
The loser standing small… Et on peut aussi prendre cela au pied de la lettre sur les marchés boursiers. Jamais la concentration des gagnants dans les indices n’avait été aussi élevée. Après une correction de plus de 10 %, on pourrait penser que la technologie est dépassée. Mais les apparences sont trompeuses.
Les marchés ont subi une correction de plus de 10 % depuis le pic du 2 septembre. Il y a quelque temps, nous avions écrit un article sur le dollar américain, qui était et demeure déterminant pour la liquidité des marchés.
Extrait : « Lorsque le dollar est faible, les parties financières vendent des dollars pour acheter des actifs financiers ou réels ou pour contracter des dettes dans une autre devise. Inversement, lorsqu’il est fort, ces dettes doivent être remboursées ou les actifs vendus. Dans ce dernier cas, la demande de dollars augmente. Ces derniers mois, nous avons assisté à une forte augmentation de deux types de classes d’actifs : les actifs à duration longue (les actions de croissance) et les actifs réels (en particulier les métaux précieux). Les actions de croissance augmentent parce que le taux d’actualisation utilisé pour actualiser les flux de trésorerie futurs à la valeur actuelle (net present value) est proche de zéro. Les flux de trésorerie futurs deviennent donc plus importants que les flux de trésorerie actuels, ce qui est précisément la caractéristique des actions de croissance. »
Augmentation
Ces dernières semaines, le dollar a augmenté de manière significative par rapport à l’euro, ce qui constitue une correction normale. En conséquence, les actifs tels que les actions de croissance, mais aussi les métaux précieux et les marchés émergents ont subi une forte correction. En août, l’or avait encore atteint un cours supérieur à 2000, mais il a depuis lors reculé de manière assez importante. Techniquement, l’or peut cependant rester sur une tendance haussière tant que le cours reste au-dessus de 1714 dollars l’once. Même lorsque le cours baisse à ce niveau, il n’y a toujours pas lieu de s’inquiéter sur le plan technique.
Valorisation
Il est un fait que de nombreuses entreprises technologiques sont fortement valorisées. Payer n’importe quel prix est la recette du désastre et de la sous-performance. Tel est aussi l’avis de David Ross, un expert du marché comptant plus de trente années d’expérience. Il co-dirige avec succès le fonds Echiquier World Equity Growth, qui investit principalement dans des actions de croissance de grande capitalisation : « Celui qui n’a pas connu la période dot-com (ce qui est le cas de la plupart des gestionnaires de fonds) peut avoir l’impression que, contrairement à aujourd’hui, 1999-2000 a été une sorte de folie collective dans laquelle seules quelques entreprises ‘dot-com’ déraisonnables et déficitaires étaient impliquées. Ce n’est pas vrai. En 2000, Microsoft était en effet l’une des entreprises les plus rentables au monde. Elle était même si rentable que le gouvernement américain avait engagé avec succès un procès anticoncurrentiel contre Microsoft. Ceux qui ont acheté Microsoft à son apogée, en 2000, ont dû attendre quinze ans pour atteindre à nouveau le seuil de rentabilité. Intel était (et demeure) également l’une des entreprises les plus rentables de cette période… »
Ross ajoute qu’au début de cette année, les quatre plus grandes positions de son fonds étaient toutes des entreprises technologiques, représentant 27,7 % du fonds. Aujourd’hui, une seule entreprise technologique figure encore parmi le top cinq du fonds, représentant à peine 7,5 % du total.
Regarder l’avenir lointain
Il ne faut donc certainement pas payer trop cher pour des entreprises technologiques ou en croissance. Mais les vrais gagnants présentent une caractéristique commune : ils sont surévalués de manière presque chronique.
Nous nous souvenons également qu’il y a dix ans, Amazon et d’autres entreprises similaires étaient considérées comme chères. De même, Netflix et d’autres gagnants à long terme sont rarement bon marché.
La question à se poser en tant qu’investisseur est donc la suivante : les facteurs qui ont porté ces entreprises, notamment les taux d’intérêt très bas et l’accélération de la numérisation (cloud, SaaS, robotique, automatisation, IA, télétravail, home entertainment) vont-ils disparaître ou au contraire s’accélérer dans les années à venir ?
Le maintien de compounders (entreprises à très forte croissance composée et pouvant transformer celle-ci en performance boursière) est une activité éprouvante pour les nerfs, mais incroyablement rentable.
Ci-dessous, voici à titre d’exemple les cours IPO à l’introduction en bourse de certaines entreprises de premier plan et les cours actuels. Beaucoup de ces actions ont connu des baisses de 60 à 90 % en cours de route. ‘Sit tight and be right’ ? Oui, mais pour ceux qui ont l’estomac bien accroché :
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Apple : cotée à 0,13 dollar en 1980 : maintenant 111 dollars
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Microsoft : cotée à 0,10 dollar en 1986 : maintenant 207 dollars
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Adobe : cotée à 0,22 dollar en 1986 : maintenant 486 dollars
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Google : cotée à 54,16 dollars en 2004 : maintenant 1459 dollars
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Amazon : cotée à 1,73 dollar en 1997 : maintenant 3128 dollars
Terminons par une citation de Buffett : « Suggérer qu’un investisseur devrait vendre une partie de ses investissements les plus rentables simplement parce qu’ils en sont venus à dominer son portefeuille revient à suggérer que les Bulls échangent Jordan parce qu’il est devenu très important pour l’équipe. »