
Sur le marché belge du capital-investissement, en plein essor, Sam Desimpel, fondateur de Top Tier Access, mène activement la levée de fonds pour le troisième fonds de fonds.
À l’automne dernier, Top Tier Access Buyout III a réalisé une première augmentation de capital de 24,3 millions d’euros, marquant ainsi le « véritable » lancement du fonds après l’investissement initial de l’équipe de TTA. Comme c’est généralement le cas pour un fonds de fonds, de nouveaux investisseurs sont admis à intervalles réguliers par la suite.
Ces jours-ci, le fondateur Sam Desimpel et son équipe sillonnent le pays afin de séduire de nouveaux investisseurs potentiels. « Nous espérons finaliser la clôture définitive d’ici l’été » ; déclare-t-il.
Les États-Unis face à l’Union européenne
Cette pricaf privée investit dans des fonds détenant en portefeuille de grandes entreprises non cotées d’Amérique du Nord et d’Europe. Les particuliers fortunés disposant de quelque 250 000 euros, peuvent ainsi accéder, de manière indirecte, à des fonds de capital-investissement de premier plan tels que CVC, New Mountain Capital ou Veritas, qui leur seraient sinon inaccessibles.
« Certains investisseurs nous demandent d’allouer l’ensemble des fonds aux États-Unis, en raison de l’optimisme actuel autour de l’économie américaine. Cependant, nous attachons une grande importance à la diversification, c’est pourquoi nous n’avons pas l’intention de surpondérer les États-Unis. Nous maintenons un équilibre 50-50. Personne n’a de boule de cristal. »
« De plus, les perspectives aux États-Unis sont certes plus favorables, mais les valorisations des entreprises y sont aussi plus élevées, ce qui rend l’entrée dans un fonds de capital-investissement plus onéreuse. Dans l’UE, c’est l’inverse : les prévisions économiques sont moins optimistes, mais les valorisations y sont également plus attrayantes. »
Macro et micro
Sam Desimpel, issu de la célèbre famille flamande active dans la brique en Flandre-Occidentale, sait par expérience que le sentiment des investisseurs peut changer. « Il y a quatre ans, la tendance était tout autre, et nombreux étaient ceux qui poussaient à investir en Allemagne. Mais en fin de compte, les perspectives macroéconomiques sont en réalité secondaires en capital-investissement. Les bonnes entreprises, dotées d’un bilan solide, performent même en période difficile. À cet égard, le capital-investissement est avant tout une affaire de microéconomie. »
Selon lui, ceux qui savent où chercher peuvent dénicher, dans les secteurs les plus divers, de véritables pépites souvent inconnues du grand public, mais d’une valeur inestimable pour les investisseurs. « Pensez à des sous-secteurs comme la maintenance des centres de données ou l’externalisation de la recherche pharmaceutique », précise-t-il.
« Il s’agit souvent d’entreprises B2B offrant des services essentiels et générant des flux de trésorerie stables. L’un des fonds dans lesquels nous investissons détient par exemple une participation dans une société spécialisée dans le suivi des migrations d’oiseaux autour des parcs éoliens, une activité relativement peu dépendante de la croissance macroéconomique. »
« Autre exemple : le fonds de capital-investissement Inflexion détient une participation dans Easyfairs, l’organisateur de salons à l’origine, notamment, de la foire d’art Brafa. Or, qu’elle soit favorable ou non, la conjoncture n’empêchera jamais les amateurs d’art de se rendre à la Brafa. »
Concurrence accrue
Top Tier Access est surtout connue des particuliers fortunés, des family offices et des investisseurs institutionnels de Flandre, mais attire de plus en plus de Belges francophones. « Nous constatons un intérêt croissant pour le capital-investissement dans cette région. Sur nos 250 investisseurs, 15 à 20 viennent désormais de Belgique francophone. »
L’intérêt marqué des Belges fortunés attire également des acteurs du capital-investissement des Pays-Bas et de France (comme récemment Altaroc) en Belgique. Mais cela n’effraie pas Sam Desimpel.
« Comme me le disait récemment un family office, la concurrence plus forte pousse chaque acteur à se surpasser. J’ai comparé notre offre à celle de plusieurs nouveaux concurrents : nos frais sont plus bas, notre offre est plus attractive sur le plan fiscal, et la qualité de nos fonds est au moins équivalente. »