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Des milliers de nouveaux fonds d’investissement voient le jour chaque année. Un nom qui sonne bien, un site Web rutilant et une fiche d’information bien peaufinée, qui fait l’éloge d’une stratégie de placement nouvelle, semblant le fruit d’une minutieuse réflexion, offrent aux investisseurs une opportunité unique de miser sur les thèmes d’investissement actuels, en tirant profit de l’expertise attestée des maisons de fonds. Mais malgré cette présentation très attrayante, de nombreux fonds ne résistent pas à l’épreuve du temps. 

Pour Jeffrey Schumacher, analyste chez Morningstar, une balade dans le cimetière des fonds d’investissement montre que la durée de vie des stratégies correspond rarement au lointain horizon de placement visé par les gérants ; en outre, de nombreux autres fonds agonisent en silence dans le mouroir des maisons de fonds.

1671 fonds d’investissement européens à gestion active ont mis un terme à leur activité entre janvier et fin novembre 2021. La majorité, soit 967 fonds, a définitivement fermé, les autres ont été fusionnés dans une autre stratégie plus fructueuse. Parmi ces fonds, 400 n’avaient pas fêté leur cinquième anniversaire. Les autres ont souvent connu un lent déclin avant de s’éteindre définitivement.

Par exemple, le DWS Inter-Renta a été fusionné avec le DWS Eurozone Bonds Flexible le 24 juin 2021. Et l’annonce de la fusion de ce fonds illustre bien la problématique souvent inhérente à une telle décision, selon Jeffrey Schumacher : « L’intérêt des investisseurs s’amenuise depuis des années du fait des résultats décevants, si bien que le fonds n’a pas l’échelle suffisante pour être viable. Après 52 années d’existence, le fonds DWS Inter-Renta a donc fermé. Et la plupart des fonds d’investissement actifs qui existent aujourd’hui n’atteindront pas cet âge respectable. »

Si les fonds d’investissement cessent d’exister ou sont intégrés dans une autre stratégie, c’est souvent aussi parce que le gérant dudit fonds a été racheté, et que le nouveau propriétaire rationalise la gamme. Selon Jeffrey Schumacher, « cela a notamment été le cas en 2021 chez Kempen. Le rachat de Hof Hoorneman Bankiers par Van Lanschot Kempen a fait entrer dans le giron de ce dernier divers fonds maison de la banque, qui ont été transférés au gestionnaire d’actifs. Certains fonds ne correspondaient pas à la philosophie d’investissement de Kempen, tandis que d’autres faisaient doublon avec ceux de la maison. Huit fonds Hof Hoorneman ont donc été fermés. »

Au-delà des liquidations, et donc hors statistiques, Morningstar constate aussi régulièrement que les fonds d’investissement (de qualité moindre) se voient offrir une deuxième vie grâce à un repositionnement. « De plus en plus, nous constatons que les fonds traditionnels sont métamorphosés en une nouvelle stratégie durable. Les gérants espèrent insuffler une nouvelle vie au fonds grâce à ce changement de stratégie. Si cette transformation peut offrir de nouvelles possibilités aux investisseurs du fonds, ces derniers doivent en règle générale tout d’abord en payer la facture. Les frais (de négoce, notamment) engagés pour l’adaptation du portefeuille sont en effet souvent imputés au fonds, et donc aux investisseurs. Ces derniers paient donc la note pour l’échec de la politique d’investissement du fonds. »

Lorsque l’on passe en revue les fonds encore actifs, l’on trouve également de nombreux candidats à une rationalisation – plus de 7100, pour être précis. Il s’agit de fonds d’investissement créés il y a plus de cinq ans, qui ont un encours inférieur à 100 millions d’euros et qui, sur les cinq dernières années, affichent une décollecte nette. Leur viabilité économique semble donc menacée. Si cela est fort regrettable pour certains d’entre eux, qui affichent des performances supérieures à la moyenne, il convient toutefois de noter que les fonds assortis de 1 ou 2 étoiles Morningstar sont surreprésentés dans la catégorie. Sur les quelque 4400 fonds notés que contient le groupe, 43 % doivent se contenter de 1 ou 2 étoiles. Nombre de ces fonds facturent aussi des frais supérieurs à la moyenne par rapport à leurs pairs. Ils sont donc voués à l’échec.

Le top 5 de la semaine classe les maisons ayant procédé au plus grand nombre de fusions de fonds en 2021. En tête, l’on trouve Amundi, qui a offert une deuxième chance à 69 fonds d’investissement en les intégrant à d’autres fonds existants. Selon Jeffrey Schumacher, « le fonds Amundi Euroaktien a été fusionné avec le fonds Amundi Ethik Plus fin juin, car son encours avait fondu à 24 millions d’euros, un montant trop bas pour assurer sa viabilité. Plusieurs fonds de la filiale Etoile Gestion ont aussi été intégrés à d’autres fonds. »

Eurizon a pour sa part transféré 44 fonds d’investissement dans une autre stratégie. La branche italienne de gestion d’actifs d’Intesa Sanpaolo a quant à elle revu sa gamme de fonds d’allocation en 2021. Un certain nombre de petits fonds ont été regroupés en vue d’augmenter l’actif du fonds. L’encours moyen des stratégies arrêtées fluctuait autour de 22 millions d’euros.

La troisième place revient à l’espagnol Santander, avec 29 fusions de fonds en 2021. Le fonds d’allocation Santander Multiactivo Sistemático, nouvellement constitué, a le plus profité du regroupement de plusieurs petits fonds, avec un afflux de quelque 1,8 milliard d’euros des stratégies arrêtées.

Société de fonds    Nombre de fonds d’investissement fusionnés en 2021
Amundi                     69
Eurizon                     44
Santander                 29
Anima                       19
Unicaja                     18
 

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