Notre allocation est neutre, avec une surpondération des États-Unis. Nous ne sommes pas convaincus que les marchés émergents vont surperformer. Les investisseurs qui souhaitent y être exposés feraient mieux de choisir des entreprises de pays développés qui y opèrent, déclare Steven Vandepitte (ING), stratège chez ING Belgique.
Si l’on considère l’année d’investissement écoulée jusqu’à présent, il estime que les marchés se sont étonnamment bien comportés. Les actions, en particulier, se sont bien comportées. Nous constatons également que les obligations offrent enfin à nouveau des rendements et que les liquidités commencent également à offrir des rendements attrayants. L’immobilier coté était déjà en difficulté l’année dernière, il pourrait le rester pendant un certain temps. Les matières premières sont moins attendues maintenant que l’inflation diminue à nouveau».
Le stratège a remarqué qu’en dehors de la mini-crise bancaire, il y a eu relativement peu d’événements majeurs sur le marché. La crise du secteur bancaire a montré une fois de plus que ce sont surtout les événements imprévus qui influencent le marché. Personne n’aurait pu la voir venir ou oser la prédire à la fin de l’année dernière. La même chose s’est produite avec la pandémie. Les investisseurs tablaient sur de nombreux scénarios, mais une pandémie mondiale n’en faisait pas partie. Cela montre une fois de plus à quel point il est difficile de faire des prédictions».
Portefeuille neutre
L’allocation d’actifs d’ING est actuellement neutre. Les principaux indicateurs donnent des signaux différents. Sur le marché obligataire, ils indiquent principalement un fort ralentissement économique. Sur le marché des actions, les signaux sont un peu plus courts et plus positifs. Ce n’est pas pour rien que l’on parle d’une «récession Godot». Nous attendons donc des signaux clairs avant d’ajuster notre allocation.
Au niveau régional, on observe une certaine considération pour les États-Unis. Il s’agit d’une conséquence de notre allocation sectorielle. Ici, nous avons considéré le secteur de la technologie et des communications. Nous l’avons fait en surpondérant les États-Unis, car ces secteurs y sont plus fortement pondérés. En outre, la région présente des caractéristiques plus défensives.
De nombreux gestionnaires d’actifs lorgnent spécifiquement sur les marchés émergents. Personnellement, je ne suis pas convaincu par cette région. Au cours des 12 dernières années, les marchés émergents ont structurellement sous-performé, et je ne pense pas que cela va changer dans l’immédiat. À mon avis, il vaut mieux réagir à cette région de manière indirecte, par l’intermédiaire de sociétés des marchés développés qui y sont exposées. Pensez, par exemple, au groupe de luxe LVMH, qui a récemment enregistré de fortes performances, en partie grâce à cette exposition».
Il ne voit pas non plus de raison de se concentrer sur le Japon. Il ne voit pas non plus de raison de se concentrer sur le Japon : «Dans ce pays, il n’y a pas d’histoire claire pour tirer les marchés boursiers vers le haut. En l’absence d’éléments déclencheurs spécifiques, je ne vois pas d’éléments permettant de justifier un investissement pour le moment», a déclaré M. Vandepitte.
Pragmatique
Avec le grand succès de l’investissement passif, de plus en plus de questions sont posées sur la valeur ajoutée de la gestion active. Je considère cette question de manière pragmatique, car elle dépend principalement de ce dans quoi vous voulez investir. Si vous voulez investir dans le S&P 500, la gestion active n’apportera pas grand-chose. Il s’agit de l’indice boursier le plus important et le plus connu. Il y a tellement d’investisseurs et d’analystes dans la gestion active que cela laisse peu d’opportunités de surperformer. Il vaut mieux opter pour un ETF.
Sur d’autres marchés, moins efficaces, les possibilités de gestion active sont plus nombreuses. Il suffit de penser à des régions spécifiques. La gestion active permet également de capitaliser sur des facteurs spécifiques tels que la valeur. Avant tout, les investisseurs doivent faire preuve de pragmatisme en combinant la gestion active et la gestion passive.
Similitudes avec l’année 2000
Interrogés sur les secteurs et les thèmes de l’avenir, les suspects habituels viennent à l’esprit. Tout d’abord, le secteur pharmaceutique et biotechnologique. Cela reste un bon moyen de répondre au vieillissement de la population mondiale. Ensuite, il y a la transition énergétique, un thème où beaucoup d’argent circule. De plus, il s’agit d’un thème large avec de nombreux angles. Actuellement, on ne peut pas ignorer l’intelligence artificielle (IA). C’est un thème extrêmement large qui a un impact sur tous les secteurs».
Le stratège émet néanmoins des réserves quant à l’engouement pour l’IA. En raison de l’engouement, on peut déjà constater une certaine exagération. Cela me rappelle le secteur technologique avant la bulle Internet. C’est pourquoi, à mon avis, il s’agit d’un secteur dans lequel il faut investir activement, via des ETF thématiques qui achètent principalement des actions qui ont déjà fortement augmenté», conclut M. Vandepitte.