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En raison de la reprise des marchés boursiers, on demande régulièrement aux banquiers privés si le moment n’est pas venu de sortir du marché. Luc Van Aben, économiste en chef de Van Lanschot, n’en voit pas encore la moindre raison.

Si Luc Aben, économiste en chef de Van Lanschot, fait une prédiction pour les années à venir, c’est que nous allons continuer à patauger pendant un certain temps encore. « Au cours de l’année écoulée, les pressions inflationnistes se sont encore atténuées, les banques centrales ont encore donné une petite impulsion supplémentaire et la croissance économique - même si elle est limitée - reste soutenue. Il semble donc qu’au cours des prochaines années, nous allons continuer à tourner en rond dans le même environnement. »

Toutefois, l’économiste en chef hésite à faire des prévisions sur le rendement des marchés boursiers pour l’année à venir (ce qui irait à l’encontre du conseil d’utiliser un horizon à long terme) et préfère se tourner vers l’avenir à dix ans. Aben : « Le plus important pour les investisseurs est de savoir si à long terme, il vaut encore la peine d’investir dans les actions. » Et ce sera encore le cas dans les années à venir. Dans son scénario le plus probable, les marchés boursiers produiront un rendement moyen de 5,9 % par an d’ici 2029. Aux États-Unis, le rendement serait de 3,7 %, dans la zone euro de 5,5 %, et dans les pays émergents de 8,6 %. « On peut tout à fait considérer cela comme une base conservatrice pour l’avenir, qui peut donner aux investisseurs la confiance nécessaire pour continuer à investir. »

« Capitalism for the people »

 Le principal risque pour les années à venir sera un degré élevé de démondialisation. « L’évolution vers une mondialisation plus inclusive sous la pression d’un populisme croissant n’est pas nécessairement une mauvaise chose pour les marchés boursiers. Elle entraînerait une augmentation des dépenses publiques, une hausse de l’imposition des entreprises et l’ouverture des monopoles. Cela exercera bien sûr une pression sur les valorisations et les marges d’exploitation, mais dans le même temps, l’inflation augmentera. La croissance nominale soutiendra les rendements. » Dans ce scénario, le rendement attendu des actions serait de 6,1 % en moyenne d’ici 2029.

Il en sera autrement si ce scénario passe radicalement du ‘capitalism for the people’ à la démondialisation. Avec celle-ci, des barrières commerciales seraient érigées dans le monde entier et tous les pays se replieraient sur eux-mêmes, ce qui aurait un impact négatif à la fois sur la productivité et l’inflation. Dans une telle situation, il n’y aurait guère plus qu’un rendement sur actions moyen de 1,2 % d’ici 2029. Un scénario qui, selon Aben, est moins probable.

Canaris

Au début de l’année, les fonds de Van Lanschot étaient encore bien ancrés dans les actions. Aben : « Nous avons toujours une forte position en actions, mais dans l’intervalle, nous avons aussi réalisé quelques bénéfices parce qu’il y a peu à peu des canaris dans la mine de charbon. » L’économiste en chef constate une divergence croissante entre l’économie réelle et l’économie financière. Les cours des actions continuent d’augmenter, tandis qu’aux États-Unis et dans la zone euro, la confiance des chefs d’entreprise dans l’industrie est en baisse. Aben : « L’industrie est la première à prendre le pouls de l’économie. Si la confiance baisse, c’est au moins une raison d’être un peu plus prudent. En outre, les bénéfices attendus des entreprises semblent également stagner ou même diminuer légèrement en Europe, en Asie et aux États-Unis, ce qui constitue aussi un signal. »

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