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La BCE souhaite relancer le marché relativement restreint des obligations catastrophes en Europe, mais elle devra éliminer certains obstacles, selon les experts.

Les catastrophes naturelles causent de plus en plus de dégâts dans le monde entier, alors que les entreprises et les ménages ne sont souvent pas assurés contre elles. Dans l’Union européenne, seul un quart des pertes causées par des catastrophes liées au climat sont couvertes. La BCE et l’EIOPA, l’organisme de surveillance des assurances, souhaitent augmenter la couverture en encourageant l’utilisation d’obligations catastrophes. 

Rik Klerkx, CIO LDI & private markets chez Cardano, pense que c’est une bonne idée en principe. En tant que régulateurs des grandes banques et des assureurs, ils doivent atténuer les risques d’instabilité financière et de crise économique. Selon lui, les marchés de capitaux sont idéalement placés pour répartir les risques et les rendre supportables.

Toutefois, il pense que la demande des investisseurs pour les obligations «cat» est probablement trop faible actuellement pour réduire de manière significative le déficit d’assurance. Ces obligations sont souvent dépourvues de notation de crédit et présentent un risque supérieur à la moyenne. Les assureurs, les banques et les fonds de pension ont peu de marge de manœuvre pour investir dans ces obligations en raison des exigences strictes en matière de capital. Pour stimuler le marché des obligations catastrophes, les régulateurs devraient d’abord supprimer cet obstacle.

Selon M. Klerkx, les obligations catastrophes présentent un risque élevé, mais elles offrent également des avantages en termes de diversification et des rendements attrayants de 9 à 11 %. Toutefois, les avantages pour les investisseurs institutionnels disparaissent s’ils doivent investir beaucoup de capital en retour. Dans le cadre du nouvel accord sur les retraites, les fonds de pension néerlandais disposeront d’une plus grande marge de manœuvre pour investir dans des obligations catastrophes, car les exigences en matière de capital disparaissent. Il pense que les fonds de pension s’intéresseront au marché des obligations catastrophes, surtout s’ils peuvent également faciliter l’assurance pour les pays en développement. Ils contribueront alors à un monde meilleur», déclare M. Klerkx (photo).  

Les pertes dues aux catastrophes naturelles sont de plus en plus nombreuses en raison du changement climatique. Malgré l’augmentation des risques climatiques, les cat bonds restent un investissement intéressant en termes de rapport risque/rendement. Les spreads ont également augmenté et ont atteint un niveau record de 10,5 % en moyenne au premier trimestre», a déclaré M. Klerkx.

Faible volatilité

La société britannique Schroders est l’un des principaux investisseurs dans les obligations catastrophes au niveau mondial. Le marché mondial s’est fortement développé au cours des 20 dernières années et a maintenant atteint une taille sérieuse d’environ 40 milliards de dollars, explique Stephan Ruoff, responsable mondial des titres liés à l’assurance (ILS) de Schroders Capital.  Son équipe est au service de nombreux clients européens. Mais le marché européen des obligations catastrophes est encore très petit et seuls quelques acteurs européens les émettent pour couvrir les risques en Europe, notamment Generali, Achmea et Covéa. Les obligations catastrophes européennes représentent tout au plus 5 % de l’univers mondial. Il y a donc encore beaucoup de potentiel de croissance dans ce domaine», déclare M. Ruoff. 

Selon lui, plusieurs raisons expliquent pourquoi les investisseurs institutionnels trouvent cette classe d’actifs attrayante. Les catastrophes naturelles ne sont évidemment pas corrélées avec les marchés financiers, de sorte que les cat bonds contribuent à la diversification des risques au sein des portefeuilles. Par exemple, les cat bonds sont restés relativement stables pendant la crise du crédit en 2008 et n’ont guère été mis sous pression après l’apparition de la pandémie de grippe aviaire, explique M. Ruoff. Ce n’est qu’en cas de catastrophe naturelle, comme après les ouragans Irma en 2017 et Ian en 2022, que les prix sont sous pression. Au cours des 20 dernières années, les rendements annuels des obligations catastrophes ont été de 6,6 %. C’est nettement plus que les rendements des obligations «investment grade», alors que la volatilité était presque deux fois moindre».

Avec l’augmentation des pertes dues aux catastrophes naturelles, il est possible que les rendements soient plus faibles à l’avenir. Mais M. Ruoff ne craint pas cette éventualité : «80 à 90 % des risques sur le marché des cat bonds sont déterminés par ce que l’on appelle les risques de pointe causés par les catastrophes naturelles, telles que les ouragans aux États-Unis et au Japon, les tremblements de terre au Japon et les tempêtes de l’hiver européen. La modélisation de ces risques est solide et l’impact du changement climatique sur cette partie du transfert de risque aux marchés de capitaux n’est pas très important, principalement en raison de la courte durée des cat bonds. De toute façon, le changement climatique n’a pas d’incidence sur les tremblements de terre et, au cours des 25 dernières années, le nombre d’ouragans violents n’a pas augmenté. Ils entraînent en revanche davantage d’inondations, mais nous pouvons facilement intégrer ce facteur dans les modèles. 

Selon M. Ruoff, l’Union européenne peut stimuler le marché des cat bonds en rendant obligatoire l’assurance contre les catastrophes. Aujourd’hui, les gouvernements indemnisent principalement les dommages. Une couverture obligatoire où le risque est géré et partiellement répercuté sur les investisseurs aiderait certainement le marché. En outre, les assureurs cherchent des moyens, par exemple, de répartir le risque d’inondation aux Pays-Bas par le biais d’un pool ou d’une construction PPP, puis de le transférer efficacement au marché des capitaux. En outre, l’UE peut réduire les coûts d’émission d’obligations, par exemple en fournissant des subventions comme à Singapour.

Il s’agit d’une pré-publication d’un article paru dans IO Instutional, le journal des investisseurs institutionnels livré aux inscrits le 29 juin.

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