Wall Street
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Alors que les marchés de titres plongent suite à la crainte de la résurgence de crises politiques, un important moteur du bull market ces dernières années menace de poser problème : le plan de rachat de titres, qui atteint près d’un billion de dollars cette année aux États-Unis.  

Selon Goldman Sachs, les fonds boursiers américains ont racheté pour 940 milliards de dollars de leurs propres parts depuis le début de 2019, soit une hausse de 13 pour cent par rapport au programme total de rachat de l’an passé. Cependant, la croissance est inférieure de 54 pour cent à celle enregistrée en 2017-2018. 

En 2018, la croissance a principalement découlé de la réduction de 35 à 21 pour cent de l’impôt des sociétés, qui a incité les entreprises américaines cotées en bourse à racheter pour 833 milliards de dollars de leurs propres titres. Aujourd’hui, on constate toutefois un ralentissement de cet effet, relève la Bank of America. Cette année, ses entreprises clientes ont réalisé 12 pour cent plus de « buybacks » qu’en 2018, ce qui demeure une avancée nettement inférieure à celle qui avait été annoncée alors. 

La Bank of America souligne que, à cause de la révision à la baisse du taux de croissance prévu grâce aux « buybacks », les investisseurs doivent se montrer prudents maintenant que les bénéfices du deuxième trimestre de 2019 sont connus. En effet, le rachat de parts influence le gain par titre et, partant, le prix de l’action d’une société. Or, ces dernières années, le rachat de parts a été un moyen plus couru que les dividendes de faire fructifier l’argent des actionnaires. 

Le rachat de parts sans cesse plus assorti d’un leverage

Apple qui, avec Google, constitue l’une des entreprises les plus rentables d’Amérique, a massivement racheté ses propres parts ces dernières années. Au deuxième trimestre, l’inventeur de l’iPhone a racheté pour 17 milliards de ses propres actions, contre 23 milliards de dollars le trimestre précédent. Ceci a stimulé les prix, ou retardé une éventuelle baisse du cours de l’action. 

La persistance du rachat de titres, qui bénéficie également à la haute direction de ces entreprises par des programmes d’options, n’est pas uniquement financée, d’après Goldman Sachs, par l’engagement des fonds propres, mais aussi, de manière croissante, par le financement de la dette et le  leverage. Selon la banque commerciale, c’est la première fois que les actionnaires se sont vus rembourser davantage que ce qui est possible sur la base des liquidités disponibles. Au premier trimestre de 2019, le ratio était de 104 pour cent, dépassant pour la toute première fois la barre des 100 % : en 2017, il était encore de 82 pour cent. 

Cette hausse persistante des « buybacks » a un double effet sur le bilan de l’entreprise : d’une part elle réduit la position de trésorerie et d’autre part elle augmente le leverage, prévient David Kostin, stratège en titres américains chez Goldman Sachs. Il s’attend à ce que la tendance du leverage accru se maintienne, aidée par la baisse de la devise.

Une révision par la politique monétaire

La Réserve fédérale américaine joue un rôle certain dans l’impact des « buybacks ». Quand, en 2015, la banque centrale a commencé à relever les taux d’intérêt, Goldman Sachs s’est tournée vers les entreprises au bilan fort au lieu de celles présentant un ratio dettes/gains élevé. En 2017 et 2018, cela a généré de bons rendements sur actions. Mais à présent que la Fed a abaissé les taux d’intérêt, la tendance s’est inversée. 

Depuis le mois de juin, les entreprises au bilan faible affichent un rendement sur actions de 12 % contre 8 % pour celles présentant un financement important. Ceci est dû au fait que, en finançant le rachat de parts par un financement de la dette ou leverage, les sociétés cotées en bourse sont devenues plus attrayantes. 

Goldman Sachs range notamment dans cette dernière catégorie d’entreprises AT&T, GM, Kraft Heinz et Delta Air Lines, alors que les sociétés au bilan fort sont, par exemple, Alphabet (société mère de Google), Mastercard, Facebook et Costco.

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