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Après un premier semestre dramatique, lors duquel les fonds obligataires mondiaux à haut rendement ont abandonné 7,3 %, la deuxième partie de l’année a été marquée par une légère avancée de 1,4 % en euros. La plupart des gérants estiment toutefois que malgré les craintes de récession, l’année 2023 ne sera pas marquée par une vague de défaillances. 

L’année 2022 a été particulièrement difficile pour les fonds obligataires à haut rendement, mais le quatrième trimestre est venu apporter un certain soulagement. Les trois derniers mois de l’année ont été placés sous le signe d’un net resserrement des écarts de crédit. L’indice ICE BofA US High Yield Option-Adjusted Spread a terminé le mois de décembre à 481 points de base, contre 543 points de base à la fin du troisième trimestre. Son équivalent européen a reflué de 127 points de base, à 498 points de base sur le trimestre écoulé. Au cours des deux premières semaines de 2023, les spreads ont encore diminué, s’inscrivant à quelque 420 points de base aux États-Unis et 460 points de base en Europe. À titre de comparaison, l’écart des titres américains notés BBB (investment grade) a plongé à 172 points de base.

Le dernier sommet des spreads des obligations à haut rendement remonte donc à début juillet 2022, à environ 600 points de base aux États-Unis, largement inférieur à celui de 2020 (plus de 1000 points de base) et même de février 2016 (890 points de base), sur fond de spéculation sur une vague de faillites des acteurs américains des secteurs pétrolier et des matières premières, après la chute des cours pétroliers. 

Pas de panique

La vague de panique de l’an dernier a véritablement été très brève, en premier lieu parce qu’une grande partie des investisseurs en obligations à haut rendement estimait que les défaillances allaient rester sous la moyenne à long terme. De nombreuses entreprises ont pu refinancer leur dette à des conditions favorables ces deux dernières années, et le marché du haut rendement américain est de bien meilleure qualité que lors de la crise financière de 2007-2008, ce qui résulte notamment de l’inclusion d’un nombre croissant d’« anges déchus » dans les indices de référence. Pendant la pandémie, beaucoup d’obligations ont en effet vu leur notation de crédit être abaissée, de BBB à BB. Et pourtant, le spread des obligations américaines notées CCC ou inférieur est l’an dernier resté bien loin des sommets de 2020 et 2016, atteignant au maximum 1289 points de base. 

Des stratégistes neutres

Les mesures prises par les banques centrales pour lutter contre l’inflation ont clairement été le plus grand facteur de performance pour la plupart des classes d’actifs en 2022. Logiquement, les actifs sensibles à l’évolution du taux, comme les obligations à duration longue, ont été dans la ligne de mire. Il paraît probable que le thème continue d’occuper l’esprit des investisseurs au premier semestre de 2023. 

Pourtant, le calme plat règne sur le segment des obligations à haut rendement, car de nombreux stratégistes et économistes prévoient une récession (légère) pour 2023. Au fil de l’histoire, une récession aux États-Unis a souvent entraîné un nombre élevé de défauts de paiement sur le marché du haut rendement. C’est pourquoi les stratégistes maintiennent souvent leurs perspectives à neutre.

C’est notamment la décision prise par BlackRock Investment Institute ; l’équipe multi-actifs de Schroders a même adopté un avis négatif sur les obligations américaines à haut rendement, après le resserrement des spreads, craignant notamment que la catégorie, vu son ampleur relative, soit particulièrement vulnérable à un fort ralentissement de l’économie américaine. À l’inverse, l’équipe voit du potentiel dans les emprunts européens à haut rendement. Kempen estime qu’un scénario négatif associant ralentissement de la croissance et inflation élevée est majoritairement intégré dans les cours, tout en reconnaissant l’existence de risques baissiers, et notamment une hausse moins importante des bénéfices et une multiplication des défauts de paiement. Robeco, pour sa part, estime que la récession pourrait être moins inoffensive que ce que n’intègrent actuellement les spreads. Pourtant, la société juge que les obligations à haut rendement sont plus attrayantes que les actions. NNIP fait aussi preuve de prudence en ce début d’année et adopte un positionnement neutre sur la classe d’actifs. 

Le top 5

Le top 5 de la semaine est consacré à la catégorie Morningstar des obligations internationales à haut rendement, et tient compte des fonds pour lesquels une classe de parts sans frais de distribution est disponible en Belgique. Les cinq fonds repris ont affiché les meilleures performances en 2022. Tous ont terminé dans le vert, alors que les fonds de la catégorie ont en moyenne perdu 5,5 % de leur valeur.

Le fonds UBS (Lux) Floating Rate Income occupe la première place du classement. Il a terminé l’année dans le deuxième percentile de la catégorie Morningstar des obligations internationales à haut rendement. Le fonds est géré par Matthew Iannucci, Anaïs Brunner et Branimir Petranovic. Le premier, responsable mondial du haut rendement pour les marchés développés, travaille depuis 26 ans déjà pour UBS et est basé à Chicago. Les deux autres gérants sont au service de la maison suisse depuis de nombreuses années déjà. Fin 2022, quelque 4 % de l’actif du fonds était investi dans la stratégie UBS (Lux) Short Duration High Yield Sustainable. Parmi les plus importantes positions figurent notamment Ford Motor et JPMorgan Chase. Les gérants font toujours preuve de prudence du fait de la volatilité accrue, du resserrement monétaire et des craintes de récession ; ils privilégient les crédits de qualité supérieure au sein du segment BB. Fin décembre 2022, 41 % du portefeuille était investi dans des emprunts notés BB- ou supérieur, dont 8,9 % dans des titres BBB ou supérieur. La moyenne des fonds de la catégorie s’établissait à 59 %. 

Le fonds M&G (Lux) Global Floating Rate High Yield, géré par James Tomlins, conserve sa place dans le top 5. Il avait terminé l’année 2021 dans le décile supérieur de la catégorie Morningstar des obligations internationales à haut rendement, et a poursuivi sur sa lancée positive en 2022, tirant notamment parti de sa sélection de crédit plutôt défensive et de l’exposition plus faible aux entreprises plus sensibles à l’inflation. Le fonds était toutefois resté dans l’ombre en 2020 et 2019, terminant dans le dernier quintile de sa catégorie. Jusqu’à récemment, le fonds était noté Neutral par les analystes de Morningstar, mais la couverture a été interrompue car les analystes n’étaient pas suffisamment convaincus de la capacité de la stratégie à battre l’indice.

Le fonds Ostrum Short Term Global High Income a aussi brillé en 2022 ; il termine l’année à la troisième place. La stratégie avait toutefois fait moins belle figure entre 2019 et 2021. Le fonds est géré depuis 2015 par Erwan Guilloux, basé à Paris. Le gérant de Natixis met l’accent sur l’analyse des différents émetteurs, en s’appuyant sur une équipe d’analystes de crédit. La stratégie cible une duration courte (moins de deux ans) et n’a pas d’indice de référence officiel. Erwan Guilloux estime que différents segments du marché présentent actuellement un certain attrait, surtout au sein des obligations notées BB, qui ont le potentiel d’être relevées à investment grade. Selon lui, l’écart entre les titres notés B et BB n’est pas assez large. Fin décembre, la stratégie affichait une duration de 1,78 pour un rendement de 6,59 % (couvert en USD).

 

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