Arnaud Delaunay s’attend à un contexte économique qui va rester difficile en 2023, mais avec des signes qui pointent vers une amélioration légère sur le front de l’inflation qui devrait autoriser des conditions plus favorables pour les marchés boursiers.
« Nous présentons actuellement deux scénarios principaux à nos clients, selon que le conflit en Ukraine reste localisé, ou qu’il s’étend à l’ensemble du monde. Ce dernier cas de figure n’est pas notre scénario de base », soulignait récemment Arnaud Delaunay (économiste en chef chez Leleux Associated Brokers), « mais il doit aujourd’hui être étudié afin que nous puissions voir quel serait la conséquence d’un tel embrasement du conflit ».
Economie de guerre
Il constate tout d’abord que la hausse des matières premières observée depuis le début 2022 est toujours annonciateur de grandes crises. « De même, un tel effondrement des dettes souveraines n’est généralement observé que lors de périodes très perturbées ». Il constate également que le conflit en Ukraine est déjà largement mondialisé. « En dehors de l’Afrique et de l’Amérique Latine, tous les autres pays sont plus ou moins impliqués, avec des engagements financiers qui ont atteint 90 milliards d’euros, face à un budget militaire russe estimé à 66 milliards d’euros ».
Il souligne également la hausse des dépenses militaires un peu partout dans le monde depuis une dizaine d’années, la hausse des capacités nucléaires en Europe continentale au sein de l’OTAN, ainsi que les manœuvres militaires communes entreprises récemment par une quinzaine de pays (dont la Russie, l’Inde et la Chine). « L’arrivée d’une économie de guerre aurait des conséquences significatives pour nos économies, comme le contrôle de la production, des prix, des salaires et la fin de l’indépendance des banques centrales. Ceci entraînerait des réquisitions, et la fin d’une offre et d’une demande classique. Bref, dans ces conditions, il ne sera plus possible de faire un scénario macroéconomique ».
Signaux positifs
Le scénario principal d’Arnaud Delaunay table sur un conflit régional qui permet de retomber sur les perspectives économiques plus « classiques » pour les prochains trimestres. « Nous commençons à distinguer quelques signes plus positifs à moyen terme, avec notamment des indices manufacturiers qui se stabilisent ou qui sortent sur des niveaux supérieurs aux attentes ».
De même, il pointe un chiffre d’inflation ressorti au-dessus des attentes en Europe ou le rebond de la confiance des consommateurs un peu partout dans le monde. « D’ici trois ou quatre mois, je pense que nous devrions assister à une réduction de la contraction économique, avec une rotation sectorielle qui se dirigera vers des segments comme la construction, l’industrie, les cycliques et les valeurs bancaires ».
Plus de volatilité
« L’inflation a un effet important sur les rendements des classes d’actifs », souligne Arnaud Delaunay. « Lorsque 80% des pays sont dans un cycle inflationniste avec un resserrement de leur politique monétaire, l’indice MSCI World perd 1% par mois. Nous constatons toutefois qu’une tendance plus favorable est en train de s’installer, et le nombre de banques centrales dans une phase de politique monétaire restrictive a commencé à diminuer ».
Arnaud Delaunay souligne toutefois que les attentes bénéficiaires des analystes restent encore beaucoup trop élevées, et qu’un ajustement à la baisse des bénéfices est inévitable dans le courant de l’année prochaine. « Dans un tel scénario, nous devrions avoir une reprise des marchés boursiers dans le courant de 2023, mais nous resterons en dessous des sommets boursiers précédents ».
Sur le long terme, il souligne que le cycle des matières premières est susceptible d’entraîner une décennie qui sera marquée par une plus forte volatilité sur les marchés boursiers durant les dix prochaines années. « L’économie est le résultat de la transformation des sources d’énergie, et lorsqu’elles deviennent chères, les marchés boursiers ont tendance à devenir structurellement plus dangereux, avec une hausse des occurrences de corrections très importantes ».
Vingt actions
Enfin, comme chaque années, les spécialistes de Leleux Associated Brokers ont ressorti une liste de 20 actions conseillées pour bien commencer l’exercice 2023, qui privilégie comme des profils défensifs et financièrement sains, qu’il est possible d’intégrer dans un portefeuille bien diversifié. Cette liste fait la parité entre les actions américaines et européennes, avec dix nouvelles sociétés et dix sociétés qui étaient déjà présentes à la fin 2021.
Les mouvements ont été plus nombreux pour les valeurs américaines, avec notamment les entrées dans la liste de groupe comme Accenture, Alphabet, Coca Cola, Berkshire Hathaway, Estée Lauder, General Dynamics et Microsoft. De leur côté, Intercontinental, Visa, NextEra Energy sont confirmé dans la liste. Pour les actions européennes, ASML, GBL, LVMH font leur entrée, tandis qu’Aedifica, Allianz, Air Liquide, Nestlé, Roche, Shell et Schneider Electric sont confirmé. « La forte volatilité attendue devrait toutefois nous convaincre de réaliser plus de mouvements dans notre liste en 2023 ».