Anu Narula
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Si les investissements axés sur la valeur ont par le passé généré des résultats impressionnants, les récentes performances font parfois grincer des dents. Sur la décennie qui vient de s’écouler, les actions européennes de valeur sont restées dans l’ombre du marché dans son ensemble ; un plancher a même été atteint en 2020. Le dernier trimestre de l’année a toutefois apporté une lueur d’espoir, puisque ce style d’investissement a surperformé.

Pour Ronald van Genderen, analyste chez Morningstar, l’investissement axé sur la valeur subit actuellement les effets d’une décollecte et de liquidations liées à ses mauvaises performances. Mais un revirement pourrait être en train de s’opérer.

De nombreux investisseurs éminents doivent leur réputation à cette approche, qui consiste à cibler des actions faiblement valorisées, voire sous-valorisées. C’est notamment le cas de Benjamin Graham, le père de l’investissement valeur, de Warren Buffett, son meilleur élève et de Joel Greenblatt, investisseur fructueux et auteur de Le petit livre pour battre le marché. Si l’on considère les réussites liées à cette manière d’investir, il est difficile de ne pas s’enthousiasmer pour l’investissement axé sur la valeur.

Mais, rapidement, l’étude des performances du style par rapport au marché dans son ensemble sur la décennie écoulée dissipe les illusions. Sur les dix dernières années, l’indice MSCI Europe Value a affiché un rendement annuel moyen de 3,24 %, contre 6,03 % pour le MSCI Europe, plus large. Seules deux années civiles ont été marquées par une surperformance des actions de type valeur : 2013 et 2016.

Une année dramatique

Le style valeur achève en outre une année dramatique. L’indice européen des actions de valeur a en effet accusé un retard de 9,59 % par rapport au MSCI Europe. 2020 a ainsi été le pire cru de la décennie pour les investisseurs axés sur la valeur. Et pourtant, une lueur d’espoir est apparue : au dernier trimestre de l’année, les actions européennes de valeur ont repris quelques couleurs, avec une avancée de 15 %, contre un peu moins de 11 % pour le marché dans son ensemble. Malmenées au cours des neuf premiers mois de l’année, elles ont repris du poil de la bête en fin d’année. Les secteurs traditionnels tels que l’énergie, la finance et l’immobilier ont généré un rendement supérieur à la moyenne entre octobre et décembre.

Décollecte et liquidations

Les investisseurs semblent entretenir une relation très ambiguë vis-à-vis de ce style d’investissement. Fin 2007, ils avaient au total investi 38,5 milliards d’euros dans des fonds de la catégorie Morningstar des actions européennes de grande capitalisation axées sur la valeur. Avec la crise financière, l’actif investi a reculé à 17,6 milliards d’euros fin 2008, avant d’atteindre un étiage à quelque 15 milliards d’euros en 2011. Les actions de style valeur ont ensuite retrouvé grâce aux yeux des investisseurs et l’encours de ces fonds a atteint près de 35 milliards d’euros fin 2017. Mais la confiance a été de courte durée : fin décembre 2020, l’actif de ces fonds totalisait un peu plus de 20 milliards d’euros seulement.

Les sociétés de gestion ont réduit leur gamme de fonds axés sur la valeur. Si 104 fonds à gestion active investissaient encore dans des actions européennes de type valeur fin 2014, ce nombre a diminué chaque année depuis. Bien que de nouveaux fonds aient depuis fait leur apparition, le nombre de fonds fusionnés ou liquidés augmente d’année en année. Sur les six dernières années, 27 fonds ont disparu au total, et il en restait 77 fin janvier 2021.

Le top 5

Le top 5 de cette semaine, qui porte sur la catégorie Morningstar des fonds d’actions européennes de grandes capitalisations axées sur la valeur, tient compte des performances sur les 12 mois écoulés.

La deuxième place revient au fonds BGF European Value, noté Bronze par les analystes de Morningstar. Le fonds est géré depuis décembre 2010 par Brian Hall, un gérant compétent et expérimenté, selon Ronald van Genderen. 

Le 1er mars 2021, Brian Hall deviendra cogérant de deux fonds BlackRock axés sur les revenus d’actions, pilotés jusque-là uniquement par Andreas Zoellinger. Peter Hopkins, actuellement analyste actions, assistera alors Brian Hall pour la gestion du fonds European Value. Les deux cogérants pourront s’appuyer sur une vaste équipe de gérants et d’analystes se consacrant aux stratégies actions européennes actives chez BlackRock. 

Ronald van Genderen explique que l’approche de Brian Hall repose sur une classification en trois groupes : « les actions valeur stables, les actions valeur cycliques et les entreprises en redressement. Brian Hall fait preuve d’une certaine flexibilité et de pragmatisme dans son processus. Son portefeuille ne contient pas uniquement de titres affichant une décote par rapport à leur valeur intrinsèque : il y intègre, de temps à autre, une action de croissance sous-valorisée. C’est le cas par exemple d’Hexagon, une société technologique qui a fait partie des fleurons des 12 derniers mois. Mais les performances relativement bonnes de l’année écoulée s’expliquent majoritairement par les choix de titres du gérant dans les services aux collectivités, un secteur surpondéré, avec notamment EDP, Iberdrola et RWE. »

À la troisième place, l’on trouve le fonds Brandes European Value, noté Gold par les analystes de Morningstar. Brandes s’appuie sur une équipe d’experts en matière de gestion axée sur la valeur ; les cinq gérants responsables du fonds peuvent se targuer de 25 années d’expérience en moyenne. 

Ils mettent l’accent sur les titres affichant une décote par rapport à leur valeur intrinsèque, une approche rigoureusement appliquée au fil des années, analyse Ronald van Genderen. « Le processus est exclusivement ascendant et se fonde sur une analyse minutieuse. Ainsi, en complément du travail réalisé par les analystes en amont, les cinq gérants étudient la valorisation de toutes les actions. Le portefeuille en résultant compte 50 à 65 positions. Sur les 12 mois écoulés, Premier Foods a, de loin, affiché la meilleure performance, avec un rendement proche de 150 %. Loin derrière suit un groupe divers d’actions qui se sont distinguées, avec notamment Drägerwerk, De La Rue et Kingfisher. »

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