Anu Narula
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Plombés par le risque de récession et l’inflation persistante, la quasi-totalité des actifs risqués ont corrigé. Les obligations à haut rendement se sont nettement inscrites dans le rouge sur les six premiers mois de l’année. 

En raison des hausses des taux menées par les banques centrales des pays développés, la plupart des catégories obligataires ont terminé le deuxième trimestre de l’année en territoire négatif. Les obligations à haut rendement n’ont pas été épargnées : l’indice ICE BofA Glb High Yield Constrained a achevé le deuxième trimestre en retrait de 5,7 % en euros, après avoir cédé 4 % au premier trimestre.

La catégorie Morningstar des obligations internationales à haut rendement a reculé de 7,1 % sur les six premiers mois de l’année. Les fonds à échéance plus longue sont souvent restés dans l’ombre. L’indice ICE BofA US High Yield Effective Yield, soit le rendement réel de l’indice susmentionné, avait semblé se consolider entre 4 et 5 %, un plancher historique, fin 2021 ; fin juin, toutefois, il était remonté à 8,9 %. 

Europe

Son équivalent européen, qui avait clôturé à 2,8 % à la fin de l’année dernière, est remonté en flèche, terminant le mois de juin à 7,3 % (notons que l’ICE BofA EUR High Yield Constrained a abandonné 15,1 % depuis début janvier). Ce niveau est jugé attrayant par plus d’un investisseur, et en particulier par Michael Della Vedova, gérant du fonds T. Rowe Price Responsible European High Yield Bond, noté Silver par les analystes de Morningstar. Car les obligations à haut rendement ont tendance à afficher de meilleures performances dans un contexte de hausse des taux, du fait de leur rendement supérieur et de leur échéance plus courte ; en outre, le gérant juge peu probable une forte hausse des défauts de paiement.  

Sur les segments investment grade et à haut rendement, les obligations d’entreprises ayant affiché les plus mauvaises performances appartenaient notamment aux secteurs de l’immobilier, très sensible aux ralentissements conjoncturels, mais aussi aux hausses de taux, et à l’énergie. Or, Lukoil et Gazprom figurent au rang des poids lourds de l’indice. Par conséquent, les stratégies davantage orientées vers le développement durable, qui font l’impasse sur les acteurs des secteurs pétrolier et gazier, ont généralement mieux résisté que leurs homologues traditionnelles.  

Des spreads de crédit plus importants

Les craintes récessionnistes croissantes ont entraîné un creusement des spreads de crédit ces derniers mois. Pour autant, il n’y a pas de raison de paniquer. Au sein du haut rendement, il est cependant judicieux de mettre l’accent surtout sur les émetteurs notés BB, de meilleure qualité que ceux notés B ou CCC. L’indice ICE BofA US High Yield Option-Adjusted Spread a terminé le trimestre à 587 points de base, contre 310 points de base fin 2021. Depuis, le spread est toutefois tout juste passé sous les 500 points de base, vendredi 22 juillet. Mais pour remettre ces chiffres en perspective, il convient de noter qu’en mars 2020, il avait brièvement dépassé 1000 points de base. Les spreads du haut rendement européen ont connu une évolution similaire, mais d’une plus forte ampleur. Fin juin 2022, le spread atteignait 641 points de base, soit une progression supérieure à 300 points de base depuis le début de l’année. 

Décollecte

L’inquiétude des investisseurs européens s’est traduite par une décollecte de quelque 5,6 milliards d’euros pour la catégorie Morningstar des obligations internationales à haut rendement. Les retraits de la catégorie des mêmes obligations en EUR ont atteint 6 milliards d’euros, ceux concernant la catégorie en USD 7,5 milliards d’euros sur les six premiers mois de l’année. Au sein de la catégorie internationale, les cinq plus fortes décollectes ont représenté plus de la moitié des sorties totales ; les fonds AB Global High Yield (noté Neutral par Morningstar) et Robeco High Yield Bonds (notation Gold) ont notamment été concernés. À l’inverse, le fonds GLG High Yield Opportunities a affiché une collecte de 261 millions d’euros. 

Un marché primaire calme

Après une année record en 2021, l’offre d’obligations à haut rendement sur le marché primaire européen a été au plus bas depuis 2012 au deuxième trimestre. La situation a été comparable aux États-Unis : J.P. Morgan évoque un recul de 76 % par rapport à 2021. C’est logique, dans la mesure où les entreprises ont été nombreuses à émettre des emprunts en 2021, juste avant le relèvement des taux par les banques centrales. Il convient désormais d’attendre que les émetteurs soient contraints d’aller chercher un financement sur les marchés, malgré des conditions devenues moins attrayantes. 

Le top 5 

Le top 5 de la semaine est consacré à la catégorie Morningstar des obligations internationales à haut rendement ; le classement liste les cinq fonds ayant affiché la meilleure performance sur les six premiers mois de 2022.

Le fonds UBS (Lux) Floating Rate Income reste sur la première marche du podium ; il est géré par Matthew Iannucci, Anaïs Brunner et Branimir Petranovic. Responsable mondial des obligations à haut rendement des marchés développés, le premier travaille depuis 26 ans déjà pour UBS et est basé à Chicago. Les deux autres gérants ont aussi intégré la maison suisse il y a de nombreuses années. Le fonds compte notamment parmi ses principales positions Ford Motor, J.P. Morgan et Altice.

Le fonds M&G (Lux) Global Floating Rate High Yield Fund géré par James Tomlins figure aussi toujours dans le top 5. Fin 2021, il avait terminé dans le décile supérieur de la catégorie Morningstar des obligations internationales à haut rendement. Il réussit à pérenniser ces belles performances notamment du fait de la sélection de titres défensifs et de sa faible exposition à des entreprises sensibles à l’inflation. Les deux années précédentes, toutefois, il était resté dans l’ombre, terminant dans le dernier quintile. Jusqu’à récemment, le fonds était noté Neutral par les analystes de Morningstar, mais la couverture a été modifiée car les analystes n’étaient pas suffisamment convaincus de la capacité de la stratégie à battre l’indice. 

Le fonds Ostrum Short Term Global High Income a également sa place dans le top 5. Depuis 2015, il est géré par Erwan Guilloux depuis Paris. Le gérant de Natixis se targue d’effectuer une analyse soigneuse des différents émetteurs et s’appuie pour cela sur une équipe d’analystes de crédit. La stratégie vise une duration courte (moins de deux ans) et n’a pas d’indice de référence officiel. Selon Erwan Guilloux, différents segments du marché présentent désormais un profil attrayant. C’est notamment le cas de titres appartenant à l’univers des obligations notées BB, qui ont le potentiel de voir leur notation relevée à investment grade. Le gérant partage en outre l’avis de Della Vedova et ne prévoit pas d’envolée des défauts de paiement. Comme ses homologues de M&G, il intervient de manière sélective sur le marché primaire. 
 

Naam Morningstar Analyst Rating Morningstar Rating Overall Total Ret YTD (Mo-End) EUR Totaal rendement 3 jaar geannualiseerd
UBS (Lux) BS Float Rt Inc $ USD Q-acc   4 3,28 3,23
M&G (Lux) Glb Fl Rt HY C USD Acc   4 1,44 4,02
Ostrum Short Term Glb Hi Inc R/D USD   3 1,15 2,56
Principal Pst Short Dur HY I Acc USD   4 0,35 3,38
BNY Mellon Glb ShrtDtd HY Bd USD C Acc   4 0,02 2,75
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