
Sous contrôle. Non, ce titre ne concerne pas l’espace aérien de l’Iran, même si, au vu des derniers développements, une rubrique pourrait facilement y être consacrée. Le titre fait référence aux consommateurs américains, qui ne jettent pour l’instant pas l’éponge malgré les incertitudes concernant les droits de douane.
« Les ventes au détail sont en forte baisse en raison de la guerre des droits de douane » : ainsi titraient la plupart des sites Internet et réseaux sociaux des médias financiers après la publication des ventes américaines pour le mois de mai. En effet, ces dernières ont baissé de 0,9 %, signant leur plus fort recul depuis le début de l’année.
Ce n’est pas totalement vrai. En effet, les ventes au détail du « groupe de contrôle », c’est-à-dire celles qui ne comportent pas d’éléments volatils tels que les restaurants, les concessionnaires automobiles, les magasins de bricolage et les stations-service, ont augmenté de 0,4 % en mai, ce qui est très satisfaisant. Ce point est important, car les calculs de croissance du PIB sont effectués sur la base de ce chiffre plutôt que sur celle des ventes totales. Il s’agit là d’une nuance essentielle lorsqu’un journaliste rédige un article sur la récession, me semble-t-il.
Un rythme sain
Le graphique ci-dessous montre les ventes au détail mensuelles du groupe de contrôle aux États-Unis. Cela ne ressemble en rien à une récession. Ces ventes ont par ailleurs augmenté de près de 5 % en un an. Ce chiffre est supérieur d’environ 2,5 % à l’inflation actuelle, ce qui signifie simplement que, pour l’instant, les ventes au détail américaines ne font que contribuer positivement à la croissance économique réelle, le taux de croissance qui compte vraiment. Le monde financier a l’habitude de communiquer des chiffres sans tenir compte de l’inflation, même en ce qui concerne l’inflation. On ne peut pas vraiment faire grand-chose avec ces chiffres.
Marché de l’emploi
La meilleure prévision de la croissance du PIB américain, l’Atlanta Fed Nowcast, table sur une croissance économique de 3,5 % pour le deuxième trimestre, sur une base annuelle. Il s’agit en grande partie d’une correction par rapport au trimestre précédent, au cours duquel le commerce avait tiré la croissance vers le bas. Toutefois, même ce chiffre ne pointe pas vers une récession.
Pour les consommateurs américains, le marché de l’emploi est essentiel pour éviter la récession. Même si la croissance de l’emploi ralentit, un certain nombre de postes sont encore créés chaque mois et la hausse des salaires est également raisonnable, bien qu’elle se stabilise. Malgré cela, la hausse des salaires reste supérieure à l’inflation actuelle, ce qui signifie que le pouvoir d’achat des consommateurs augmente.
Ainsi, même si les gros titres laissent parfois entendre que l’économie américaine est en train de s’effondrer, les données sous-jacentes sont beaucoup plus nuancées. Je n’exclus pas la possibilité que la prudence des entreprises et des consommateurs s’accroisse encore si Donald Trump poursuit ses politiques volatiles, augmentant ainsi la probabilité d’une récession, mais pour l’instant, je ne pense pas que cette probabilité soit très élevée. De toute façon, Donald Trump fournit aux journalistes de nombreux grands titres, ce qui rend moins urgente la nécessité d’en trouver un pour chaque donnée macroéconomique.
Jeroen Blokland analyse des graphiques actuels qui reflètent certains aspects frappants macro-économiques et des marchés financiers. Il gère également le fonds Blokland Smart Multi-Asset, qui investit en actions, or et bitcoin.