Bogota. Afbeelding van julian zapata via Pixabay.
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Malgré les vents contraires, 2023 a été une bonne année pour la dette des marchés émergents. Les sociétés de fonds attendent 2024 avec impatience.

Les marchés émergents ont connu une actualité riche en 2023, mais c’est surtout la croissance américaine et la politique monétaire qui ont dicté leur évolution. Malgré les flux sortants enregistrés par la catégorie, l’indice JPM GBI-EM Global Diversified a terminé l’année en hausse de 8,9 % en euros. Ce rendement positif est d’autant plus remarquable que l’on craignait initialement une récession aux États-Unis, que le secteur bancaire américain a été bien malmené et que le secteur immobilier chinois est en proie à de sérieux problèmes. Il s’explique surtout par la baisse de l’inflation, mais aussi par le fait que les rendements initiaux sont habituellement plus élevés dans la sphère émergente que sur les marchés plus développés.

Faible prime

Le mois d’octobre a été marqué par une situation unique : pour la première fois, le rendement des obligations des marchés émergents en devise locale a plongé sous celui des titres du Trésor américain. La correction des emprunts souverains américains a fait disparaître la prime de risque classique et les investisseurs ciblant la dette émergente se sont positionnés pour une baisse des taux, surtout en Amérique latine. La prime de risque est réapparue, mais elle reste historiquement faible, ce qui bride l’attrait relatif de la catégorie. Par ailleurs, les élections à Taïwan, au Pakistan, en Indonésie, en Inde, en Afrique du Sud et au Mexique,  pour ne citer que quelques pays, sont source d’incertitudes.

Et pourtant, certains investisseurs gardent espoir du fait de la marge de manœuvre pour un assouplissement monétaire. Cette conjoncture pourrait augmenter la pression sur les devises locales, à moins que la Réserve fédérale américaine n’abaisse les taux de manière anticipée et parvienne à concrétiser le scénario d’atterrissage en douceur. Chez Capital Group, Kirstie Spence souligne que les déficits budgétaires de divers pays émergents ont été ramenés à leur niveau d’avant la pandémie. En outre, à l’inverse de ce qui s’était produit lors des crises des années 80 et 90 en Amérique latine et en Asie, nombre de grands pays émergents ont abordé la crise sanitaire avec un système bancaire plus solide et une plus grande rigueur budgétaire. 

Perspectives

Le BlackRock Investment Institute n’a pas d’avis tranché sur la dette émergente en devise locale, alors que son rendement se rapproche de celui des titres du Trésor américain. En outre, les baisses de taux peuvent faire du tort aux monnaies des pays émergents. Pimco opte pour une duration plus longue que la moyenne dans les pays les mieux notés, qui affichent des valorisations attrayantes et un potentiel de rendement. C’est le cas du Brésil et du Mexique, où le processus de désinflation est plus avancé et les rendements réels plus hauts. Templeton estime pour sa part que les rendements sont élevés en Amérique latine, tant du point de vue nominal que réel. Pour Claudia Calich, de M&G,  même s’il convient de ne pas occulter les facteurs inflationnistes de courte durée, nous nous trouvons actuellement au point de basculement vers la désinflation, ce qui est favorable pour la catégorie d’actifs. Schroders juge pour sa part que la dette émergente est fortement sous-pondérée dans les portefeuilles mondiaux. Le gestionnaire table sur des baisses de taux modérées dans la plupart des marchés émergents, étant donné les risques liés à une divergence trop importante par rapport à la politique de taux de la Fed.  

Le top 5 

Le top 5 de cette semaine passe en revue les fonds investissant dans des obligations des marchés émergents en devise locale (et pour lesquels des données de portefeuille récentes sont disponibles), sur la base de leurs performances en 2023.
La première place du classement revient au fonds DPAM L Bonds Emerging Markets Sustainable, l’un des plus importants de la catégorie. Depuis son lancement en mars 2013, il obtient d’excellents résultats. Michael Vander Elst, qui avait auparavant travaillé pour AXA Bank et ABN Amro, gère le fonds depuis janvier 2018, date de son entrée chez DPAM ; en mai 2019, il a été rejoint par Hugo Verdiere, ancien de Candriam. Le fonds investit principalement dans des emprunts souverains de la sphère émergente et s’appuie de manière active sur des analyses macroéconomiques, de crédit et de durabilité. Ce fonds est classé Article 9 selon le règlement SFDR, un fait assez rare dans la catégorie.

La deuxième place revient au fonds BGF Sustainable Emerging Markets Local Currency Bond, géré par une équipe expérimentée. Le responsable des investissements en emprunts des marchés émergents, Laurent Develay, a intégré BlackRock en juin 2012 après avoir occupé le poste de gérant de portefeuille spécialisé dans les monnaies émergentes chez Fischer Francis Trees & Watts. Amer Bisat est quant à lui rentré chez BlackRock en 2013, après avoir été partenaire de deux fonds à effet de levier macro. Au cours de sa carrière, il a aussi travaillé pour Morgan Stanley, UBS et, dans les années 90, comme économiste senior au FMI. Quant à Michal Wozniak, il est entré en 2013 chez BlackRock. Avant, il faisait partie de l’équipe de la dette émergente chez Lombard Odier Investment Managers et chez JPMorgan. Il a commencé sa carrière en 2000. Fin 2023, le portefeuille comptait 89 % d’obligations en monnaies locales, émises par les pouvoirs publics de pays émergents. Quelque 5,9 % de l’actif total est investi en obligations libellées en monnaies fortes, le reste en liquidités. Par rapport à l’indice de référence, le JP Morgan ESG Government Bond Index-Emerging Market Global Diversified, les gérants surpondèrent la Colombie (à hauteur de 3,6 %), l’Afrique du Sud (2,4 %) et le Mexique (2,1 %), et ont placé 5,3 % de moins dans les obligations chinoises. 

Thomas De Fauw est Manager Research Analyst chez Morningstar. Morningstar analyse et évalue les fonds d’investissement sur la base d’études quantitatives et qualitatives. Partenaire d’Investment Officer, Morningstar propose chaque semaine un classement des cinq meilleurs fonds ou prestataires d’un secteur ou thème donné.

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