Nous nous trouvons dans une économie de milieu de pandémie, mais pas encore dans une économie post-pandémie. Au cours des deux premiers trimestres 2022, nous connaîtrons un ralentissement de la croissance, mais l’économie reprendra par la suite. L’inflation n’est pas un problème, et il faut s’attendre à une courbe de rendement plus raide. Ne tablez pas sur une année faste comme 2021 pour les actions, mais plutôt sur une année normale, avec des rendements compris entre 0 et 10 %.
Sven Sterckx, membre de la direction, a expliqué les Perspectives 2022 de Dierickx Leys Private Bank par voie numérique.
Le taux de vaccination des pays à haut revenu est beaucoup plus élevé que celui des pays à faible revenu. « Tant que le taux de vaccination mondial ne sera pas nettement plus élevé, nous continuerons à avoir des variants. Le soutien monétaire et budgétaire sans précédent va diminuer. La Fed achètera moins d’obligations et réinvestira également moins d’obligations arrivant à échéance.
Le port de Los Angeles, où la plupart des produits entrent aux États-Unis, est toujours saturé. La forte inflation de 2021 devrait s’atténuer quelque peu en raison du ralentissement de la croissance. Les prix des matières premières baissent ou se stabilisent, avec un effet déflationniste à la clé. Enfin, nous voyons peu de risques dans la spirale prix-salaires. Je pense qu’il s’agit d’un phénomène typiquement belge, dû à notre indexation automatique. Nous tablons donc sur une inflation comprise entre 2 et 2,5 %. »
Taux d’intérêt
Dierickx Leys prévoit cette année une courbe des taux d’intérêt plus raide. Sterckx : « Nous nous attendons à ce que le taux à 10 ans augmente de 2,5 à 3 % aux États-Unis. Il s’agit plutôt d’une normalisation vers le niveau pré-pandémie. Selon nous, les taux d’intérêt à court terme n’augmenteront pas beaucoup en Europe, mais nous prévoyons une hausse des taux d’intérêt aux États-Unis. »
Politique d’investissement
Sterckx mentionne qu’il n’existe pas de relation univoque entre les taux d’intérêt et la performance des actions. « Les premières hausses des taux d’intérêt ne nuisent pas au marché boursier, et ce n’est qu’en cas de nouvelles hausses que l’économie et les marchés boursiers souffrent. Le tableau ci-dessous, que nous avons réalisé, est révélateur. Cependant, nous ne nous attendons pas aux mêmes rendements sur les actions qu’en 2021. Nous prévoyons une année boursière normale, avec des rendements compris entre 0 et 10 %. »
Le panéliste Jan Longeval, consultant financier indépendant et expert en connaissances chez Investment Officer, a également participé au débat. « Il ne faut pas croire que le momentum créé en 2021 sera brisé en 2022. L’économie américaine continuera de croître à un rythme d’environ 4 %. Le seul facteur susceptible de faire obstacle à cette croissance est le secteur immobilier chinois. Les perspectives de croissance de la Chine ont été largement surestimées. »
Longeval affirme que l’inflation est un problème politique plus important aux États-Unis qu’en Belgique, où les salaires sont automatiquement indexés, alors que l’Américain moyen doit se battre pour l’obtenir. Ce qui, selon lui, mettra davantage de pression sur la Réserve fédérale.
« La valorisation est toujours une donnée relative. Un ratio cours/bénéfice de 20 est assez élevé, mais il faut le comparer au taux d’intérêt réel. Afin de mieux comparer les actions et les obligations, nous devons inverser le ratio cours/bénéfices afin d’obtenir le rendement des bénéfices. Ce rendement des bénéfices de 5 % reflète le rendement réel à très long terme du marché boursier. Un investissement obligataire rapporte -3 % en termes réels, soit un écart de 8 % par an en faveur des investissements en actions. Au bout du compte, les marchés actions offrent encore des perspectives », déclare Longeval.
Selon Longeval, l’inflation peut également s’accélérer pour des raisons psychologiques. « Si la population perd confiance dans l’argent de l’État ou si une panique survient à propos d’un possible déraillement de l’inflation, elle dépensera son argent très rapidement, ce qui provoquera de l’inflation. L’inflation ne résulte donc pas uniquement de goulets d’étranglement du côté de l’offre. Il n’y a rien d’aussi insaisissable que l’argent et l’inflation. »
Bitcoin
L’argent doit circuler, il doit être dépensé. « Un billet d’un dollar ne doit pas être thésaurisé, mais dépensé. Le Bitcoin est une forme de monnaie très inefficace, car le protocole Bitcoin nécessite une énorme quantité d’énergie pour valider les transactions sur la blockchain. Le Bitcoin est une forme inférieure de monnaie. Il peut seulement être considéré comme une alternative numérique à l’or. L’or est une réserve de valeur depuis 6000 ans déjà. L’avenir nous dira si le Bitcoin reprendra ce rôle », déclare Longeval.
Lisez un entretien récent avec CEO Filip Decruyenaere de Dierickx Leys.