Dans le secteur financier, moins de 30 % de l’ensemble des postes de direction sont occupés par des femmes. En termes d’égalité des genres, il reste donc une solide marge d’amélioration. Women in Finance, une initiative lancée par Febelfin en 2018, réunit des femmes qui entendent y remédier et ce, avec succès. La version britannique fait également de gros efforts pour donner une touche plus féminine au secteur financier traditionnellement masculin dans la City londonienne.
Investment Officer s’est récemment entretenu avec trois femmes qui occupent un poste senior et/ou de direction dans le secteur financier belge. Nous avons en effet abordé ce thème avec Katherine Haesaerts (à gauche sur la photo), Sales Director Benelux chez Columbia Threadneedle, Mehtap Ersahin, Intermediary Sales Director BeLux chez Schroders, et Niké Maekelberg, Head of Sales Intermediary Benelux chez Bâloise Assurances.
Sous la bannière ‘Women on Tour’, les trois femmes ont organisé en Belgique des roadshows de présentation de leurs fonds phares et nouveaux développements.
« Je suis devenue plus ferme et beaucoup plus directe », déclare tout d’abord Ersahin. « À l’époque, j’ai commencé au sein d’une équipe de cinquante personnes, dont deux étaient des femmes. Ce n’était pas si difficile en soi, mais j’ai fait davantage entendre ma voix. Dans mes fonctions précédentes, tous mes managers étaient des hommes. Je n’ai jamais vraiment eu de modèle précédemment, mais heureusement, il y a maintenant davantage de femmes. Chez Schroders, par exemple, le Head of Europe est désormais une femme. »
Maekelberg partage ce point de vue : « En tant que femme, vous devez davantage prendre les choses en main et vous faire entendre. C’est sans doute triste à dire, mais sinon, ils vous marchent dessus. »
Haesaerts : « Nous travaillons de longues heures et sommes souvent sur la route. On ne demande jamais à un homme comment il gère son foyer. Pour les hommes comme pour les femmes, il est tout simplement important de trouver un équilibre suffisant entre vie professionnelle et vie privée. »
Women in Finance
Women in Finance de Febelfin est une initiative qui a vu le jour ces dernières années. Women in Finance appelle à une plus grande diversité des genres dans le secteur financier et souhaite que les institutions financières prennent (davantage) conscience de l’importance de la diversité et de l’inclusion. Women in Finance a vu le jour en 2018. Ce qui a démarré comme une initiative privée d’un petit groupe de cadres supérieurs s’est transformé en une association regroupant toutes les grandes institutions financières.
Un acteur comme Columbia Threadneedle est d’ailleurs également membre de la Women in Finance Charter britannique.
Cependant, il reste un long chemin à parcourir, puisqu’actuellement moins de 30 % des postes de direction du secteur sont occupés par des femmes. Haesaerts explique : « Lors des entretiens d’embauche, des aspects tels que la diversité et l’inclusion sont beaucoup plus abordés qu’auparavant. Je remarque que c’est maintenant devenu un moyen d’attirer des talents. La volonté de changement est bien présente. J’ai également remarqué que la grande crise financière de 2008-2009 a constitué un tournant. Depuis lors, beaucoup de choses ont changé en mieux. »
Maekelberg indique qu’on peut également utiliser les enquêtes internes menées auprès du personnel afin de savoir ce que les collaborateurs pensent vraiment de ces questions : « Chez Bâloise, une enquête de satisfaction des collaborateurs est organisée tous les six mois. Celle-ci porte sur des critères tels qu’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et ‘soft criteria’, ce qui donne au management une bonne idée de la manière dont les choses se passent réellement sur le lieu de travail. »
Durabilité
Les trois femmes s’accordent à dire que les femmes accordent toujours plus d’importance à la durabilité que les hommes. Haesaerts : « Je pense que davantage de femmes sont actives dans le domaine de l’ESG. Si je regarde notre fonds Columbia Threadneedle (Lux) Sustainable Outcome Global Equity, par exemple, il est géré par une femme, et le co-gestionnaire et l’analyste de service sont également des femmes. »
Maekelberg nuance : « Chez Bâloise, ce n’est pas un critère en soi. Chez nous, les fonds sont présentés au courtier, qui fait son analyse, suite à laquelle les fonds peuvent éventuellement se retrouver sur notre liste. Lorsque je regarde les courtiers féminins par rapport aux courtiers masculins, je ne remarque en fait aucune différence dans la sélection des fonds. Pour moi, les femmes ne sont pas plus enclines à recourir à des fonds durables. »
Haesaerts ajoute que l’ESG a encore du retard à rattraper chez les courtiers/intermédiaires. « Dans le segment institutionnel et wholesale, il est tout de même plus présent. Mais ce n’est pas une mauvaise chose en soi, car c’est aussi à nous de fournir l’éducation et les faits nécessaires », conclut-elle.