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Wim Vermeir, CIO auprès de l’assureur AG Insurance, voit des opportunités mais aussi des risques sur les marchés. Il conseille la prudence.

Vers la fin du trimestre, nous avons enregistré les premières bonnes nouvelles pendant cette épidémie du coronavirus, une crise sans précédent. Les mesures de quarantaine extrêmement strictes instaurées dans toute l’Europe commencent à porter leurs fruits. La propagation du virus ralentit petit à petit, même dans des pays gravement touchés, comme l’Italie et l’Espagne. La crise est loin d’être terminée - le nombre de décès augmente encore et les hôpitaux sont toujours sous pression -, mais la croissance explosive du nombre d’infections semble avoir cessé. Certaines restrictions sont déjà progressivement levées dans les premiers pays où la quarantaine avait été instaurée, à savoir l’Autriche et le Danemark.

Incertitude sur la situation aux États-Unis

Aujourd’hui, les États-Unis sont la principale source d’inquiétude. Dans un premier temps, le président Trump a minimisé la crise. Début avril, il a revu sa communication et parle désormais d’une crise grave qui nécessite des mesures exceptionnelles. La plupart des États américains appliquent aujourd’hui des mesures de lock-down similaires à celles de l’Europe. Nous pouvons donc nous attendre à ce que le nombre d’infections y soit également maîtrisé d’ici quelques semaines. Il reste à voir si le système de soins de santé américain, fragmenté et auquel les populations pauvres n’ont pas accès, sera en mesure de faire face à cette crise.

Un impact économique difficile à estimer

L’attention des marchés financiers se porte désormais sur les conséquences économiques de la crise. En effet, les mesures de quarantaine ont également un lourd impact économique. Les observations en Chine, des études académiques et des enquêtes indiquent un recul des activités de l’ordre de 30 à 35 %. Les gouvernements ont adopté des mesures de relance sans précédent, tant sur le plan monétaire que fiscal. Leur objectif : que ce choc n’endommage pas durablement le tissu économique. Il subsiste cependant des incertitudes. Combien de temps durera le confinement ? À quel rythme pourrons-nous reprendre le travail ? Quand la confiance des consommateurs et des entreprises se rétablira-t-elle ? Les pronostics des économistes sont très variables, même en Belgique. KBC, par exemple, table sur un ralentissement de la croissance de -9,5 %, contre seulement -3,5 % selon BNP Paribas Fortis. Notre scénario reste inchangé, à savoir une reprise en U : nous aurons passé le pic des infections du Covid-19 à la fin du Q2, et l’économie se redressera petit à petit au cours du deuxième semestre. 

Pour les actions, nous sommes d’avis d’attendre une meilleure opportunité d’entrée ou de répartir les achats dans le temps

Entre-temps, les marchés d’actions européens se sont quelque peu remis des coups durs subis au mois de mars. Leur niveau se situe aujourd’hui à environ 20 % au-dessus du plancher atteint le 18 mars. Le pricing des actions européennes reste relativement attrayant : en moyenne, la sous-valorisation par rapport à la moyenne à long terme est de 20 %. Toutefois, nous n’avons pas atteint des niveaux d’achat exceptionnellement bas. Lors de crises récentes (en 2008 ou 2011), les actions étaient encore moins chères, de l’ordre de 20 à 25 % (voir graphique « MSCI Europe »).

Cette crise pèsera aussi lourdement sur les bénéfices des entreprises en 2020. Ici aussi, les estimations des analystes sont très variées et parlent d’un impact de -25 à -50 %. Nous nous attendons à une tendance similaire pour les dividendes. Afin de consolider leur solvabilité, les entreprises reportent ou réduisent leurs dividendes. Dans certains cas, cette décision n’est pas délibérée. Pour les banques, par exemple, il s’agit d’une demande de l’autorité de contrôle. Évidemment, cette incertitude quant aux bénéfices et aux dividendes influence aussi la valorisation des actions. 

 

PE

Au cours de la deuxième quinzaine du mois de mars, nous avons profité de la faiblesse des marchés boursiers pour légèrement augmenter notre position en actions. Comme annoncé dans notre précédent article du 17 mars, nous avions privilégié des entreprises solides dans des secteurs défensifs. Vu la récente hausse des cours et tant que nous n’y verrons pas plus clair quant à l’évolution de la pandémie aux États-Unis et la croissance économique en Europe, nous adopterons une attitude attentiste pour les actions. Étant donné l’incertitude qui plane actuellement, nous sommes convaincus que de meilleures opportunités d’entrée se présenteront.

Les investisseurs ayant un horizon de placement plus long et qui ne craignent pas le stress des fluctuations quotidiennes des marchés boursiers, peuvent déjà profiter des niveaux de valorisation actuels pour se constituer progressivement une position en actions. Dans la plupart des cas, l’histoire nous montre qu’il s’agit d’une stratégie gagnante sur le long terme lors de corrections boursières.

Nous voyons aussi des opportunités d’achat dans les obligations d’entreprises de qualité supérieure

Nous observons encore des opportunités d’achat au niveau des obligations d’entreprises, dont les spreads ont fortement augmenté en mars (voir graphique « A corporate bond spread », le spread étant le rendement supplémentaire d’une obligation d’entreprise par rapport à une obligation d’État). Pour les obligations de qualité supérieure avec un rating A, le spread correspond maintenant aux niveaux de 2008, ce qui nous semble intéressant. Nous constatons également que ce marché reprend petit à petit des couleurs depuis le début de ce mois, tant sur le marché primaire (où les entreprises émettent de nouvelles obligations) que sur le marché secondaire (où sont réalisées des transactions avec les obligations existantes). L’intervention de la Banque Centrale Européenne, qui effectue d’importants rachats, n’y est pas étrangère. Ces dernières semaines, nous avons donc renforcé notre position en obligations de qualité supérieure, et nous comptons poursuivre sur cette voie dans un avenir proche. Toutefois, il convient ici aussi d’être sélectifs. Nous privilégions les entreprises qui ont une position forte sur le marché et un bilan solide.

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Quoi qu’il en soit, nous nous attendons encore à beaucoup d’incertitude et de nervosité sur les marchés financiers. La prudence reste donc de mise. Dans les mois à venir, le mot d’ordre général s’appliquera donc aussi aux investisseurs : Stay Safe !

Plus de nouvelles: «nous sommes un investisseur défensif».

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