Stefan Duchateau
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J’ai malheureusement oublié où je l’ai lu et comment on le mesure, mais des études scientifiques montrent qu’il faut cinq fois plus d’énergie pour créer un air joyeux que pour composer une chanson triste.

Par extension, il en va peut-être aussi de même pour l’élaboration d’un scénario positif pour l’avenir par rapport à des prévisions pessimistes. Par conséquent, à l’approche de la fin de l’année, nous sommes inondés de scénarios moroses dans lesquels des tas de choses vont mal. Cela coûte tout simplement moins d’énergie aux auteurs.

En guise d’antidote à toute cette sinistrose, je présente cinq évolutions qui pourraient se révéler plus favorables que prévu au cours de l’année à venir. Même si nous sommes par la suite en fait un peu déçus, nous aurons pu un peu réchauffer notre esprit à cette idée. Vorfreude ist schönste Freude (l’anticipation est la plus belle des joies), avons-nous appris de nos voisins de l’Est.

1 – Tensions géopolitiques

Je commence là où les besoins sont les plus importants. Il se pourrait qu’un cessez-le-feu soit effectivement annoncé prochainement sur le front ukraino-russe, suivi de négociations de paix menant à un équilibre durable.

Pour l’Ukraine, il est devenu quasiment impossible de reconquérir les territoires volés par la Russie. En revanche, pour la Russie, une catastrophe économique se profile à l’horizon, car les efforts de guerre menacent de perturber complètement le pays. Une pression décisive de part et d’autre, des États-Unis sur Kiev et de la Chine sur Moscou, peut accélérer considérablement ce processus.

L’amorce de ce processus de paix pourrait donner une poussée d’adrénaline à l’économie européenne, qui souffre de plus en plus de son désavantage concurrentiel par rapport aux États-Unis et ne peut plus nier son déclin industriel. 

2 – Accélération de la croissance économique américaine

L’économie américaine pourrait tirer profit d’une baisse d’impôts et d’un allègement de la réglementation sous la nouvelle administration. 
Dans un tel scénario, les bénéfices des entreprises américaines pourraient encore accélérer leur trajectoire de croissance déjà impressionnante et, à paramètres constants par ailleurs, porter les marchés boursiers vers de nouveaux records. Le soutien que pourrait donner le régime de Donald Trump aux mégaentreprises américaines afin d’imposer l’hégémonie économique pourrait propulser les Sept Magnifiques et le fameux indice FANG à des hauteurs stratosphériques.

Évolution de l’indice NYSE FANG par rapport à l’indice de la zone euro, à l’indice mondial et à l’indice chinois.

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3 – La banque centrale réalise (enfin) ses erreurs

La Réserve fédérale américaine pourrait procéder à une nouvelle baisse des taux plus tôt que prévu, en particulier si la tendance baissière des indicateurs d’inflation se poursuit, par exemple en raison de la diminution des loyers et de la baisse des coûts de financement pour les entreprises.

Lorsque les opérateurs commenceront à réaliser qu’une telle évolution est en marche, l’enthousiasme de la meute d’investisseurs sera difficile à contenir.

L’administration de Donald Trump continuera à accroître la pression sur les banques centrales américaines. Ce faisant, le nouveau président risque de provoquer une grande volatilité sur les marchés des changes et une forte perte de valeur du dollar américain, mais une attaque plus subtile pourrait inciter la Fed à se montrer plus accommodante. 

4 – Droits de douane : beaucoup de bruit pour rien ?

Le président nouvellement élu ne cache pas sa volonté d’utiliser l’augmentation des droits de douane comme massue. Dans la pratique, les conséquences économiques, telles que la pression salariale et l’inflation, peuvent cependant se retourner contre lui.

Seuls la Chine et un nombre limité de produits européens en subiront de plein fouet les conséquences. Les marchés européens surferont alors sur une vague de soulagement en 2025.

5 – Wout van Aert et Remco Evenepoel

Enfin, et pour terminer sur une note optimiste : en 2025, Wout van Aert et Remco Evenepoel seront miraculeusement épargnés par la malchance qui hante ces deux héros sportifs depuis des années. Pour le plus grand plaisir des Belges amateurs de cyclisme, ils enchaîneront les victoires dans les classiques de printemps, les petites courses par étapes et les grands tours, permettant aux habitants de notre petit pays d’oublier pour un temps leurs problèmes économiques croissants et leurs déficits budgétaires de plus en plus importants.

Stefan Duchateau est professeur et rédige des chroniques pour Investment Officer.

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