En prônant une approche très conservatrice de l’investissement dans l’infrastructure, le gestionnaire australien Whitehelm Capital a dégagé une performance très solide et faiblement corrélée avec les marchés boursiers durant les trois dernières années.
Whitehelm Capital est un gestionnaire peu connu sur le marché belge, mais qui propose un fonds spécialisé sur l’infrastructure (Whitehelm Capital Listed Core Infrastructure Fund) affichant des performances particulièrement attractives depuis son lancement en 2016, avec notamment un rebond de près de 20% depuis le début 2019. Le fonds s’est récemment vu accorder une notation de 5 étoiles chez Morningstar. « Nous disposons d’un historique de plus de 20 ans sur cette classe d’actifs, avec des encours qui dépassent désormais 3 milliards de dollars », souligne Ursula Tonkin (gestionnaire du fonds), dont 100 millions d’euros sur le fonds commercialisé en Belgique. Whitehelm Capital est basé en Australie, mais dispose de bureaux à Londres depuis une dizaine d’années.
Acteurs privés
« A l’origine, nous étions spécialisés exclusivement sur les fonds privés destinés aux clients institutionnels (fonds de pension, compagnies d’assurance). Nous avons toutefois décidé de lancer en 2016 un fonds public, afin de pouvoir proposer une alternative à nos clients suite à l’envolée des valorisations sur le marché privé. En principe, les fonds exposés sur les sociétés cotées devraient bénéficier d’une prime de liquidité par rapport aux fonds privés, mais dans la pratique, c’est l’inverse qui se produit ».
De nombreux joueurs privés (compagnies d’assurance, etc) sont en effet à la recherche d’actifs réels à mettre dans leurs portefeuilles. « Et comme beaucoup d’acteurs cherchent à acheter un volume d’actifs relativement réduit, les cours ont eu tendance à s’envoler ». Ursula Tonkin donne comme exemple la récente transaction intervenue sur l’aéroport de Bruxelles, à des niveaux de valorisation deux fois plus élevés que les alternatives cotées sur les aéroports de Francfort et de Zurich.
Très défensif
Le fonds de Whitehelm Capital va se concentrer sur les zones les plus défensives du marché coté, avec des sociétés exposées sur les segments les plus régulés de l’infrastructure, avec des contrats à long terme (au moins 10 ans), une protection des revenus contre l’inflation, et des dividendes soutenables. « Nous préférons des sociétés avec des payouts raisonnables qui permettent d’envisager une progression future des dividendes. L’attention sera donc portée sur l’endettement et les perspectives de croissance pour les flux de trésorerie ».
Dans la pratique, le fonds va investir dans 35% de l’univers d’environ 400 sociétés (soit environ 140 sociétés), en évitant notamment des activités liées à la production d’électricité (trop sensible aux prix de vente), aux data centers, à la construction ou aux compagnies ferroviaires. « Nous ne serons également pas exposés sur les marchés émergents, en raison du profil de risque souvent plus élevés de ces entreprises », indique Ursula Tonkin.
Le résultat sera un portefeuille extrêmement résistant lors des phases de forte volatilité, avec un beta de seulement 0,4 depuis le lancement de la stratégie. Cette résistance a permis au fonds de très bien traverser l’exercice 2018. « Le point fort de ces sociétés est leur capacité à faire progresser leurs résultats même en cas de récession ».
Faible turnover
Whitehelm Capital Listed Core Infrastructure Fund sera investi sur une quarantaine de positions, qui seront équipondérées avec un rééquilibrage mensuel qui sera responsable d’environ la moitié du faible turnover (22%). « Notre but est vraiment de proposer une stratégie stable et de long terme, qui soit aussi proche que possible de la gestion d’un fonds privé », indique encore Ursula Tonkin. Et de souligner que la pondération égale des différentes positions permet de diluer un risque spécifique qui peut être relativement important sur chaque société.
« Lorsqu’un événement se produit, la correction peut être significative, comme par exemple lors de l’accident de Fukushima, lors des récents incendies en Californie, ou lors de l’effondrement d’un pont à Gênes (Italie). Cette stratégie permet de limiter l’impact de chaque action dans la performance, avec une exposition qui privilégiera les moyennes capitalisations ».
Accent belge
Le portefeuille est exposé depuis son lancement sur Elia, une société qui est appréciée pour son environnement règlementaire stable avec une équipe dirigeante de qualité et une diversification internationale bien menée sur le marché allemand. « Nous sommes généralement assez réticents sur les directions qui font des acquisitions, mais il s’agit ici d’un société comparable sur un marché voisin ».