Russ Koesterich (BlackRock) table sur une croissance qui devrait rester soutenue en 2019, avec une allocation d’actifs qui a davantage privilégié les actions américaines sur les derniers mois, mais également la Chine (suite à la forte décote) et l’Inde (pour son exposition moindre sur les conflits commerciaux). Au niveau sectoriel, ce sont les soins de santé ou l’énergie qui ont vu leur importance progresser dans le portefeuille du fonds BlackRock Global Allocation.
BlackRock Global Allocation (BGA) est un des fonds phares de BlackRock, avec des actifs sous gestion qui dépassent 17 milliards de dollars pour la sicav luxembourgeoise, dont la gestion est calquée sur le fonds américain qui affiche pour sa part des actifs dépassant 34 milliards de dollars. « La croissance économique reste soutenue, mais à un niveau inférieur aux attentes au début de 2018 » souligne Russ Koesterich (co-gestionnaires du fonds). « Notre sous-exposition au marché américain en début d’année et notre position sur l’or nous ont coûté un peu de performance. Nous sommes progressivement revenus en position neutre sur les Etats-Unis, car le croissance soutenue des résultats et la bonne visibilité soutiennent un niveau de prime plus élevé pour les actions américaines ».
Pause pour Fed
Il estime que les élections de mi-mandat ne devraient pas avoir un impact important sur la trajectoire de l’économie américaine. « La perte du contrôle d’une ou des deux chambres entraînera toutefois un moindre support fiscal à l’économie, dont le rythme de croissance devrait revenir vers son potentiel de long terme, soit autour de 2% ». A plus long terme, Russ Koesterich estime qu’il est prématuré d’ajuster l’allocation pour se prémunir contre le risque d’un ralentissement économique américain.
« Nous pensons que la Réserve Fédérale fera une pause au début de l’année 2019, avec un dollar qui arrêtera son mouvement haussier, ce qui devrait donner davantage de support pour les matières premières et les marchés émergents. Nous pensons également que l’inflation ne constituera pas une crainte véritable pur les marchés, avec une progression des prix qui restera très modérée par rapport au niveau qu’elle devrait avoir à ce stade du cycle économique ».
Partie courte
Au niveau obligataire, il souligne trouver de l’intérêt dans la partie courte (entre 2 et 5 ans) au niveau de la dette souveraine américaine. Il est par contre beaucoup plus prudent sur la dette d’entreprise, et sur le haut rendement en particulier. BlackRock BGF Global Allocation est par contre fortement sous-exposé sur les obligations souveraines européennes, et légèrement sous-exposé sur les actions européennes. « Nous pensons que les niveaux de valorisation relatifs sont actuellement plus favorables aux valeurs asiatiques ».
Quant à l’impact des querelles commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, il estime qu’elles constituent surtout un problème pour les marchés émergents, en raison des craintes qu’elles font peser sur le niveau futur de la croissance mondiale. « C’est une thématique qui devrait rester présente dans le futur, même après les élections de mi-mandat. Une bonne partie de cet impact est toutefois déjà largement reflété dans le niveau actuel des valorisations, avec une décote qui atteint aujourd’hui près de 35% par rapport au marché américain, soit au plus haut sur les cinq dernières années ».
Décotes
Dans ce contexte, les gestionnaires du BGA ont relevé leur exposition sur le secteur technologique chinois, qui a été particulièrement touché par la baisse des cours depuis le début 2018. « En général, notre exposition sur les marchés émergents tend à privilégier l’Asie, où les fondamentaux économiques sont plus solides ». Il apprécie notamment la diversification offerte par l’Inde, où le marché s’est bien comporté en devise locales, avec une activité économique beaucoup plus tournée vers le marché indien, et qui est dès lors moins exposée aux turbulences provoquées par les conflits commerciaux provoqués par Donald Trump.
Au niveau sectoriel, Russ Koesterich souligne avoir une préférence pour les producteurs de biens de consommation, pour les soins de santé et pour le secteur énergétique. « Nous sommes toujours surpondéré sur le secteur technologique, mais nous avons réduit nos positions les segments les plus chers. Pour ce qui est des soins de santé, nous pensons que les inquiétudes sur le prix des médicaments se reflète désormais de manière adéquate dans les cours. Enfin, pour le secteur énergétique, nous restons constructifs pour le cours du pétrole, et nous préférons jouer cette thématique par le biais des infrastructures pétrolières ».