Anu Narula
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Pour le top 5 de cette semaine, nous dévions un peu de l’approche habituelle. Au lieu d’établir un classement des fonds d’investissement d’une catégorie Morningstar spécifique, sur la base de leur rendement depuis le début de l’année, nous étudions l’ensemble des fonds obligataires (donc, aussi ceux portant sur les emprunts à haut rendement et des marchés émergents) distribués en Belgique, et les ordonnons sur la base de leur rendement annuel au cours de la décennie écoulée.

Premier constat : plus de la moitié des fonds entrant en ligne de compte n’ont pas d’historique remontant à dix ans. En outre, la plupart des fonds à gestion active affichent des performances inférieures à celles des fonds passifs comparables. Pour les fonds de la catégorie des obligations internationales, le Baromètre Actif/Passif pour l’Europe de Morningstar fait état d’un taux de succès de 33,8 % sur la décennie écoulée le 30 juin 2020. Mais dans la catégorie des emprunts d’État en euros, seuls 19,1 % de tous les fonds à gestion active ont devancé le rendement moyen, à pondération égale, des fonds passifs comparables ; le chiffre est de 8,1 % pour les obligations diversifiées en euros. La catégorie des obligations d’entreprises en euros a fait mieux (41,6 %). 

Le large indice Bloomberg Barclays Euro Aggregate Bond, composé à la fois d’emprunts d’État, d’obligations garanties et d’obligations d’entreprises ou d’émetteurs semi-publics, a généré un rendement annuel de 4,3 % en euros sur la décennie écoulée le 31 décembre 2020 ; pour son équivalent américain, la progression était de 4,8 % sur base comparable. Si l’on se penche sur les diverses catégories de risque, l’on voit que le Bloomberg Barclays Global Aggregate Corporate Bond a augmenté de 5,5 % sur base annuelle et l’ICE BofA Global High Yield Constrained, de 7,6 %. L’importance des taux de change apparaît clairement pour les investisseurs qui s’aventurent hors de leurs frontières. Ainsi, l’indice JP Morgan GBI Emerging Market Global Diversified (« GBI-EM »), référence la plus suivie pour les prêts des marchés émergents en devises locales, a dû se contenter d’un rendement annuel de 2,4 % seulement, alors que le JP Morgan EMBI Global Diversified (« EMBI »), indice de référence le plus souvent adopté pour la dette émergente en devises fortes, gagnait 7,2 % sur base annuelle, une performance similaire à celle du haut rendement international. 

Du fait de la croissance économique toujours décevante et des taux bas, le rendement des obligations sur la décennie écoulée est toutefois plus élevé qu’on ne l’attendait précédemment. La courbe des taux américains n’avait cependant pas été aussi raide depuis 2015, ce qui suggère que les investisseurs tablent sur un redressement de la croissance, mais aussi de l’inflation, ce qui pourrait bien brider l’ascension des prix obligataires. D’autres experts estiment cependant que la pression inflationniste ne sera que temporaire. Et l’histoire récente donne pour l’instant raison à ce dernier groupe. Après les mesures de relance prises en 2009, de nombreux économes craignaient une (hyper)inflation ; elle ne s’est toutefois jamais concrétisée. A l’inverse, les taux à long terme ont encore diminué malgré la dette croissante. Depuis près de quatre décennies, le marché obligataire est orienté à la hausse. 

La politique monétaire est également favorable aux obligations depuis de nombreuses années et peu de signes indiquent actuellement un changement à court ou moyen terme. Au contraire : si les innombrables mesures de relance ne parviennent toujours pas à créer de l’inflation, il est possible que les décideurs poursuivent leurs expérimentations. Dans la configuration actuelle, la Fed et la BCE peuvent octroyer des prêts, mais pas débourser directement des fonds. Si cela change, les banques centrales pourraient alors dépenser autant qu’elles le souhaitent. Si un tel changement de paradigme n’est pas encore à l’ordre du jour, il ne saurait être exclu à terme. 

Sans surprise, le top 5 des fonds obligataires actifs distribués en Belgique sur la base de leur rendement annualisé au cours de la décennie achevée le 31 décembre 2020 inclut principalement des fonds axés sur le haut rendement et la dette des marchés émergents.

La première place revient au fonds Principal High Yield, avec un rendement annuel de 7,2 % sur la période étudiée. La stratégie est gérée depuis novembre 2009 par un duo très expérimenté composé de Mark Denkinger et Darrin Smith, rejoints en 2013 par Joshua Rank. Par rapport à l’indice de référence, l’ICE BofA Global High Yield USD Hedged, les trois gérants surpondèrent actuellement les biens d’équipement et les médias et sont sous-exposés à l’immobilier et au secteur bancaire. Le fonds affiche aussi une sous-exposition de 19 % aux crédits notés BB et surpondère les emprunts plus risqués. L’équipe a récemment affirmé qu’elle allait maintenir la surexposition aux crédits notés B et étoffer les positions dans les secteurs affectés par la crise sanitaire. Au 31 décembre 2020, le portefeuille se composait pour les trois quarts (soit près de 20 % de plus que l’indice) de titres nord-américains. 

La deuxième place revient au fonds BlackRock BGF Global High Yield Bond. La stratégie, gérée depuis 2007 par James Keenan, a reçu une notation Neutral des analystes de Morningstar. Depuis 2015, trois autres gérants sont venus compléter l’équipe et adoptent une approche flexible. Si le positionnement est prudent lorsque les obligations plus risquées n’offrent pas une compensation adéquate, des décisions plus audacieuses sont prises quand des opportunités se présentent. Ainsi, entre décembre 2019 et mi-2020, la part des obligations d’entreprises investment grade a été relevée de 4,4 % à 10,9 %. BlackRock gérant actuellement plus de 50 milliards de dollars d’actifs sur le segment du haut rendement, l’univers d’investissement du fonds a été élargi et inclut désormais des titres investment grade, des CLO et des actions (avec un maximum de 10 %). Les gérants ont aussi recours aux ETF et aux swaps de défaut de crédit pour s’exposer rapidement au marché.

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