Après une longue carrière chez BlackRock, Stephan Desplancke lance Toward, une nouvelle initiative visant à offrir conseils et consultance à des investisseurs institutionnels et retail. « Après 15 ans chez BlackRock, je veux mettre mes connaissances au service de tiers et créer un bien-être financier. »
C’est ce que déclare Stephan Desplancke (photo) lors d’un entretien avec Investment Officer. Selon lui, le secteur de l’investissement en général et de la gestion de patrimoine en particulier est en train d’évoluer de manière significative. « À l’avenir, l’accent sera davantage mis sur le portefeuille et moins sur un produit individuel, tel qu’un fonds d’investissement, une action ou un ETF. » La composition du portefeuille deviendra beaucoup plus importante, explique-il. « Comment combiner durabilité et politique climatique de manière intelligente dans un portefeuille ? Comment combiner gestion active et investissement indiciel ou ETF dans un portefeuille ? »
Un troisième élément est que les portefeuilles modèles adaptés aux clients ne cessent de gagner en importance. « C’est une tendance qui nous vient des États-Unis. Enfin, le rôle du conseiller évolue fortement. De nos jours, vous devez disposer de nombreuses connaissances sur un gigantesque éventail d’investissements, en plus d’autres domaines tels que la fiscalité et la planification successorale. C’est pourquoi la gestion de portefeuille sera de plus en plus externalisée. » Desplancke mentionne qu’il voit de plus en plus de professionnels, qu’il s’agisse de petits institutionnels ou d’intermédiaires indépendants tels que les courtiers, qui n’ont pas toujours le temps, l’expertise et les ressources nécessaires pour suivre de près les portefeuilles parce qu’ils ont beaucoup (trop) d’autres obligations. « C’est non seulement lié à la directive MiFID II, mais aussi à la numérisation et à la professionnalisation évolutive. Cette situation entraîne un changement chez de nombreux conseillers. »
Clientèle
Toward s’adresse en premier lieu aux investisseurs professionnels. « À court terme, je vise le B2B. Pour moi , un client professionnel potentiel est quelqu’un qui se consacre professionnellement à des investissements et des portefeuilles. Il peut s’agir d’un petit investisseur institutionnel (fonds de pension, family office, …) qui n’a pas toujours le temps ou l’expertise nécessaires pour assurer tout le suivi. Les intermédiaires financiers, tels que les courtiers qui souhaitent professionnaliser davantage leur offre et leur gestion mais ne disposent pas de l’encadrement nécessaire, font également partie de mon public cible.
Outre le conseil en portefeuille, Toward met également l’accent sur un reporting clair et transparent ainsi que sur la formation et le renforcement du conseiller 2.0, qui doit de plus en plus recommander une gestion/un portefeuille plutôt qu’un produit.
Outre ces clients professionnels, Desplancke vise également les investisseurs privés qui souhaitent un screening ou une analyse de leur portefeuille, mais ce n’est pas encore une priorité. « En tant que nouvelle entreprise, je veux aussi développer mon nom et ma réputation sur le marché. Cela prend du temps. J’ai reçu de nombreuses réactions positives concernant ma nouvelle entreprise. Je ne suis pas non plus en concurrence avec les banques privées. Je vise plutôt le particulier relativement fortuné qui demande un deuxième avis sur la composition de son portefeuille, et désire l’optimiser. Bien entendu, ma longue expérience et mes connaissances acquises chez BlackRock jouent un rôle, car j’y ai également vu comment la gestion d’actifs évolue sur le plan stratégique. »
Modèle de rémunération
Vis-à-vis du B2B, Toward se positionne comme un consultant. « À cet égard, nous pouvons éventuellement combiner un flat fee et un project fee. Si un professionnel me demande de créer un portefeuille modèle, une rémunération variable peut également être convenue si nécessaire. Ce qui est essentiel, c’est qu’il n’y a pas d’approche standard, et que tout sera convenu sur mesure pour le client. »
Pour les clients B2C qui demandent un screening de leur portefeuille ou une deuxième opinion, une sorte de formule d’abonnement peut être convenue. « Dans ce cas, le client ne reçoit pas de conseils personnalisés, mais il est assisté au niveau de la composition du portefeuille, de l’analyse des produits et des perspectives économiques. Cela va bien entendu de pair avec un contact personnel avec le client. »
Composition
Le portefeuille peut être composé aussi bien de produits actifs que passifs. « Un portefeuille intelligent optimise le risque, le rendement, les frais et la durabilité. Pour certaines catégories, il est peut-être préférable d’opter pour des ETF, complétés par des fonds actifs, des holdings, du private equity, des sociétés immobilières, etc. Pour moi, la question est de savoir quelle valeur ajoutée un gestionnaire peut générer pour le prix payé. »
À cinq ou dix ans, le pourcentage de fonds actifs battant le marché est très faible. « Vous pouvez donc optimiser le portefeuille en combinant actif et passif, tout en tenant compte de la durabilité et de la transition vers une économie neutre sur le plan climatique, afin de garantir que le portefeuille soit suffisamment résilient. »
Portefeuille 60/40
L’utilité d’un portefeuille classiquement diversifié, le portefeuille 60/40 ou multi-actifs, fait l’objet de nombreux débats. Desplancke souligne qu’après la crise financière de 2008, nous sortons d’une longue période de faible croissance économique et de taux d’intérêt relativement bas. « L’économie, les marchés et donc, les rendements seront beaucoup plus volatils dans les années à venir. Mais les obligations méritent encore une place dans un portefeuille. Il faut cependant faire preuve de davantage de flexibilité et de souplesse. L’inflation diminuera de toute façon, mais je pense qu’elle restera à l’avenir structurellement plus élevée en raison de facteurs tels que la démondialisation, la relocalisation et l’évolution démographique. »
Desplancke en conclut que le 60/40 reviendra, mais de manière moins statique et en se concentrant davantage sur des sous-segments spécifiques du spectre des titres à revenu fixe et sur les investissements alternatifs. Cela inclut les matières premières pures et les marchés privés, mais aussi des actifs réels comme les infrastructures et l’immobilier. Bien que plus illiquides, ils peuvent offrir une plus grande diversification. En Belgique, la pondération de ces investissements est encore assez limitée, c’est pourquoi la formation et l’éducation sur les fonds alternatifs sont essentielles, conclut-il.
A étudié l’économie appliquée
A commencé sa carrière au Gemeentekrediet (aujourd’hui Belfius)
A rejoint Schroders au début des années 2000 en tant que Director Sales Belgique-Luxembourg
A rejoint BlackRock en 2007
A fondé Toward en 2022
Administrateur chez VFB et professeur à l’Académie Febelfin sur les ETF et l’investissement durable