Keith Wade, Schroders
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Keith Wade (Schroders), Simon Ward (Janus Henderson) et Shamik Dhar (BNY Mellon) donnent leur analyse de la crise actuelle. Les investisseurs doivent aujourd’hui se montrer constructifs et regarder les marchés émergents qui devraient profiter du rebond économique et l’une stabilisation du dollar. 

La crise sanitaire a des conséquences significatives sur les perspectives de croissance des grandes économies, avec un déclin économique qui devrait atteindre des niveaux inédits à court terme. « La stabilisation des niveaux d’infection dans les grands pays développés constitue une bonne nouvelle, même si des inquiétudes persistent dans certains pays émergents comme la Russie, l’Inde ou le Brésil », souligne Keith Wade (économiste en chef chez Schroders). « La volonté d’éviter une deuxième vague va probablement retarder la reprise économique ». Dans l’intervalle, le taux de chômage devrait exploser dans de nombreuses régions, vers des niveaux qui annuleront l’entièreté des emplois créés lors des 10 dernières années. 

Simon Ward (Conseiller économique chez Janus Henderson) se montre pour sa part plus optimiste, en raison notamment de sa grille d’analyse basée sur les cycles économiques et des flux monétaires. « Suite aux diverses mesures de soutien annoncées par les gouvernements et par les banques centrales, la croissance de la masse monétaire est actuellement en train de s’accélérer, ce qui pointe vers un rebond rapide de l’activité lorsque les mesures de confinement seront levées. D’autant qu’il est peu probable d’assister à un retour rapide des mesures d’austérité dans un contexte où les attentes concernant la capacité d’intervention des pouvoirs publics a radicalement changé ces dernières semaines ». 

Austérité

Les économistes sont également partagés quant à l’impact du taux d’endettement futur des grands pays développés. Chez Schroders, Keith Wade estime que le niveau de dette publique pourrait entraîner une prolongation de la période de répression financière. « Les régulateurs vont pousser la détention de dette gouvernementales chez les investisseurs particuliers et institutionnels, dans un contexte ou l’inflation devrait rester modérée ». 

Même si la reprise prend quelques mois de retard, Simon Ward (Janus Henderson) estime que la croissance devrait toutefois accélérer rapidement en 2021. « Les gouvernements vont faire face à des pressions croissantes pour relâcher les mesures confinement durant les prochaines semaines, car elles seront de plus en plus difficiles à justifier d’un point de vue économique ». 

Inflation

La faiblesse du prix du pétrole devrait impacter lourdement les perspectives économiques américaines, une partie importante des dépenses d’investissement ayant été dirigées vers la production de pétrole de schiste ces dernières années. Keith Wade (Schroders) estime que le cours du pétrole devrait rester faible, en raison du déséquilibre persistant entre l’offre et la demande. « Cette situation va bénéficier aux importateurs nets, comme les pays asiatiques ou l’Europe dans une moindre mesure ». 

Si la crise sanitaire aura un impact négatif sur l’inflation à court terme, la croissance de la masse monétaire devrait créer un contexte plus favorable au retour de l’inflation à moyen terme. Simon Ward (Janus Henderson) souligne dans ce contexte l’attrait de l’or, « qui devrait bien se comporter lors d’une phase de redressement et qui constituera une protection à moyen terme contre le retour de l’inflation ».  

Stratégie d’investissement

Les économistes s’attendent généralement à un contexte qui pourrait rester volatil pour les classes d’actifs les plus risquées.  « Les marchés vivent aujourd’hui dans l’espoir que les mesures de lockdown vont permettre un redressement massif durant le second semestre, en ignorant l’impact du ralentissement économique attendu pour le premier semestre », estime Shamik Dhar (économiste en chef chez BNY Mellon Investment Management). 

« Il est trop tôt pour revenir sur le haut rendement ou sur les marchés boursiers, où les valorisations ne sont pas spécialement attractives », estime pour sa part Johanna Kyrklund (Global CIO chez Schroders). « La baisse du taux directeur américain devrait toutefois permettre une stabilisation du dollar, ce qui diminuera la pression du les actifs émergents » La dette d’entreprise de bonne qualité est actuellement perçue comme une des rares zones attractives du marché, en raison notamment du soutien inconditionnel apporté par les banquiers centraux. 

Retour graduel

Shamik Dhar (BNY Mellon IM) estime également que la dette souveraine continue d’avoir sa place dans une stratégie multi actifs, car elle permet d’atténuer les chocs qui se produisent ponctuellement sur les marchés. Il estime également que la gestion active aura son rôle à jouer, tant pour les actions que pour les obligations. « Le retour sur des actifs plus risqués doit être graduel ».

A moyen terme, « l’attention des investisseurs devrait toutefois se concentrer sur les valeurs cycliques et des marchés émergents, qui sont susceptibles de bénéficier le plus largement lorsque la reprise se confirmera », conclut Simon Ward. 

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