Les obligations indexées sur l’inflation ne sont pas très intéressantes pour le moment. En tant que tampon dans un portefeuille diversifié, il reste préférable d’acheter des obligations d’État nominales de pays clés. Mais au bout du compte, les actions restent la meilleure protection contre l’inflation.
C’est ce qu’affirme Pieter De Ryck (photo), qui gère le Fonds d’obligations en euros ainsi que le volet obligataire des fonds profilés de Van Lanschot Belgique. « Beaucoup déclarent depuis longtemps déjà que les taux d’intérêt vont augmenter mais, hormis un sursaut intermédiaire, il n’en est rien. Il est vrai que les obligations d’État ont actuellement peu à offrir du point de vue du rendement pur, mais dans une perspective de diversification, même avec ces faibles taux d’intérêt, elles méritent encore une place dans le portefeuille. D’ailleurs, elles l’ont prouvé une fois de plus lors de la correction corona sur les marchés boursiers l’année dernière. »
Corrélation
De Ryck affirme ne pas craindre une corrélation positive entre les actions et les obligations, et se déclare critique à l’égard des obligations indexées sur l’inflation. « À mon avis, ce sont les instruments d’investissement les plus chers actuellement disponibles, et ils sont en fait assez complexes. D’une part, vous avez le côté relatif ; les linkers ont-ils des performances meilleures ou pires que les obligations d’État ordinaires ? Pour cela, les anticipations d’inflation (ou point mort d’inflation) doivent respectivement augmenter ou diminuer.
Dans l’absolu, c’est une autre histoire. Avec les linkers, vous n’obtenez un rendement positif que si le taux d’intérêt réel baisse, or il est déjà très négatif aujourd’hui. Tant que les taux d’intérêt réels sont négatifs, ce qui est déjà contre-intuitif en soi, on s’enferme dans une certaine perte de pouvoir d’achat. En d’autres termes, avec les taux d’intérêt réels négatifs actuels, vous avez déjà besoin de l’inflation rien que pour échapper aux coûts. Aux États-Unis, c’est une autre histoire, mais là-bas, vous êtes bien sûr confronté au risque de change.
De plus, la plupart des fonds d’obligations indexées sur l’inflation n’offrent pas de couverture intuitive contre une hausse de l’inflation ou les attentes inflationnistes. Si vous examinez d’où vient le rendement de ces fonds, vous constatez que les fameux 90 % proviennent du risque de taux d’intérêt. Cela n’a donc rien à voir avec l’inflation. C’est pourquoi certaines parties ont lancé des fonds avec des obligations sous-jacentes à duration courte liées à l’inflation. On y voit que l’évolution du rendement est cependant davantage corrélée à l’évolution de l’inflation.
En principe, les matières premières constituent la protection la plus simple contre l’inflation, mais on est alors confronté au fait qu’il n’y a en réalité aucune bonne façon d’y investir. En effet, on a souvent un roll return négatif sur les contrats à terme des matières premières. Heureusement, il y a encore les actions, qui constituent en fin de compte la meilleure protection contre l’inflation à long terme. En supposant que les entreprises puissent répercuter les prix plus élevés des matières premières, bien sûr. »
Volet obligataire
Le volet obligataire des portefeuilles diversifiés que gère De Ryck compte actuellement environ 40 % d’obligations d’État EMU, 33 % d’obligations d’entreprises EMU investment grade, 12 % d’obligations d’entreprises mondiales investment grade, le reste étant réparti à parts égales entre la dette des marchés émergents (devises fortes) et les obligations mondiales à haut rendement. Ces trois dernières catégories sont couvertes en euros. De Ryck ne croit pas en la prise de risque de change dans le volet obligataire d’un portefeuille. Elle ajoute une volatilité supplémentaire au portefeuille sans vraiment la compenser.
De Ryck conclut : « Il y a actuellement un débat sur le rôle des obligations dans un portefeuille diversifié. On se met en quête d’alternatives. On arrive par exemple alors à des ‘obligations hybrides’, des obligations convertibles ou même à l’or. Cependant, ces alternatives reviennent pas toujours à prendre davantage de risques dans un portefeuille. Par conséquent, il ne s’agit pas d’alternatives. »
Portefeuille
De Ryck gère notamment le fonds Euro Obligaties, qui est domicilié en Belgique. Le fonds a réalisé un rendement de 3,1 % en 2020. Sur dix ans, il atteint 2,5 %.