Depuis sa fondation en 2006, Value Square s’est positionnée dans le paysage belge des gestionnaires de patrimoine comme une boutique de niche axée sur l’investissement de valeur. « L’implication et la fidélité au style occupent une place centrale. Nous ne sommes pas une entreprise de services publics ou un supermarché, mais une boutique de fonds au style très affirmé. »
C’est ce qui ressort d’un entretien avec Wim Descamps et Thomas Maes (photo), tous deux Managing Directors et associés de Value Square à Gand. Le gestionnaire de patrimoine est strict et s’en tient depuis le premier jour au concept éprouvé de l’investissement de valeur. Il se caractérise par sa concentration sur les petites et moyennes capitalisations (européennes) et son offre de fonds réservés aux personnes morales (fonds RDT).
Récemment, l’organigramme du groupe s’est encore professionnalisé en attirant des personnes très expérimentées telles que Koen Hoffmann et Kris Hermie (CIO). Selon Descamps, il existe des inefficacités temporaires du marché dont les investisseurs de style valeur peuvent profiter, surtout en Europe et dans le segment des petites et moyennes capitalisations.
« La proximité avec le client est extrêmement importante. Nous sommes en effet nous-mêmes des entrepreneurs. Nous avons des liens très étroits avec quelques familles industrielles bien connues en Flandre. C’est notre biotope. Notre part de marché peut d’ailleurs encore être multipliée par 6 ou 7 dans notre propre région », explique Descamps.
S’il y a un terme qui caractérise Value Square, c’est l’implication, explique Descamps. « J’ai retrouvé des textes datant d’avant l’obtention de notre licence début 2007, et même à cette époque, nous parlions déjà d’implication. Elle est au cœur de tout ce que nous faisons et caractérise notre relation avec le client, qui est donc moins susceptible de paniquer lorsque le marché est défavorable. La plus grande destruction de valeur se produit lorsque vous entrez et sortez du marché, car tôt ou tard, vous avez manifestement tort. »
Descamps mentionne également la réunion annuelle de la SICAV, qui attire quelque 200 à 300 investisseurs. Ils organisent également souvent des visites d’entreprises. « Nous cultivons cette implication de toutes les manières possibles, car nous voulons que les gens restent investis. »
Valeur en difficulté
Depuis plus d’une décennie, la valeur n’a pas le vent en poupe. « Si cela avait été le cas, je pense que nous aurions été encore plus loin. L’année dernière a été difficile, mais en 2022, nous constatons que cela a été en grande partie compensé. L’air commence maintenant à s’échapper de plusieurs actions et ETF très fortement valorisés. Les investisseurs commencent à réaliser que l’analyse financière et les fondamentaux ont aussi leur valeur », déclare Descamps.
Selon lui, investir dans des entreprises de croissance peut être positif pour l’innovation, mais le risque est à l’avenant lorsque la croissance ralentit. « Il suffit de penser à Nokia il y a vingt ans, qui a connu une croissance de 100 % par an, jusqu’à ce que cette croissance s’arrête. »
Descamps mentionne également que la valeur et la croissance sont dans un certain sens des concepts artificiels, et affirme qu’il est logique de payer un peu plus pour une entreprise en croissance rapide.
Coûts
Un acteur de taille plus modeste comme Value Square, qui compte quelque 600 millions d’euros sous gestion, doit également faire face à des coûts plus élevés en matière de conformité, d’IT et de gestion des risques. Thomas Maes explique que, d’une part, la barre est placée toujours plus haut, mais que, d’autre part, des acteurs de la fintech de plus petite taille proposent des solutions intéressantes et pragmatiques, à des prix attractifs qui plus est.
« La fintech est plus un compagnon qu’une menace. Par exemple, nous faisions les rapports EMT et PRIIPS nous-mêmes dans Excel, mais nous envisageons de confier cette tâche à une partie externe, ce qui nous permettra de nous concentrer sur nos activités principales. »
Selon Maes, avec la base de coûts actuelle de Value Square, le groupe peut facilement doubler de taille.
Pression sur les marges
D’après des entretiens avec des dirigeants dans le secteur belge de la gestion patrimoniale et d’actifs, il apparaît souvent que la pression sur les marges augmente, généralement dans le segment le plus élevé des particuliers très fortunés. Descamps nuance : « Tant que vous avez quelque chose à offrir qui n’est pas une marchandise, vous pouvez encore demander un bon prix à votre client. Je pense à notre fonds de petites capitalisations européennes, qui regarde à travers le prisme des gestionnaires de capital-investissement.
Les fonds classiques négociés en bourse, peu intéressants, sont en effet confrontés à une pression sur les marges. » Il s’étonne que les personnes qui prêtent une attention particulière aux coûts dans le segment coté en bourse paient souvent beaucoup pour des solutions de capital-investissement qui ‘accumulent les coûts’.
Descamps mentionne que ces particuliers fortunés créent souvent leur propre family office. Les sociétés de gestion de patrimoine telles que Value Square, qui font appel à des parties externes pour le courtage, la conservation et le règlement, ont vu ces coûts diminuer fortement ces dernières années. « Ces coûts réduits nous permettent de nous concentrer davantage sur notre métier proprement dit, la gestion patrimoniale, et d’offrir un excellent service à nos clients. »
Concurrence
Les principaux concurrents de Value Square ne sont pas seulement les grandes banques et les autres gestionnaires de patrimoine (étrangers), car l’immobilier direct constitue la principale raison pour laquelle les gens retirent leur argent. « En Flandre, une énorme quantité de valeur a été créée au cours des dix à quinze dernières années.
Nous sommes l’une des régions les plus prospères d’Europe et, surtout en Flandre orientale et occidentale, il y a énormément d’argent. C’est également là que se trouve la part du lion de notre clientèle. Dans le passé, nous avons travaillé pendant quelques années à Singapour, mais ici, nous pouvons encore nous développer fortement tout en restant fidèles à nos clients, à nos valeurs et à notre implication. »
La consolidation sur le marché belge peut certainement se poursuivre. « Nous voyons régulièrement émerger de belles initiatives nouvelles, et avons nous-mêmes un bilan solide et liquide. Rien ne nous empêche de nous intéresser à un acteur à un moment donné, si sa philosophie et ses valeurs correspondent aux nôtres », conclut Descamps.
- Fondée en 2006 à Gand par Wim Henneman, Patrick Millecam, Anne Gallant, Wim Descamps, Kristoff Van Houte et Pascal Cornelis
- 600-650 millions d’euros d’actifs sous gestion (y compris la gestion conseil ad hoc)
- 18 collaborateurs