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Toujours plus de gestionnaires de fonds investissent dans des fonds durables. Une tendance certes bienvenue, mais Triodos entend bien en rester à la pointe.

« Ce dans quoi vous n’investissez pas est tout aussi important que ce dans quoi vous investissez. Un portefeuille d’investissement sain comporte non seulement des éléments à la croissance saine, mais essaie également d’éviter ceux susceptibles de régresser » : telle est la devise de Dirk Hoozemans, gestionnaire du Triodos Pioneer Impact Fund. Ce fonds investit dans des small et mid caps cotées en bourse du monde entier et proposant des produits et services qui contribuent à la transition vers une société et une économie plus durables. « Les actions d’établissements financiers et de sociétés pétrolières ont été durement frappées ces derniers mois. Pourtant, notre fonds n’en a pas souffert, car nous avions déjà fait notre analyse depuis longtemps et conclu que nous n’investirions pas dans de telles actions. Les sociétés pétrolières ne sont pas durables, et les valeurs financières correspondent de moins en moins à l’économie réelle. Nous ne croyons pas en cela. » Résultat : au cours du premier semestre, le fonds a surpassé d’environ 7 pour cent l’indice de référence.

Dans quelle mesure n’est-ce pas simplement le fruit du hasard ? Les secteurs durables aussi peuvent être affaiblis. 

Hoozemans : « Le secteur des énergies renouvelables a lui aussi été sérieusement touché en 2016, lorsque Donald Trump a gagné les élections présidentielles. Mais ceci n’affecte en rien la tendance à long terme d’évolution progressive vers un système énergétique plus propre. Le fait que le géant pétrolier ExxonMobil ait perdu, après 92 ans, sa place au sein de l’indice Dow Jones est révélateur. Nous devons donc distinguer les turbulences à court terme des tendances à long terme, qui favorisent clairement les secteurs plus durables. Nous constatons déjà que les entreprises résolument centrées sur les critères ESG génèrent globalement une performance financière plus stable et sont en outre perçues par les investisseurs comme des entreprises présentant plus de stabilité et moins de risque. »   

Pensez-vous que la taxonomie européenne donnera un élan supplémentaire aux investissements durables ? 

« De plus en plus de fonds vont chercher à obtenir un label de développement durable et devront également s’opposer à un indice de référence durable, ce qui fera évoluer davantage de fonds dans cette direction. Dans le même temps, les données de développement durable vont encore gagner en importance, ce qui, je l’espère, en améliorera encore la qualité et permettra de comparer plus facilement les entreprises comme les fonds d’investissement. »  

Ne va-t-il pas devenir compliqué pour Triodos de conserver sa place de pionnier ?

« Le développement durable revêt de nombreuses nuances. Les grands gestionnaires de fonds n’investissent encore qu’une fraction de leurs actifs sous gestion par le biais de fonds durables, tandis que nous ne faisons que cela. En outre, la plupart des gestionnaires de fonds traditionnels s’intéressent uniquement aux cotes des fournisseurs de données, mais nous estimons que ces cotes en disent souvent plus long sur la qualité des rapports que sur l’aspect durable d’une entreprise. Par ailleurs, ces cotes se basent sur des données du passé, alors qu’il est bien plus intéressant de savoir ce qu’une entreprise prévoit pour l’avenir. C’est pourquoi nous utilisons uniquement ces cotes de durabilité pour obtenir des informations de base et préférons nous appuyer sur nos propres recherches, ce qui nous distingue encore largement des autres gestionnaires de fonds. »  

Et que préférez-vous : les entreprises de valeur ou les entreprises de croissance ?

« Nous attachons surtout de l’importance à la qualité et à la valorisation des entreprises. Il y a énormément d’entreprises qui cultivent un aspect durable aussi génial qu’imaginatif, mais pour lesquelles les investisseurs paient trop cher. Nous préférons éviter cela. Nous ciblons plutôt des entreprises solides, très équilibrées et présentant des flux de trésorerie sains qu’elles investissent à bon escient. Si l’on ne paie pas trop cher, on peut espérer réaliser un joli rendement. Mais ce faisant, nous avançons à contre-courant, la plupart des fonds visant actuellement plutôt des entreprises de croissance onéreuses. » 

Les mois, peut-être même les années à venir risquent d’être placé(e)s sous le signe de la relance économique. Les entreprises ne vont-elles alors par se focaliser sur leur survie plutôt que sur le développement durable ?  

Hoozemans : « Les deux vont de pair. La pandémie nous oblige à regarder en face les problèmes en matière de biodiversité, de climat et d’accroissement des inégalités. On commence à prendre conscience du fait que ces sujets doivent être abordés par la société et que de nouveaux choix doivent être faits. La crise actuelle nous offre l’opportunité de repenser notre économie, qui n’est pas durable et n’est plus viable non plus. Nous ne pourrons opérer cette transition qu’en investissant dans des entreprises qui misent sur cette nouvelle économie et société. Tout ceci présente des opportunités de croissance, et ces entreprises n’auront, au cours des années à venir, aucun souci à se faire concernant leur avenir. » 
 

 

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