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Alors que la guerre en Ukraine fait rage depuis plus de trois semaines, le nombre de fonds belges dont la valeur nette d’inventaire a été suspendue reste limité à trois. 

C’est ce que révèlent les chiffres les plus récents de Beama, l’association belge des gestionnaires d’actifs.

Sur son site Web, elle publie tous les mouvements et communications légales que les gestionnaires d’actifs doivent effectuer, ce qui inclut également la suspension du calcul de la valeur nette d’inventaire. 

On compte à ce jour trois compartiments pour lesquels la VNI a été suspendue : KBC Equity Fund Emerging Europe, ainsi que les compartiments Russia Equity et Europe Emerging Equity de la sicav BNP Paribas Funds. 

Pour le compartiment de KBC, le motif de suspension a changé depuis la première communication du 25 février. En raison de la diminution substantielle de la valeur des actions russes, l’exposition du compartiment aux actions russes est désormais inférieure à 20 % de ses actifs. 

Cependant, étant donné que le marché actions russe reste inaccessible aux investisseurs étrangers jusqu’à nouvel ordre, ce qui rend impossible une valorisation précise de ces actifs, la communication indique qu’il a été « décidé, dans l’intérêt de l’investisseur, de continuer à suspendre la détermination de la valeur nette d’inventaire ainsi que l’exécution des demandes d’émission et de rachat de parts et/ou de changement de compartiment, jusqu’à nouvel ordre. »

Les fonds d’épargne-pension belges restent également sur la bonne voie, ce qui est notamment dû aux règles d’investissement strictes auxquelles ils sont soumis. En effet, on ne peut investir qu’un maximum de 20 % en dehors de l’Espace économique européen, après quoi on peut investir dans tout ce qui se trouve en dehors de cette zone. Ainsi, de nombreux fonds d’épargne-pension n’investissent pas directement dans les marchés émergents. De nombreux gestionnaires complètent ces investissements non libellés en euros avec les États-Unis et la Suisse.   

Très limité

Le nombre limité de suspensions est en accord avec un précédent entretien réalisé avec Marc Van de Gucht, directeur général de Beama, qui déclarait que le capital investi dans les actions russes et apparentées « ne représente qu’une fraction de pourcentage ».

Au niveau européen, le nombre de fonds d’investissement exposés à la Russie est beaucoup plus élevé qu’en Belgique. Selon le Financial Times, BlackRock a récemment dû reconnaître que le plus grand gestionnaire d’actifs au monde est exposé à la Russie à hauteur de 17 milliards de dollars. Selon le FT, le gestionnaire d’actifs a revu à la baisse la valeur de son plus grand ETF Russie, qui est passé de quelque 600 millions de dollars fin 2021 à moins d’un million de dollars.

Traumatisme historique

Les investisseurs belges ont été traumatisés par les actions russes après la révolution russe de 1917. Nombreuses sont les histoires d’(arrière-)grands-pères qui avaient acheté des obligations ou des actions russes et ont enregistré une perte totale sur cet investissement après la révolution. De nombreux Belges avaient en effet investi dans l’industrialisation russe au début du siècle, car l’État russe, les villes et les compagnies ferroviaires avaient souvent fait appel aux investisseurs occidentaux au 19e siècle.

Les obligations russes avaient donc été achetées avec empressement dans notre pays et surtout en France, où vivaient de nombreux immigrants russes, ainsi qu’à Bruxelles.

Une grande fortune a ainsi été perdue dans nos contrées. L’association Scripta Russiae Manent recense tout cela et tente toujours d’obtenir une modeste compensation.  

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