L’ours est en liberté. La Douma, le parlement russe, a ratifié les décrets par lesquels le gouvernement accepte l’indépendance des deux régions séparatistes russes en Ukraine. L’étape suivante sera probablement le stationnement de «soldats de la paix» russes dans ces régions. Les marchés financiers ont réagi avec stupeur et ont plongé dans le rouge sur tous les fronts.
Le prix du pétrole a atteint près de 100 dollars le baril, le prix du gaz en Europe a augmenté de 13 % dans les échanges du matin.
La crainte est que, si l’Occident prend des sanctions contre la Russie, ce pays risque de riposter par des contre-mesures. Moscou pourrait toucher l’Europe de plein fouet en réduisant ou en interrompant les livraisons de gaz. Pas moins de 40 % du gaz consommé par l’Europe provient de Russie.
Le président Poutine s’est rendu en Chine au début de l’année pour signer un méga accord à long terme sur l’approvisionnement en gaz. La Chine a désespérément besoin de ce gaz, comme alternative à ses centrales électriques au charbon, pour atteindre ses objectifs climatiques. Dans le même temps, le président chinois Xi Jingping a soutenu son homologue Poutine dans une déclaration commune selon laquelle l’OTAN devait rester en dehors de l’Ukraine.
Le prix de l’once d’or a d’abord augmenté, puis a légèrement baissé au cours de la matinée. Les marchés d’actions ont également perdu du terrain. Les indices européens ont enregistré des pertes de 1 à 2 %. Les contrats à terme sur le S&P laissent entrevoir une baisse d’un peu plus de 1 %. Le prix des actions a déjà fortement baissé depuis le début de l’année, principalement en raison de l’inflation, qui est à son point le plus haut depuis 40 ans. Les entreprises technologiques, en particulier, ont perdu jusqu’à 20 % et plus de leur valeur.
Le prix des obligations est resté stable, mais les crypto-monnaies ont perdu du terrain. Le dollar, en tant que monnaie de réserve mondiale, a progressé par rapport à presque toutes les autres grandes devises du monde.
Le gouvernement américain tiendra une conférence de presse dans la journée. Des sanctions devraient suivre, tant de la part des États-Unis que de l’Union européenne. Il est prévu, entre autres, que la Russie se voit refuser l’accès au système international de paiement Swift. Ces derniers temps, la Russie a accumulé des réserves allant jusqu’à 600 milliards de dollars. Elle détient de moins en moins de dollars en réserve, tout comme la Chine.
Jeudi, la Banque centrale européenne (BCE) se réunira en session informelle. La raison en est la forte augmentation de l’inflation, qui exige une réponse de la BCE. La présidente Christine Lagard et ses collègues du conseil d’administration veulent d’abord se concentrer sur la réduction des aides de trésorerie. Une hausse des taux d’intérêt dans la zone euro n’est pas attendue avant la fin de cette année, bien que l’inflation soit à son plus haut niveau depuis 40 ans.