
Les marchés boursiers se sont effondrés cette semaine, et on s’attend donc aux titres racoleurs des médias (et réseaux sociaux) qui aiment naturellement jeter de l’huile sur le feu. Mais je n’avais pas vu venir la une du quotidien néerlandais De Telegraaf : « La crise boursière fait trembler les fonds de pension ».
Nous les remercions, car le titre a inspiré cette chronique.
Une entreprise coûteuse
Le fait que ce titre alarmant m’ait tant surpris ne tient qu’à moi. À mon avis, le secteur des pensions est un monde plutôt opaque d’administrateurs, de consultants et d’opportunistes qui se cooptent régulièrement. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles le système devrait régulièrement être repensé.
L’austérité est bien sûr inévitable, car dans le passé, les arrangements étaient tout simplement trop généreux. J’estime que les pensions sont secrètement une activité très coûteuse, car toutes les personnes impliquées doivent évidemment être payées (grassement) aussi.
Ratio de couverture
Quoi qu’il en soit, des titres comme celui qui précède surgissent toujours dès que les actions chutent lourdement. L’article du quotidien De Telegraaf met l’accent sur la compensation des pensions, qui est remise en question car la baisse des cours des actions a un effet négatif sur les niveaux de financement des fonds de pension. Et l’indemnisation des bénéficiaires qui sont affectés négativement par le nouveau régime dépend désormais de ce ratio de couverture.
Pour des fonds tels que le PMT (Pensioenfonds Metaal en Techniek) et le PFZW (Pensioenfonds Zorg en Welzijn), la situation était déjà précaire avant la récente chute des marchés boursiers. Si l’on en croit les chiffres du Telegraaf, cela représente plus de quatre millions ( !) de bénéficiaires.
Et si je vous disais que les actions ne sont pas du tout le problème ? Au cours des vingt dernières années, les actions ont généré un rendement moyen de 8,4 %, en incluant la récente correction. Je peux vous l’assurer : c’est plus que ce que la plupart des répartiteurs d’actifs de fonds de pension ont osé mettre sur papier.
C’est avec les obligations dites sûres que les choses se gâtent structurellement. Celles-ci ont produit un rendement moyen d’à peine 2 % au cours des 20 dernières années. Et au cours des dix dernières années, il n’y a même rien eu du tout. Parallèlement, l’inflation a été largement supérieure à ce taux de 2 % au cours des deux périodes. Je ne parlerai même pas de l’indexation.
Occasion manquée
Je soupçonne que peu de fonds de pension ont envisagé des rendements obligataires structurels inférieurs à l’inflation. C’est ironique, car cela signifie qu’ils ont manqué des opportunités, notamment pendant la phase d’élaboration des portefeuilles, qui, à mon avis, a reçu beaucoup trop peu d’attention. Il n’est certes pas si difficile de supposer que les taux d’intérêt dans une économie axée sur la dette devront encore baisser en moyenne.
Il n’aura certainement pas échappé aux fonds de pension qu’il faut de plus en plus de dette pour maintenir la croissance de nos économies ? Et que cela soulève la question de la viabilité de la dette ?
Chercher plus loin
Enfin, un exemple de calcul, évidemment choisi de manière totalement « aléatoire ». Imaginez qu’en plus du portefeuille traditionnel 60-40, vous ayez réservé une petite place à cette autre classe d’actifs à l’histoire longue ET à l’effet de diversification prouvé : j’ai nommé l’or.
Avec seulement 10 % d’or dans le portefeuille, et donc 30 % d’obligations au lieu de 40 %, vous auriez obtenu un rendement supérieur de plus de 1 % par an au cours des 20 dernières années. Cela semble peu, mais après ces 20 ans, cela se traduit par une fortune supérieure de 21 % à celle obtenue avec la répartition classique 60-40.
Comme vous investissez 60 % en actions dans les deux cas, vous ne perdez pas non plus cet avantage en cas de krach boursier. Le résultat ? Un ratio de couverture plus élevé, et donc une plus grande marge de manœuvre pour indemniser les bénéficiaires de l’impact négatif d’un nouveau régime.
Jeroen Blokland analyseert in zijn nieuwsbrief The Market Routine in het oog springende, actuele grafieken over de financiële markten en macro-economie. Daarnaast is hij beheerder van het Blokland Smart Multi-Asset Fund, een fonds dat belegt in aandelen, goud en bitcoin.