sa création, en 2020, l’ETF a été redécouvert ces quatre derniers mois, ce qui s’est traduit par une collecte nette de 1,3 milliard d’euros, soit une croissance organique de pas moins de 630 %.

La troisième place revient à M&G, dont la gamme de fonds à gestion active a bien commencé l’année 2023. Avec une collecte de 10,7 milliards au premier semestre, la maison pourrait bien terminer dans le vert, après cinq années consécutives de décollecte. Près de la moitié de cette collecte est imputable au fonds M&G (Lux) Asian Local Currency Bond, qui a recueilli 4,8 milliards d’euros. Le fonds M&G (Lux) Asian Corporate Bond a aussi fait belle figure, avec 1,9 milliard d’euros de collecte. Parmi les fonds d’actions, le M&G Japan a tiré profit des belles performances des actions japonaises, si bien que les flux entrants ont atteint près de 1,2 milliard d’euros.

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